Pas trop loin, pas trop petit, pas trop cher. C’est le combo idéal pour tous les étudiants à la recherche d’un logement. Mais ces derniers finissent vite par déchanter car chaque année, c’est le même refrain : trouver un chez-soi est une galère sans fin. Les chambres du CROUS sont réservées aux bénéficiaires d’une bourse, les studios sont pris d’assaut et les prix des appartements exorbitants. C’est souvent le parcours du combattant. Et pour cause, le marché immobilier est plus que saturé et le nombre d’étudiants en hausse ces dernières rentrées. Un casse-tête qu’il faut absolument résoudre. Le gouvernement français prévoit donc 60 000 nouveaux logements étudiants d’ici 2022. Grandes écoles et universités se mobilisent aussi à leur échelle. Pas question de laisser tomber leurs élèves ! Comment ? Etats des lieux.
La salle ne désemplissait pas et la file d’attente s’étendait même le long du couloir. Le 10 septembre 2018, le Welcome Desk de la Cité internationale universitaire de Paris a ouvert ses portes pour la 16ème année consécutive. Cette plateforme d’accueil multiservice accueille tous les étudiants et chercheurs en mobilité, provinciaux et internationaux. Ils peuvent ainsi trouver, au même endroit, toutes les infos pratiques et l’aide nécessaire pour vivre en région parisienne dans les meilleures conditions. CROUS, CAF, Pôle Emploi, ADIL75 … Tous présents pour filer un coup de main aux nouveaux arrivants. Le besoin le plus récurrent ? Chercher un logement.
La rentrée des étudiants et chercheurs internationaux « Welcome Desk Paris 2018»
Trouver un toit
Ce sujet brûlant enflamme tout le monde ; à raison car le bilan est prégnant, voire inquiétant. « Les étudiants viennent en grande majorité pour savoir où ils peuvent dormir sur Paris. Beaucoup arrivent dans la capitale sans avoir de toit. Ils n’ont aucune famille dans le coin et des difficultés à obtenir un appartement par les voies classiques. C’est un vrai problème », déplore Khadim, agent d’accueil au Welcome Desk.
Souvent ils demandent comment obtenir une chambre à la Cité internationale universitaire de Paris. Ce grand campus, au milieu d’un parc, divisé en une quarantaine de maisons, avec tous les services de la vie étudiante (équipements sportifs, restaurants, bibliothèque, théâtre …), accueille chaque année 12 000 étudiants et chercheurs de 140 nationalités différentes. Une sorte de village, un bout de verdure au milieu du béton, où l’on fait le tour du monde en quelques pas. « Ce que j’adore ici c’est le melting pot. Par exemple, nous organisons dans notre maison ce que nous appelons un « speed fooding » : de table en table, chacun fait découvrir un plat de son pays. Grâce à ces moments de partage, j’ai fait des rencontres improbables et aujourd’hui je me sens épaulée comme si j’avais trouvé une famille ici », témoigne Yasmine, originaire d’Algérie et logée dans la plus ancienne des maisons, la Fondation Deutsch de la Meurthe. Depuis sa création en 1925, la cité internationale est au service des universités mais aussi des grandes écoles de toute l’Ile-de-France. A ne pas confondre avec les cités universitaires du CROUS, celle-ci est une fondation privée reconnue d’utilité publique, gérée par la Chancellerie des universités de Paris. Ce pourquoi, on l’appelle le « campus des universités ».
Offrir le gîte
Et pourquoi pas aussi le couvert ! Plusieurs établissements de l’enseignement supérieur s’y engagent. Première solution : nouer des partenariats avec des résidences étudiantes. Outre les CROUS, déjà pleins à craquer, certains n’ont pas hésité à devenir partenaires réservataires de cette fameuse cité internationale. Cet accord consiste à réserver un accueil et un hébergement à leurs chercheurs et étudiants. C’est le cas des écoles de ParisTech, l’institut des sciences et des technologies de Paris, qui peut loger les siens dans quatre maisons, dont la Maison des élèves ingénieurs Arts et Métiers et la Maison internationale AgroParisTech. De même pour la ComUE Sorbonne universités qui a signé en 2015 un dispositif de réservation de 170 chambres sur 10 ans. « Nous entretenons des relations privilégiées avec plusieurs institutions pour garantir le confort de leurs étudiants », explique Carine Camby, Déléguée Générale de la Cité internationale universitaire de Paris. « En cela, s’il y a partenariat, l’admission sur le campus est facilitée. » Les places restent cependant limitées, même si 1 800 nouveaux logements devraient être construits sur ce campus très prochainement.
C’est pourquoi, une poignée d’écoles et universités décident de construire leur propre résidence à quelques pas de leur campus. Pour l’université Paris-Dauphine, c’était primordial que ses élèves n’aient pas à se soucier de trouver un pied-à-terre et se concentrent sur leurs cours. Le projet : une résidence étudiante, combinée à un hôtel et des locaux de bureaux, en plein cœur de Saint-Ouen-Sur-Seine. Parfait quand on sait que 58 % des étudiants préfèrent être à proximité du campus quitte à être à l’écart du centre-ville (enquête Harris Interactive pour la Chaire Immobilier et Développement Durable de l’ESSEC). Au total, 190 lits à la fin de l’année 2019. « Notre objectif est, à terme, d’offrir 1 000 lits pour faire face à un marché immobilier parisien et francilien très tendu. Nous souhaitons ainsi pouvoir accueillir, dans d’excellentes conditions, les étudiants étrangers qui font le choix de Paris-Dauphine, et accompagner les étudiants qui disposent d’un budget limité dans leur recherche de logement », précise Isabelle Huault, Présidente de l’université Paris-Dauphine.
Habiter sur le campus
La meilleure solution reste encore celle-ci. Quel autre habitat naturel pour l’espèce estudiantine que son campus ! A deux pas des cours, à deux pas de tout. A HEC Paris, c’est une tradition. Avoir un grand campus résidentiel « à l’américaine », c’est dans son ADN : c’est ce qu’affirmait le Général de Gaulle dans son discours d’inauguration du campus le 9 juillet 1964, à Jouy-en-Josas. Depuis, l’école de commerce est restée fidèle à cet esprit, en continuant à investir régulièrement pour développer sa capacité d’accueil (+300 en 2018 par rapport à 2008). Un environnement en constante effervescence qui présente de nombreux avantages pour les étudiants.
A Polytechnique, les X ont tous une chambre sur le campus, un « casert », en référence à cette période de casernement. « C’est super d’être en internat malgré ce que l’on peut croire. La cohabitation avec les autres renforce les liens et du coup, on a plus envie de s’investir dans la vie associative et la vie de l’école », se ravit Laura, venue de Bulgarie pour étudier dans la prestigieuse école d’ingénieurs. Noémie, étudiante à IMT Mines Albi, est totalement d’accord : habiter le campus c’est bon pour le moral et la vie sociale. « Vivre avec les gens de sa classe crée une bonne entente en cours mais aussi en dehors. C’est bien lorsqu’on arrive et qu’on ne connaît personne. »
En plus de la proximité et de la bonne ambiance, c’est une vraie aubaine sur le plan des équipements et du prix. Economies garanties. Le loyer de ces logements étudiants est parfois trois fois moins cher que sur le marché immobilier privé. Sans compter les frais d’agence et le mobilier à acheter. « C’est un souci en moins pour les étudiants comme moi qui arrivent d’une autre ville. On évite de se prendre la tête côté argent et pas besoin de faire 10 ans de recherches », estime Chahine Litim, en première année à l’EIGSI La Rochelle. « Il y a tout ce qu’il faut : lit, bureau, kitchenette, salle de bain privée … Ça vaut carrément le coup par rapport à des appartements à prix démesurés avec toilettes sur le palier ! » « Aucune pression ! Je n’ai eu qu’à cocher la case « oui » à la question « souhaitez-vous un logement ? » sur mon dossier d’inscription. Ça fait plaisir de sentir que l’école nous simplifie les démarches », surenchérit Noémie.
Favoriser le bien-être
Habiter quelque part pour celui qui habite c’est pas toujours un hasard, pour paraphraser Maxime Le forestier. Grandes écoles et universités l’ont bien compris. Elles sont de plus en plus sensibles à cette problématique qui peut biaiser la volonté de certains bacheliers de se lancer dans le Sup’. Au point que la direction de l’université de Bordeaux s’est vue dans l’obligation de demander à son personnel d’héberger quelques étudiants sans logement. Mais le couchsurfing chez les profs n’est pas très tentant pour ceux dont c’est souvent la première expérience de décohabitation. C’est pourquoi, dans les années à venir, les bâtiments du CROUS seront réhabilités, les partenariats avec les acteurs immobiliers renforcés et les résidences étudiantes bourgeonnantes un peu partout. Après avoir fait de la réussite scolaire et professionnelle des étudiants son objectif principal, garantir de bonnes conditions de vie étudiante est devenu primordial.
Ce bien-être passe aussi par le niveau de confort prodigué. « Nous faisons tout pour chouchouter nos étudiants qui habitent le campus en leur offrant un service optimal. Les logements sont bien entretenus et s’ils ont le moindre pépin, ne serait-ce qu’une ampoule qui ne fonctionne pas, ils peuvent compter sur nous », assure Jean-Pierre Solé, chef du département infrastructures et logistique de l’IMT Mines Albi. Etre aux petits soins des étudiants, la belle affaire car ce n’est pas pour leur déplaire. Home sweet home.