Deux élèves de NEOMA BS – campus de Reims, Grégoire Gloriod, Président de l’association NEOMA Entrepreneurship Club en 1A du Parcours Associatif Etudiant (PEA) du Programme Grande Ecole et Zahrae Abida, en 2A du programme TEMA, ont relevé le défi lancé par la Rédac : poser leurs questions à la directrice de leur école. Sa vision, son coup de cœur pour NEOMA BS, son quotidien de Dean… la DG Delphine Manceau, a abordé tous les sujets sans langue de bois à l’occasion d’un déjeuner convivial. Morceaux choisis.
Comment va NEOMA BS en cette rentrée particulière ?
Nous avons débuté sur une répartition des cours à 60 % présentiel et 40 % distanciel, une semaine sur deux. Nous avons distingué les élèves par programme et par année afin que toute une promo soit là en même temps. Dès que nous pourrons passer en 100 % présentiel, nous le ferons bien sûr. Mais en attendant, nous avons mis en place le premier campus numérique européen en partenariat avec Laval Virtual. Les élèves peuvent déjà le parcourir et y trouver tous les services dont ils ont besoin. Moi, je n’ai plus qu’à terminer mon avatar !
En tant que directrice, ce n’est pas trop difficile de gérer l’incertitude ?
Pendant le confinement, nous avons géré l’urgence au fur et à mesure. Et ça a plutôt bien fonctionné : ¾ des étudiants ont trouvé que la continuité pédagogique avait été bien assurée. La question du concours Ecricome a aussi été centrale : nous avons tout remis à plat en un mois alors que nous mettons normalement un an à le préparer. Toute cette adaptation a nécessité beaucoup de communication auprès des salariés et des professeurs, en plus des étudiants bien-sûr et sans oublier les candidats aux concours. Nous organisions un Comex tous les jours à 9h30 et je publiais tous les 10 jours une vidéo réalisée de chez moi pour garder le lien avec les équipes. Mais au-delà de cette gestion de l’urgence, en cette rentrée, il est important de garder en ligne de mire les enjeux à moyen et long terme, de trouver le bon équilibre car c’est ça mon job : manager, avancer et garder le cap… même si ce n’est pas toujours simple.
Mais la vie de l’école continue. Pourquoi avez-vous nommé Imen Mejri à la tête du PGE ?
Imen est une personnalité très appréciée, elle est très attentive aux élèves, elle connait très bien le PGE et l’école, et elle a un profil international. De plus, elle a été responsable de notre MSc Finance, un axe fort de NEOMA que nous voulons développer en termes de débouchés. Elle partage aussi les grands enjeux de la réforme du PGE autour de la RSE, des nouveaux métiers et de l’hybridité.
Où en est le campus de Paris ?
Je viens de visiter une classe témoin ! Le chantier prendra fin en mai prochain, pour une première rentrée en septembre 2021. Il accueillera nos programmes post-bac (TEMA, Global BBA…) mais aussi des MSc, l’Executive MBA et des programmes de formation continue, soit 1 500 étudiants environ. Avec ce nouveau campus, Paris monte clairement en puissance.
Il vous a transformée en chef de chantier ?
Presque ! Moi qui ai mis beaucoup de temps à choisir mon appartement, je valide aujourd’hui des choix de matériaux ou de couleurs pour des milliers d’étudiants. J’ai même testé les chaises pour m’assurer qu’ils seront bien assis ! Mais au-delà du design, la création d’un campus oblige aussi à se questionner sur l’avenir de l’éducation, les nouvelles façons d’étudier et à l’expliquer à un architecte en tenant compte de beaucoup d’éléments comme l’acoustique par exemple.
Paris, Reims, Rouen : qui gagne le match ?
Je n’ai pas le droit d’avoir de préférence ! Si les associations étudiantes se mettent parfois en « compétition », par exemple à travers des matches sportifs, je milite pour les synergies et pour qu’elles évitent tout esprit de concurrence, même s’il y a des identités locales.
Et l’international ?
NEOMA a fait le choix de l’immersion culturelle. Pas de campus à l’étranger mais 340 partenariats avec les meilleures universités dans le monde entier, de la Corée à l’Amérique Latine, en passant par la Russie. Malgré la crise sanitaire, nous avons tout fait pour que les étudiants qui voulaient partir, le fassent.
On parle peu du programme TEMA, pourtant hyper innovant. Pourquoi ?
C’est un programme que j’adore ! Quand je suis arrivée à la tête de NEOMA, je me suis demandé pourquoi il ne concernait que 40 étudiants chaque année. Il est aujourd’hui présent sur ParcourSup et dans la banque d’épreuves Sésame, et il accueille 130 élèves qui allient management, digital et créativité. Pourquoi un tel cursus dans une business school ? Car l’avenir repose sur l’hybridité, sur le fait de sortir du mono-disciplinaire. Grâce à des partenariats avec des écoles spécialisées dans la mode, l’ingénierie, le codage, l’architecture… TEMA est un programme vraiment différenciant.
C’est aussi pour ça que vous avez eu le coup de cœur pour NEOMA ?
Après mon parcours à l’ESCP et à l’EBS, j’ai été chassée par NEOMA, une école que je connaissais sans vraiment la connaitre. Au grand étonnement de mes recruteurs, je suis allée sur place avant de prendre ma décision. J’ai fait une ballade incognito sur les campus en me préparant à dire que je faisais du repérage pour mes enfants si on me demandait ce que je faisais là ! Et j’ai effectivement eu le coup de cœur. Join the Family, ce n’est pas qu’un slogan, ça a vraiment du sens dans cette école qui fait les choses très sérieusement… mais sans se prendre au sérieux.
Racontez-nous une de vos journées types.
Il n’y en a pas ! Je suis toutes les semaines entre Paris, Rouen et Reims car c’est important d’aller sur place et de rencontrer les gens. Je voyage en train et j’adore ça : c’est un moment de détente et de travail. Je passe la moitié de mon temps à échanger avec des entreprises partenaires, avec les autres écoles d’Ecricome dont je suis présidente, avec la CGE où je suis vice-présidente de la Commission Amont, avec des journalistes, des étudiants, des diplômés… Si je suis en alerte 24h sur 24, je mets un point d’honneur à ne pas envoyer de mails à mes collaborateurs le weekend, sauf urgence. Je passe aussi évidemment du temps avec ma famille et je ne suis jamais contre une bonne série ou un bon roman.
Vous travaillez également beaucoup avec Michel-Edouard Leclerc ?
Lorsque NEOMA cherchait son nouveau président, le nom de Michel-Edouard Leclerc s’est vite imposé. Pour sa personnalité bien sûr, son excellence, sa convivialité. Quand on lui a proposé, il a dit « pourquoi pas, il faut que je vienne voir ! ». Il est venu sur les campus… et il a tout de suite eu le feeling. Mais quand on lui demande pourquoi il a choisi NEOMA, il répond souvent avec humour « C’est la seule école qui me l’a demandé ! ». C’est notre meilleur ambassadeur, mais aussi un agitateur d’idées qui s’engage dans nos grandes décisions stratégiques. C’est une immense chance de l’avoir à nos côtés.
Comment se passe votre binôme ?
Avec simplicité et souplesse. Nos rôles sont très clairs et nous échangeons beaucoup. Il accompagne la réflexion, il m’apporte sa vision macro et moi ma connaissance du secteur. Ce n’est pas le président du contrôle mais de la stimulation. Sa préoccupation première est toujours le développement et l’intérêt de NEOMA.
Vous avez eu beaucoup de réussites professionnelles. Votre secret ?
Toujours s’amuser dans son travail, prendre du plaisir et ne pas hésiter à changer quand il n’est plus au rendez-vous. Etre curieux, voir ce qui se passe ailleurs, croire en son intuition… même si je suis une personne très analytique ! Il faut aussi faire confiance aux rencontres. Choisir un job c’est d’abord se demander si on a envie de travailler avec des personnes tous les jours.
Quelles ont été vos plus belles rencontres ?
J’en ai eu plein ! Le professeur qui m’a convaincue de faire une thèse, Pascal Morand avec qui j’ai beaucoup travaillé à l’ESCP, Michel-Edouard Leclerc bien sûr… Ma vie c’est de l’humain avant tout.
Entretien réalisé le 9 septembre 2020. La Rédaction du Monde des Grandes Ecoles et Universités tient à remercier toute l’équipe du restaurant Petit Gris (75017) pour son accueil et ses plats délicieux !