UN REGARD, UNE VOIX, DE L’ÉLÉGANCE ET TOUTE UNE PALETTE DE TALENTS JOURNALISTIQUES FONT DE LUCIE NUTTIN UNE PRÉSENTATRICE PHARE DE BFMTV. L’AVENTURE A COMMENCÉ APRÈS L’OBTENTION D’UNE MAÎTRISE DE LETTRES MODERNES ET D’UN MASTER DE JOURNALISME À L’ICM DE GRENOBLE.
Quelle est la place des femmes en matière de postes de direction dans le monde des médias ?
Si l’on trouve de plus en plus de femmes dans les médias, notamment comme présentatrices à la télévision, très peu intègrent des postes de direction comme PDG ou responsable éditoriale. Malgré cette présence renforcée, les femmes occupent souvent les emplois les plus précaires (CDD, piges). Ayant une responsabilité importante vis-à-vis de la société qu’ils reflètent, les médias doivent faire évoluer les mentalités.
À quoi est dûe cette situation ?
Elle est liée à un ensemble de causes qui plongent dans une histoire très ancienne, ce qui incite les hommes à se coopter mêmes si les lois progressent, notamment en matière de quotas. Les femmes poursuivant des études de plus en plus tard, c’est au moment où leur carrière décolle qu’elles deviennent mères en n’étant pas toujours aidées au mieux pour trouver un équilibre entre vie professionnelle et vie familiale (places en crèche, partage des tâches domestiques, écarts de salaire…).
Comment régler ces problèmes ?
Il s’agit d’évolutions à la fois politiques et culturelles. Les femmes doivent s’investir elles-mêmes pour obtenir des changements significatifs. Il faut oser revendiquer davantage ses compétences et ses talents, même si ce n’est pas facile. En effet, dans l’inconscient collectif les hommes bénéficient toujours d’une autorité naturelle.
L’adaptation des journalistes aux évolutions technologiques est-elle complexe ?
La nouvelle donne médiatique se trouve liée au modèle économique. J’ai débuté comme JRI (journaliste reporter d’images) mais j’étais également rédactrice et monteuse pour mes propres sujets, tout en alternant avec le poste de présentatrice. Cette « quadri-qualification » correspond au modèle de télévision locale. Cette évolution repose également sur la technologie, l’appareillage télévisuel devenant beaucoup plus petit et maniable, ce qui permet de retransmettre en direct de nombreux événements. Les techniques et la rapidité d’information vont certainement encore évoluer, notamment à travers le développement des réseaux sociaux qui impliquent une réactivité en temps réel avec les téléspectateurs.
De quelle manière BFMTV traite-t-elle l’actualité ?
Priorité au direct ! La ligne éditoriale de BFMTV consiste à faire vivre l’événement en direct. Dès qu’il se passe quelque chose, nous sommes présents et très réactifs pour suivre l’actualité dans quelque domaine que ce soit, en multipliant les éditions spéciales, en déployant des envoyés sur place et en invitant des experts sur les plateaux.
Quels conseils donneriez-vous aux étudiantes voulant réussir dans le journalisme audiovisuel ?
Je leur conseillerais de se former par la pratique. Il est intéressant de commencer à travailler pendant le cursus scolaire pour faire des rencontres enrichissantes et multiplier les expériences afin d’affiner la voie que l’on a choisie. J’ai énormément appris en me frottant au terrain et en effectuant des tâches différentes. Une journaliste doit savoir être très volontaire et ne pas craindre de commencer en Province où l’on accède rapidement à des postes de responsabilités. S’il n’est pas nécessaire d’arriver avec un plan de carrière tout tracé, il faut saisir les opportunités qui se présentent en changeant de rédaction ou de média. Une étudiante doit avoir confiance en elle et se dire que tout est possible !
Patrick Simon