Arts appliqués, cinéma, photo, informatique, communication, marketing ou écoles d’ingénieurs : les formations privées ne cessent de se développer, rendant plus complexe l’offre de formations post-bac. Avec le risque également pour les étudiants de passer à côté de formations de qualité. Alors comment reconnaitre une vraie business school ? Eclaircissements avec Delphine Manceau, directrice de NEOMA BS et Présidente de la commission communication et lobbying de la CDEFM.
Le contexte. Ces dernières années, l’enseignement supérieur connait un phénomène de libéralisation avec un nombre important de nouveaux acteurs qui sont apparus sur le marché, rendant parfois l’offre illisible aux lycéens et leurs familles qui se préparent à faire leur choix d’enseignement post-bac. Il est alors important d’avoir les bonnes clés de compréhension pour faire un choix éclairé. « Dans le domaine de la formation, il y a deux types d’institutions : celles rattachées au ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche (MESR) qui délivre des visas et grades reconnus (universités, grandes écoles, formations du supérieur type BTS, DUT, etc) et des formations ou organismes appelés aussi officines privées qui délivrent des titres RNCP – à l’origine destinés aux entreprises – et qui dépendent du ministère du Travail » pose Delphine Manceau. Aujourd’hui, 200 écoles de commerce proposent des titres RNCP, soit trois fois plus que les écoles reconnues (visées et/ou gradées) par la CEFDG/MESR.
Pourquoi ce boom ? L’augmentation du nombre d’officines privées peut s’expliquer notamment par le développement de l’apprentissage et le financement public de ces formations en apprentissage, permettant à des groupes privés de se développer énormément. Il est également possible depuis quelques années, non seulement de délivrer ses propres titres RNCP mais aussi de les louer à quelqu’un d’autre.
Pourquoi cela pose problème ? Les règles fixées par les deux ministères ne sont pas du tout les mêmes. Exemple, pour être reconnues par le ministère de l’Enseignement supérieur, les écoles doivent avoir une équipe pédagogique constituée en majorité de professeurs permanents, dont le métier principal est d’enseigner, avec des conditions en termes d’activité de recherche ainsi que la mise en place de tout un environnement d’accompagnement de l’étudiant (réussite, international, vivre-ensemble, lutte contre les VSS…). A contrario, les formations qui délivrent des titres RNCP font appel à des intervenants professionnels, sans activité de recherche. Une souplesse et une liberté d’actions que n’ont pas les écoles certifiées par le ministère de l’Enseignement supérieur. « Les institutions à reconnaissance du ministère de l’Enseignement supérieur sont vraiment un gage de qualité, avec des professeurs qui consacrent leur temps à la pédagogie, même si les équipes pédagogiques sont également constituées de professionnels. Cela témoigne de l’investissement d’une école dans ses programmes. »
Si la confusion est grande c’est aussi que ces deux mondes ne sont pas étanches. « Certaines grandes écoles et universités reconnues par le ministère de l’Enseignement supérieur font aussi de l’apprentissage, par exemple. »
Dans cette situation, comment s’y retrouver ? « Il faut impérativement regarder si l’école est rattachée au ministère de l’Enseignement supérieur. Petite astuce : si l’école visée n’est pas dans Parcoursup, c’est certain qu’elle n’est pas reconnue par l’enseignement supérieur, explique Delphine Manceau. Certaines de ces écoles en font même un argument marketing : elles se disent très agiles car, ne passant pas par Parcoursup, elles donnent une réponse très rapide aux candidats. Or il est important que les familles comprennent que si Parcoursup peut paraitre contraignant, c’est le gage d’un diplôme reconnu et de qualité. » Certains étudiants font aussi le choix d’aller vers ces écoles pour l’apprentissage. Pour Delphine Manceau, c’est encore une fois une erreur. « Il est capital d’accorder aussi de l’importance à l’école qu’on rejoint car le diplôme compte également. »