Filiale à 100 % du groupe Galeries Lafayette, Louis Pion – Royal Quartz s’illustre comme le leader de la distribution d’horlogerie de mode et de luxe en France. Rencontre avec son Directeur Financier, Henri Mabille (ESLSCA Paris 75), un professionnel du challenge qui met le chiffre au service des rêves et de la créativité d’une entreprise audacieuse.
Quels sont les principaux avantages de votre partenariat avec le groupe Galeries Lafayette ?
Avec pour volonté d’imaginer le retail de demain, dans le monde de l’horlogerie où la bataille de marques fait rage, le groupe Galeries Lafayette a souhaité développer un partenariat unique avec Louis Pion – Royal Quartz pour sa distribution horlogère. Au carrefour de la mode et du luxe, notre entreprise lui permet en effet de se développer sur ces deux marchés aux contraintes de distribution spécifiques. Désormais présent sur des lieux touristiques comme les grands magasins du Boulevard Haussmann ou les aéroports parisiens, le groupe touche ainsi une clientèle marquée par le tourisme, notamment celui venant des pays émergents friands du « made in Paris ». Ce partenariat ne s’arrête pas à la distribution et concerne également la gestion des services horlogers annexes, comme l’entretien des montres, dans lequel beaucoup de choses restent à faire. C’est en effet un domaine crucial et pourtant encore trop peu adressé par les indépendants de l’horlogerie. En tant que leader, nous avons un rôle à jouer dans ce domaine et il est certain qu’on entendra parler de nous à ce sujet dans les mois à venir.
Quelle place la Direction Financière occupe-t-elle chez ce prescripteur de tendances ?
Dans une entreprise guidée par les fluctuations de la mode, la Direction Financière ne peut plus être cloisonnée. Ses équipes doivent être polyvalentes dans l’âme et dans la pratique, être force de suggestion pour l’ensemble de l’entreprise et de ses activités. Nous sommes dans une entreprise moderne où les financiers doivent s’intéresser au commercial et inversement. En tant que DAF, mon rôle et ma place se redéfinissent donc sans cesse et se repositionnent en fonction d’autres priorités que le chiffre pur. Dans une philosophie participative, les Directions se mettent au service des autres dans une logique de compétitivité. Cette transversalité est fondamentale dans une société de retail où le service est une priorité.
« Faire de la finance,
ce n’est pas produire
du chiffre, c’est donner du sens à la vie
de l’entreprise. »
Le DAF n’est donc pas qu’un homme de chiffres ?
C’est une évidence : le DAF d’aujourd’hui est à l’opposé de cet archétype d’une autre époque ! Il est désormais résolument ancré dans le commercial et le marketing. Il a pris conscience que le chiffre en lui même n’est plus un but. Son objectif premier est désormais de s’adapter au regard de ceux qui ne possèdent pas sa culture du chiffre, de les écouter et de s’y adapter. C’est un homme de terrain qui va à la rencontre des opérationnels. Même si je n’y vais pas aussi souvent que je le souhaiterais, j’aime aller dans nos magasins pour comprendre pleinement le marché, apprécier au mieux les enjeux réels de l’entreprise et mettre pleinement mes compétences financières au service du commercial. Le DAF a donc profondément changé son rapport au chiffre. Il a conscience de la nécessité de le faire vivre auprès de ses interlocuteurs.
En quoi votre entreprise est-elle particulièrement adaptée à l’émergence de ce « nouveau DAF » ?
Il n’y a rien de plus ennuyeux que d’exercer des fonctions financières dans une entreprise qui ronronne. Le DAF a besoin de challenges et le défi, c’est du quotidien dans le groupe Galeries Lafayette ! Au cours de ma carrière, j’ai eu l’occasion de travailler dans des sociétés cotées en Bourse et force est de constater que le DAF n’y a pas la même latitude pour exprimer sa créativité et sa force de proposition. Dans de telles entreprises, on se focalise sur le cours, la prise de risque est très limitée, et toute stratégie moyen terme est difficile à mettre en œuvre. Au contraire, dans un groupe familial comme Galeries Lafayette, le DAF a du temps à consacrer au business, à l’élaboration d’une stratégie plus long terme, claire et audacieuse. Ici, on peut prendre des risques calculés, être pleinement aux côtés des commerciaux et les aider à embarquer l’entreprise dans leurs rêves.
Comment voyez-vous l’avenir du DAF ?
Je pense tout d’abord qu’il ne répondra plus au titre de Directeur Administratif et Financier. Pour correspondre à son nouveau visage, il serait sans doute plus juste d’employer la dénomination de Responsable ou d’Animateur du Pôle Organisation et Résultats. Cela permettrait de faire oublier ce côté 100 % chiffres qui nous colle à la peau alors même qu’il ne correspond plus à notre réalité. Il est d’ailleurs impératif que les étudiants souhaitant s’orienter vers une carrière dans la finance comprennent que pour y évoluer, la finance pure ne suffira plus. Ils ne seront plus des financiers mais des facilitateurs du changement. Les cycles économiques déjà rapides n’auront de cesse de se raccourcir à l’avenir et les entreprises auront par conséquent de plus en plus besoin d’adapter rapidement et efficacement leurs business models. Et s’il y a bien une personne à même de les y aider, c’est le professionnel de la finance. Reste à savoir ce qu’on entend par finance. Car il ne faut pas se tromper, ce n’est pas uniquement le front office, la banque ou les fusaqs. Faire de la finance, ce n’est pas produire du chiffre, c’est donner du sens à la vie de l’entreprise.
Instant RH – Les clés pour un début de carrière réussi dans la finance
Si un jeune diplômé souhaite s’orienter vers une carrière dans la finance et y prendre des responsabilités, il doit avant tout être motivé par la volonté d’apprendre à vivre, plus que par celle de devenir Directeur Administratif et Financier. Pour cela, rien de mieux que de tenter l’aventure de l’international et de débuter sa carrière par des missions courtes (3 à 4 ans) à l’étranger. L’idéal est de les effectuer dans des entreprises commerciales ou industrielles, car c’est là qu’on est face aux consommateurs et qu’on apprend vraiment les réalités du marché. Et même si les financiers ont tendance à se diriger vers les Etats-Unis ou la City, ils doivent désormais avoir le réflexe pays émergents (Chine et Inde notamment), car on a tout à apprendre d’eux dans le commerce et la négociation. De retour en France, ils doivent avoir l’ambition de trouver une entreprise qui leur laissera la liberté nécessaire pour exprimer tout ce qu’ils ont pu apprendre lors de leurs années d’expatriation. Cela peut être un grand groupe, mais aussi une PME. Pour preuve, aujourd’hui leader en France, Louis Pion – Royal Quartz a évidemment des velléités de s’étendre à l’international et a pour cela besoin de jeunes humbles, sans œillère ni trop de certitude, et qui n’ont pas peur de prendre leur bâton de pèlerin.
CW.
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eboulin@louispion.fr