Jean-Michel Nicolle, Directeur d’EPF
Jean-Michel Nicolle, Directeur d’EPF

L’EPF, toute en stratégie

Jean-Michel Nicolle, Directeur d’EPF
Jean-Michel Nicolle, Directeur d’EPF

FONDEMENTS ET STRATÉGIE
Quelle est la philosophie générale de l’EPF qui sous-tend ses actions ?
Comment porter l’histoire d’une école dédiée pendant 70 ans à la formation scientifique des jeunes filles, afin qu’elle serve de base à une stratégie de différenciation dans le paysage de l’enseignement supérieur du nouveau millénaire ? Pour répondre à ce challenge, j’ai retenu que l’EPF était l’école des défis sociétaux. Fondation Reconnue d’Utilité Publique depuis 1991, elle poursuit sa mission de favoriser l’accès des jeunes filles aux formations toutes les actions collectives menées au niveau national et international. Désormais, notre engagement historique est porté sur de nouveaux territoires sociaux, l’accueil du handicap par exemple, et géographique comme la création en collaboration avec 2IE au Burkina-Faso, d’une classe préparatoire scientifique dans laquelle les étudiantes sont largement majoritaires.

Quels sont vos axes stratégiques prioritaires ?
Nous avons opté pour une offre qui valorise la mixité et un modèle pédagogique identitaire associé à des coopérations que nous déployons sur nos trois sites, à Sceaux, Troyes et Montpellier. Le premier axe consiste à diversifier la population étudiante de l’EPF en renforçant notre capacité d’intégration. Ainsi, nous visons un recrutement de 20 % de nos élèves en « admission parallèle » à différents stades du processus de formation. Ce type de sélection permet à des élèves de qualité d’accéder à notre diplôme à un coût proportionnellement plus faible. De plus, nos implantations régionales contribuent à rapprocher les élèves de leurs familles, tout en réduisant les frais d’hébergement souvent élevés en région parisienne. Mais la diversité c’est aussi 15 % d’élèves étrangers qui favorisent l’ouverture des esprits à d’autres cultures, ingrédient nécessaire à une formation d’ingénieur.

 

PÉDAGOGIE ET RECHERCHE
Le développement des enseignements à distance est-il à l’ordre du jour ?
Nous nous y employons naturellement car nos cursus de premier cycle licence sont strictement identiques sur les trois sites où nous mutualisons les ressources. Nous sommes dans une dynamique d’organisation et de déploiement technologique qui permettent d’offrir un accès généralisé des compétences réparties sur chacun des sites à l’ensemble des parties prenantes. Par exemple, dans le cadre de l’apprentissage du français langue étrangère, nous collaborons avec 11 écoles d’enseignement supérieur scientifique (Télécom ParisTech, Mines ParisTech, ESTP etc.) pour déployer une formation en ligne spécialement conçue pour permettre à des étudiants non francophones d’accéder à la formation dans les écoles partenaires. Mais au-delà de ce dispositif, nous développons des modules pédagogiques en ligne qui accompagnent nos enseignements présentiels avec le souci de permettre un accès des ressources, notamment aux élèves présentant un handicap. Dans ce champ permettront de mutualiser les coûts souvent élevés.

 

« La diversité
est notre richesse »

Que représente concrètement la notion « culture recherche » ?
La culture recherche est l’un des axes de différentiation de la formation de l’EPF. Nous avons réalisé des investissements humains et matériels importants pour développer une dynamique scientifique forte au sein de notre projet éducatif. Le rattachement de l’EPF à l’Université de Technologie de Troyes, la contractualisation avec l’Etat mais aussi la forte mobilisation de l’UGEI (Union des Grandes Ecoles Indépendantes) à laquelle nous appartenons, accompagnent notre engagement. Ainsi, le recrutement d’un directeur de la recherche et de l’innovation, l’accentuation de notre politique de recrutement d’enseignants- chercheurs et la constitution d’équipes de recherche distribuées sur les trois sites en coopération avec des laboratoires universitaires de grande qualité traduisent notre volonté de nous inscrire dans les dynamiques scientifiques territoriales (par exemple eau, énergie et environnement à Montpellier, habitat durable, matériaux et sécurité des systèmes d’information à Troyes). Nous sommes convaincus qu’il y a un bel avenir pour nos ingénieurs-docteurs.
Nous mettons en oeuvre un parcours recherche au sein de nos formations en proposant des activités obligatoires
– la recherche est l’une des compétences de notre référentiel
– et facultatives pour les élèves qui souhaitent approfondir cette perspective. Les partenariats que nous initions sur chacun des sites devraient nous permettre d’augmenter sensiblement le nombre d’ingénieurs EPF qui poursuivent leurs études en thèse pour valoriser leur carrière professionnelle.

 

RELATIONS EXTÉRIEURES
Les nombreuses relations que vous entretenez à l’international pourraientelles encore évoluer ?
Nous favorisons les coopérations qui apportent de la valeur à la formation d’ingénieur généraliste de nos élèves. De plus, l’expérience internationale est une des facettes de la « mobilité », l’une des compétences de notre référentiel. Elle suppose que les élèves appréhendent un territoire différent, qu’ils y développent une capacité de résilience et adhérent à un nouvel environnement social, organisationnel et scientifique. Aujourd’hui nous proposons une offre de doubles-diplômes sur plusieurs continents ainsi qu’un véritable diplôme conjoint avec notre partenaire privilégié, la Hochschule de Munich.

Envisagez-vous des alliances, voire des regroupements avec d’autres écoles ?
Je considère que l’avenir nécessitera plus de coopération, en particulier entre les établissements associatifs privés et les établissements publics. Plusieurs modèles émergent mais il est essentiel, pour que de véritables synergies soient créées, que l’identité juridique et culturelle des partenaires soit préservée. Nous défendons un modèle de formation généraliste, une posture qui peut limiter le champ des alliances globales mais nous avons déjà opéré des coopérations, notamment au sein de l’UGEI. Le Concours Avenir pour mutualiser le recrutement post-Bac ou encore l’ouverture d’un cycle préparatoire réservé aux bacheliers STI2D, en association avec deux autres écoles d’ingénieurs, l’EIGSI La Rochelle et l’EISTI Cergy et Pau constituent des exemples. Nous menons une réflexion, aujourd’hui très avancée, en particulier avec l’ESC Troyes pour proposer thème « Entrepreneuriat et Innovation ». D’autres partenaires sont pressentis pour rejoindre ce projet.

 

POSITIONNEMENT
Pouvez-vous encore progresser dans les classements, de quelle manière ?
Si nous sommes relativement bien classés, notre « classement » ne reflète pas les progrès importants réalisés, en particulier en matière d’investissement et de recherche, depuis 3 ans. Malgré un contexte budgétaire très pénalisant, en particulier pour les établissements associatifs, nous restons déterminés à poursuivre nos efforts.

 

L’ENTREPRENEURIAT
Comment l’entrepreneuriat est-il intégré aux formations de l’EPF ?
A l’EPF, si la formation vise une intégration rapide, pour une grande majorité des diplômés, dans la vie professionnelle, nous avons proposé de nouvelles perspectives. Une ouverture vers la recherche et plus récemment la diffusion d’une culture de l’entrepreneuriat doivent permettre à tous les talents de bâtir un projet professionnel qui soit en cohérence avec son projet. Si la nouvelle orientation « entrepreneuriat et innovation » que nous créons en fin de cursus permet d’offrir un cadre original de formation, la Junior entreprise, la création d’association ou encore la détection et l’accompagnement de toutes les initiatives contribuent à créer une dynamique favorable à l’engagement des élèves. L’esprit d’entrepreneuriat doit souffler chez chacun de nos ingénieurs. Nous voulons que nos diplômés libèrent leur intelligence au profit du progrès dans le respect d’une économie durable.

Etes-vous partie prenante de l’EPF Projets, la Junior-Entreprise de l’EPF ?
Nous sommes partie prenante de cette association mais à la demande des élèves. Il me semble important qu’elle agisse en responsabilité. Nous pouvons être commanditaires, accompagnateur ou entremetteur pour leur permettre de bénéficier de nos réseaux. Les progrès importants réalisés depuis 4 ans par EPF Projets ne sont que le juste retour de leur engagement responsable. Je suis personnellement fier du travail réalisé.

 

LES GRANDS MÉTIERS DE L’EPF
20 % de nos élèves choisissent le secteur de l’énergie et de l’environnement (traitement des déchets, recyclage des produits). Ils intègrent les bureaux d’études, les centrales nucléaires et diverses activités internationales à partir de plusieurs formations dont une dispensée exclusivement en anglais. Tous les domaines de l’énergie sont concernés, notamment le nucléaire, les énergies conventionnelles et les énergies renouvelables. Le génie civil constitue le second réservoir de recrutement de nos diplômés. S’ils intègrent ce  avec une vision généraliste globale, ils travaillent sur des spécialités : structures, matériaux, conception de systèmes qui porteront des bâtiments. Ils occupent des  recherche à l’ingénierie et au pilotage de projets, sans oublier le travail en bureaux d’études et dans les cabinets conseils. Le domaine aéronautique et spatial leur permet de travailler sur des structures d’avions, sur des moteurs, sur des systèmes d’information et sur des projets situés en amont. Ils utilisent des outils de conception qui leur permettent d’imaginer de futurs produits ou de participer à la conception et à la réalisation de projets plus vastes. Nous formons également des ingénieurs commerciaux. Enfin, des entreprises comme L’Oréal recrutent nos élèves dans le cadre de formations logistiques transversales

 

Patrick Simon