Etre légitime et reconnue pour vos compétences techniques dans un milieu très masculin. Etre mère et faire carrière. C’est le défi que vous propose de relever, comme elle, Karima Drissi (Université Paris –Saclay 98),Chief Information Officer de GRDF.
«Principal gestionnaire de réseau de distribution de gaz en France, GRDF distribue le gaz à plus de 11 millions de clients et conçoit et entretient le plus grand réseau de distribution d’Europe ( près de 200 000 km) dans plus de 9 500 communes » introduit Karima Drissi, Chief Information Officer de GRDF. « Sa stratégie est ancrée au cœur de la transition énergétique et se traduit par une profonde transformation baptisée « Troisième révolution gazière », qui consiste à passer progressivement de la distribution de gaz fossile à 100 % de distribution de gaz renouvelables. » Cette transformation se fera en deux grandes étapes : la première, déjà en cours, est le développement du biométhane. La deuxième, prévue à partir de 2030-2035, est basée sur l’intégration dans les réseaux de gaz comme l’hydrogène et le méthane de synthèse, dits de « seconde génération », encore au stade de recherche en France mais pleins de promesses. Pour réussir cette transformation, GRDF s’appuie sur un programme industriel et de RD structuré, et bénéfice de la mobilisation de nombreuses parties prenantes (industriels, collectivités locales, secteur agricole, ONG, centres de recherche).
Les jeunes, notre avenir
« Les jeunes générations sont beaucoup plus concernées par les enjeux de transition énergétique que nous ne l’étions. Et elles estiment d’ailleurs que nous n’allons pas assez vite. Les jeunes sont notre avenir. Leur engagement vis-à-vis de l’environnement est précieux pour nous, tout comme leur goût pour l’innovation et leur volonté d’aller plus loin, afin de trouver de nouvelles solutions disruptives qui repoussent les limites. »Et d’ajouter,« il nous faut trouver des solutions inédites, ce qui signifie rechercher, analyser et expérimenter. Un parfait projet pour un ingénieur ! » Convaincu d’avoir une responsabilité dans la formation des jeunes, GRDF développe ainsi une politique forte autour de l’apprentissage, de l’alternance et des stages.
Une carrière fruit de l’expérience
« Si je suis aujourd’hui DSI de GRDF, c’est parce que la somme de mes expériences précédentes ont fait qu’un jour, je suis devenue légitime pour ce poste. » Titulaire d’un DESS informatique, Karima Drissi a fait le choix de commencer sa carrière en enchaînant des missions très techniques au sein d’une SSII durant six ans, avant de rejoindre la RATP. « Ces 14 années m’ont permis d’asseoir mes compétences techniques et de management, mais aussi de savoir naviguer dans des organisations complexes. Cette période a également accentué mon plaisir d’exercer mon métier, en me donnant la conviction qu’une DSI doit avoir un rôle central dans l’accélération des transformations d’une entreprise. » Une conviction qui lui est aujourd’hui très utile dans le cadre de la transformation gazière de GRDF. « Plus que tout autre secteur, l’IT évolue à chaque instant. Il faut se mettre en situation d’apprentissage en permanence. Cela fait 23 ans que je travaille et 23 ans que j’apprends. Je suis ainsi plus à même de comprendre les difficultés de mes équipes. »
Le SI, véritable levier de performance
Chez GRDF, le Système d’Information rassemble des outils cartographiques de géolocalisation, des outils de surveillance du réseau, de maintenance assistée par ordinateur, de relevé de consommation, des outils mobiles pour les techniciens sur le terrain, des solutions digitales pour la relation client… sans oublier les dispositifs de cybersécurité. « Le SI de GRDF constitue un moyen pour les équipes métiers de s’interroger en utilisant la datascience au sein de notre DataLab. En parallèle, notre fabrique numérique permet d’innover et d’expérimenter des idées avant l’industrialisation. » Rejoindre la DSI de GRDF, c’est donc travailler en interaction avec les métiers en fonctionnant comme un business partner autour de nombreux enjeux : systèmes cœur métier, innovation, datascience, IOT, intelligence artificielle… « Sur les cinq prochaines années, nous allons procéder au renouvellement en profondeur de tout cet écosystème. Notre SI de demain devra être évolutif, robuste et interconnecté… un défi passionnant ! »
La légitimité technique avant tout
Si Karima Drissi admet que le monde du SI reste très masculin, elle reconnaît aussi que le monde de la tech est finalement très peu macho. « J’ai rarement ressenti une volonté de me rabaisser ou de me remettre en cause parce que j’étais une femme. » Elle est ainsi persuadée que dans son métier, la légitimité se gagne par l’expertise. « Interagir dans le monde de l’informatique, c’est parler ce langage commun qui nous est propre. Cela fait plusieurs années que je dirige des équipes d’hommes. Grâce à ma légitimité technique, j’ai toujours été respectée dans mes décisions. » Néanmoins, on ne compte aujourd’hui que 25 % de femmes au sein des DSI dans les entreprises françaises. « Et encore, ce sont principalement à des postes d’assistance à maîtrise d’ouvrage, très peu dans les missions hyper techniques (infrastructure, développement logiciel…) qui représentent pourtant 65 % de l’activité d’une DSI » regrette-t-elle. « Pour moi, le levier principal de l’égalité, c’est l’éducation : ce qu’on dit aux filles, la manière dont on les pousse vers telles ou telles études… Les jeunes femmes représentent à peine 30 % des effectifs des écoles d’ingénieurs. Il y a un vrai sujet d’orientation des filles : nombreuses dans les filières de médecine, biologie ou chimie, elles sont encore trop frileuses à se diriger vers l’ingénierie. » Et de se rappeler : « mon papa me disait petite qu’il rêvait que je devienne ingénieur. J’avais à peine six ans et j’ai grandi avec cette aspiration que mon père avait pour moi, il est clair que ça a compté. »
Faire rimer carrière avec mère
« Mais il ne faut pas négliger les freins que les femmes se mettent elles-mêmes. Souvent, elles culpabilisent quand elles sont en congés maternité, quand elles doivent partir tôt pour rentrer chez elles le soir. Elles s’interdisent les postes à forte responsabilité ou à forte expertise… Moi je le dis clairement, mes enfants sont une priorité non contestable. Etre mère n’est pas incompatible avec ma carrière. Je n’ai aucun complexe et j’assume les deux rôles. » Forte de son parcours, Karima Drissi est sponsor du programme « Boost’Her » au sein de GRDF pour accompagner les femmes à potentiel vers des postes de dirigeantes. D’ores et déjà, le groupe peut s’enorgueillir de compter des femmes aux postes de Directrice générale, de Directrice des Travaux, de directrice de la Stratégie et de DSI. « A la base, j’étais contre les quotas. Mais tant que nous n’aurons pas obtenu une véritable égalité, cela ne se régulera pas « naturellement ». Quand il y aura autant de femmes que d’hommes qui décideront dans une entreprise, alors à ce moment-là, les quotas deviendront accessoires ».Et de préciser : « ce n’est pas un combat contre les hommes mais pour une égalité entre nous tous. Et les hommes sont des alliés qui comptent. »
Mon conseil aux filles
« Faites preuve d’audace, supprimez tous les freins imposées ou suggérés. Inspirez-vous de celles qui ont osé. Imposez-vous la liberté de postuler, de négocier, de ne pas vous laisser envahir par la timidité quand on parle responsabilité ou salaire.»
Le chiffre
25 % de femmes au sein des DSI dans les entreprises françaises.
GRDF recrute 50 ingénieurs en 2021
Après avoir recruté 100 personnes sur 2019 et 2020, la DSI de GRDF ouvre 50 nouveaux postes en 2021 et autant sur les années à venir pour faire face à ses enjeux de transformation et construire le SI de demain. Datalab, IA, cybersécurité, digitalisation, GMAO… il y en a pour tous les goûts ! Les softskills recherchées ? Exigence, engagement, passion et envie, innovation.
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