Apparu sur terre voici une quarantaine d’années, le microcrédit se pratique sur toute la planète. Avec à chaque fois ce même objectif d’aider des populations n’ayant souvent pas accès à l’aide bancaire. Il est pourtant bien difficile de tirer aujourd’hui encore un véritable bilan de cette pratique.
Lancé au Bangladesh sous l’impulsion de Muhammad Yunus qui voulait aider les pauvres et particulièrement les femmes à développer de petites activités économiques, le microcrédit est devenu une technique financière quasi universelle jusqu’à compter en 2008 environ 80 millions de « clients ». Avec des succès fulgurants dans de nombreuses régions du Tiers Monde mais aussi en Europe et surtout en France où la pratique est apparue en 1989 avec la création par Maria Nowak de l’Adie – Association pour le Droit à l’Initiative Economique. « La France est incontestablement le pays développé où le microcrédit a le mieux fonctionné, confirme Arvind Ashta, titulaire de la chaire en Microfinance de l’ESC Dijon-Bourgogne… Mais il est difficile de crier au succès. Dans les pays riches, les prêts au groupe ne marchent pas. Or il s’agit du fondement même du microcrédit. Il faut donc pratiquer des prêts individuels, dont l’encadrement est plus complexe. » Bilan mitigé donc, même si les organismes spécialisés dans cette pratique se voient très sollicités par les créateurs d’entreprise. Ainsi l’Adie a-t-elle accordé pour sa part plus de 12 000 microcrédits en 2010 pour plus de 10 000 entreprises effectivement créées. En 2010 toujours, l’Adie comptait 27 506 clients actifs. Montant du prêt moyen : 2500 euros.
Peu d’études et des interprétations contradictoires
«Même dans les pays en voie de développement, il est difficile de dresser un bilan positif ou négatif du microcrédit, sourit Arvind Ashta. Peu d’études ont finalement été menées et elles ne sont même pas d’accord entre elles…»
Dans un certain nombre de cas, reconnaissons au moins la réussite du principe. Selon Isabelle Demay, directeur des relations entreprises au sein de la chaire dijonnaise, « on a tout de même vu en Afrique de l’Ouest de nombreuses personnes incapable d’être bancarisées parce que sans ressources et illettrées parvenir à ouvrir un petit commerce grâce à l’échoppe de microcrédit située à côté de chez elles. Pour des pays vraiment très pauvres, la formule est extraordinaire. »
Mais s’il faut raisonner globalement, les conclusions sont plus difficiles à tirer. Parce que le bilan que l’on dressera d’une opération de microcrédit ne pourra être totalement abstrait d’un contexte géographique et économique très complexes qui rendent l’interprétations de chiffres ou d’événements extrêmement aléatoires.
Selon Arvind Ashta : « Des femmes indiennes qui vivaient près de New Delhi m’ont expliqué devoir au microcrédit quelques éléments très concrets comme d’avoir appris à signer un document, ce qui est fondamental puisqu’elles sauront désormais contracter. Par ailleurs, elles pourront désormais financer leur famille et non pas seulement dépenser. Voilà au moins des acquis importants. »
De grandes institutions florissantes
Toujours est-il que l’avenir du microcrédit est assuré… Certaines grandes institutions indiennes ou latino-américaines comptent ainsi plusieurs millions de clients pour une situation florissante… Selon Arvind Ashta, « certains affichent des valeurs boursières en millions voire en milliards de dollars et croyez-moi, elles n’ont aucun mal à lever des fonds. »
A.T.
La Chaire en microfinance à l’ESC Dijon-Bourgogne
Fondée voici deux ans, la chaire en microfinance de l’ESC Dijon-Bourgogne travaille sur deux principales thématiques : tout d’abord les aspects institutionnels prévalant dans les pays où le microcrédit est pratiqué – lois, coutumes, sociologie etc. –, ensuite la technique pour proposer du microcrédit encore moins cher. Parmi ses partenaires, l’Adie ou encore PlaNet Finance.
Contact : www.adie.org
www.lamicrofinance.org