Aujourd’hui, le métier de DAF demande d’avoir vraie vision stratégique pour son entreprise, en prenant en compte sa bonne santé financière… mais pas seulement ! Les questions de data, de RSE et de développement durable font également partie de son portefeuille. – Par Marine Delcros
« Le DAF à l’ancienne était vu comme un cost killer, à la recherche du moins coût. Aujourd’hui, il est le bras droit direct du dirigeant, celui qui va apporter ses conseils, sa vision technique, administrative et chiffrée de l’entreprise », introduit Philippe Castelnau, Directeur du département Droit, Économie et Finances à IMT-BS. En ligne de mire ? Apporter une vision sur les objectif stratégiques que va être amené à développer le dirigeant.
Des choix technologiques dans son portefeuille
Et avec ce rôle bien plus stratégique, le DAF se voit confronté à de nouveaux enjeux. D’abord, celui de prendre en compte une donnée essentielle : la data. « Cela implique d’avoir des connaissances pointues pour faire les meilleurs choix technologiques possibles, explique Philippe Castelnau. C’est un réel tsunami d’informations à prendre en compte avec du recul, à assimiler et à traiter pour en sortir des recommandations ». Pour cela, il est impératif pour le directeur financier de s’entourer d’une équipe d’experts.
Allier rentabilité et RSE
Deuxième problématique pour le DAF : intégrer dans ses prorogatives, des critères extra-financiers, comme la RSE et la finance verte notamment. « Elle peut être intégrée de plein de manières différentes, en fonction de si l’entreprise est cotée en bourse ou pas, par exemple ». Dans tous les cas, la réflexion est la suivante : quels investissements choisir pour allier rentabilité et RSE ?
Le rôle du DAF est en effet d’apporter la certitude qu’un investissement « vert » ne soit pas fait en dépit du bon sens. « Certaines études disent que les entreprises qui intègrent la RSE et le développement durable sont plus rentables que les autres. D’autres, que ça n’a pas d’impact, expose Philippe Castelnau. Une chose est sûre, à partir du moment où on intègre la RSE et le développement durable dans les actions décisionnelles, on part dans une réflexion sur le long terme, de 15 ou 20 ans. Cela fait toute la différence sur la rentabilité de l’entreprise. Elle sera plus saine et pourra plus facilement trouver les capacités à surmonter les écueils dans des situations de crise par exemple. »
Le secteur bancaire est-il vert ?
Elle représente toutes les actions et opérations financières qui favorisent la transition énergétique et la lutte contre le réchauffement climatique. La finance verte commence depuis quelques années à se placer sur le devant de la scène, notamment depuis la COP21 de 2015. « Il y a eu une prise de conscience dans la société civile et dans les entreprises des problématiques liées au climat, introduit Adrien Nguyen-Huu, maître de conférences à l’université de Montpellier. Après l’élection de Donald Trump, Emmanuel Macron a lancé le One Planet Summit et les banques ont rapidement été mises en avant, avec l’objectif de transférer l’épargne vers l’économie verte ». En 5 ans, la question climatique est devenue une partie intégrante à considérer dans la transformation du système financier.
Du côté des particuliers, la prise de conscience est encore difficile à voir aujourd’hui dans les actes d’investissement bancaires, selon Adrien Nguyen-Huu. « Les ménages ne cherchent pas vraiment à investir en fonction de critères environnementaux même si ces derniers peuvent influencer certains choix », décrypte-t-il. « La mission des acteurs de la finance verte va alors être de chercher à réconcilier, d’un côté les projets verts qui sont de plus en plus nombreux et qui ont besoin de financement, et de l’autre les ménages qui ont une épargne importante, d’autant plus depuis la crise de la Covid-19 ».