La population étudiante est une manne pour les établissements bancaires qui rivalisent d’ingéniosité pour les attirer. Raison de plus pour négocier son prêt en position de force.
A en croire l’UNEF, premier syndicat étudiant, le coût de la vie étudiante a augmenté de 3,7 % pour l’année universitaire 2012-2013. Une population souvent contrainte de recourir à un emprunt pour faire face au coût de la vie courante, à la hausse des loyers et aux frais de scolarité. « Il y a en France 2,5 millions d’étudiants, indique Christian Kamayou, créateur du service gratuit Financetesetudes.com qui aide les étudiants à choisir la meilleure offre bancaire en fonction de leur situation. Chaque année, 12 % d’entre eux, soit 300 000, font appel au financement bancaire pour un montant moyen compris entre 10 000 à 15 000 €. » Un marché juteux pour les banques qui cherchent à renouveler leur clientèle. La compétition est donc rude pour capter ses clients de 18 à 28 ans au fort potentiel.
« Une filière d’étude prometteuse maximise les chances d’obtenir un crédit à des conditions très favorables »
Pourtant, loin d’être en position de force, les étudiants sont souvent mal à l’aise face au banquier et ne négocient pas de peur de se voir refuser le prêt tant attendu. Une erreur selon le chef d’entreprise : « L’approche bancaire de l’analyse d’un dossier est basée sur le futur salaire probable de l’étudiant et sur le risque de non remboursement. S’il est dans une filière d’étude prometteuse (ingénieur, commerce, professionnels de santé) ou dans une grande école réputée, il aura beaucoup plus de chances d’obtenir un crédit à des conditions très favorables et à des taux avoisinant les 2 %. Mais n’oublions pas le poids de la caution solidaire, le plus souvent les parents, qui vaut son pesant d’or en cas de profil universitaire moins banquable. » Autant d’informations qu’il faut connaître avant de pousser les portes d’une agence, selon Christian Kamayou, ancien d’HEC Paris. « L’idéal est de négocier dès le départ car, une fois acceptées, les conditions du prêt pourront difficilement être revues, sauf à la marge sur des éléments tels que l’allongement de la durée de remboursement, le montant de la mensualité ou la période de franchise durant laquelle le remboursement est suspendu le temps que l’étudiant trouve un emploi. »
Témoignage : Pacôme Rupin, ancien élève de l’Essec, Directeur Général de l’Agence Babel 31 :
« Je suis entré à l’ESSEC en 2004. La scolarité coûtait à l’époque 28 000 €. La première année, j’ai choisi d’emprunter 12 000 € (à 3,5 %) au CIC car c’était ma banque. Je n’avais pas envie d’ouvrir un compte dans un autre établissement. J’ai donc emprunté à un taux supérieur à ce que l’on pouvait proposer à un étudiant de l’ESSEC. En deuxième année, j’ai rencontré, sur le Campus, la Bred Grand’Zé, l’agence spécialisée de la Banque Populaire, qui a racheté mon prêt au CIC et m’a prêté 10 000 € supplémentaire au taux préférentiel de 2 %. Ensuite, je n’ai plus eu besoin d’emprunter car j’ai fait un apprentissage en conseil chez Deloitte qui a payé mes frais de scolarité. J’ai gagné 1 200 € par mois pendant deux ans, j’ai donc pu être autonome. Après mes études, je suis entré dans un cabinet de recrutement et j’ai commencé à rembourser mon crédit. Il y a an et demi, j’ai créé mon entreprise de conseil en communication. Mon conseil aux étudiants ? Il est très compliqué de renégocier votre prêt dans la même banque, car il y a peu de chance qu’elle baisse les taux. Par contre, il ne faut pas hésiter à faire racheter son emprunt. C’est simple, rapide et cela se passe de banque à banque sans que vous ayez besoin d’intervenir. Sur six ans, la somme des intérêts est importante. Ça vaut le coup ! »
F.B