Estelle Iacona a été élue à la présidence de Paris-Saclay il y a un peu plus d’un an. Elle partage les projets et les objectifs de cette université unique en son genre qui figure désormais de façon pérenne dans le Top 20 mondial du classement de Shanghai.
Pourquoi avez-vous eu envie de prendre la tête de Paris-Saclay ?
Je suis enseignante-chercheure : j’ai donc forcément les questions de recherche et d’éducation des citoyens dans les tripes ! J’ai fait une très grande partie de ma carrière à CentraleSupélec, école d’ingénieurs dont j’ai défendu l’intégration au sein de Paris-Saclay. Je parle bien d’intégration et non de fusion car il s’agit de former, avec un ensemble d’établissements de cultures diverses, une université d’envergure internationale, construite sur la base des forces et des spécificités de chacun de ses membres. Cela m’a donné envie d’entrer dans l’aventure de l’Université avant même sa formation ! J’ai rejoint l’équipe de Sylvie Retailleau dans laquelle j’ai notamment été VP en charge du CA – et donc de la stratégie et du financement. Je connaissais bien le métier et l’institution : il a donc été assez naturel de me positionner pour la présidence. Aujourd’hui, je souhaite mettre mes valeurs au service de la formation, de la recherche et de l’innovation pour nourrir une université d’envergure internationale, une université d’excellence, tant en recherche qu’en formation, et ancrée sur le territoire.
Le saviez-vous ?
La première année de mandat d’Estelle Iacona a été marquée par deux distinctions de taille pour Paris-Saclay : en 2022, Hugo Duminil-Copin a été lauréat de la Médaille Fields et Alain Aspect a reçu le Prix Nobel de Physique.
Comment créer de l’harmonie dans un ensemble d’institutions aussi riche qu’hétérogène ?
Ça prend du temps bien sûr et la confiance joue beaucoup entre les chefs d’établissements et les collègues. Mais il ne faut pas oublier que nous fonctionnons de façon collective depuis une dizaine d’année déjà, au niveau de la recherche ! Lors de la création de Paris-Saclay, nous avions pour ambition de transformer de façon majeure le paysage de l’ESR en France et dans le monde, tout en développant le potentiel de nos jeunes et en faisant monter en puissance tous les profils dans nos territoires. L’intérêt d’une université visible à l’international est qu’elle nourrit ses élèves et pousse donc les recruteurs à les regarder différemment et à leur permettre d’alimenter le tissu économique local, national et international. Outre les passerelles entre nos différents établissements, la question de cette harmonie se joue aussi à travers la vie étudiante, comme le prouve la création d’une carte d’étudiant commune. Je me souviens aussi qu’à peine l’université créée, nous voyions déjà des étudiants arborant des sweats où le nom de Paris-Saclay était floqué au-dessus du nom de leur école !
Top 20 du classement de Shanghai, Top 50 du classement thématique QS 2023 pour plusieurs disciplines : comment Paris-Saclay arrive-t-elle à se distinguer sur la scène mondiale ?
Par son interdisciplinarité : Paris-Saclay est en effet une des rares universités intensives en recherche en France et en Europe. Nous faisons travailler les disciplines ensemble à un vrai niveau d’excellence, nous savons dialoguer avec le monde socioéconomique et faire fructifier le mélange des cultures de nos institutions. Une marque de fabrique qui nous permet de participer à la résolution des grandes problématiques sociétales au niveau mondial.
Université terre d’innovation
« Le pôle universitaire d’innovation porté par l’Université Paris-Saclay est lauréat de l’appel à projet France 2030. Par cette reconnaissance, l’université est bel et bien reconnue comme un acteur majeur de l’innovation, et ce pour deux raisons. La recherche bien sûr : les ruptures scientifiques engendrent des innovations de société et nous voulons d’ailleurs, dans cette dynamique, tripler le nombre de startup deep tech issues de nos laboratoires. Mais aussi le fait que nos diplômés sont formés comme de vrais innovateurs. Quel que soit leur métier ou leur niveau d’études, ils ont tous été formés par la recherche, ce qui constitue le meilleur moyen – voire le seul – de former des esprits critiques (au sens de leur capacité à penser hors de la boite) dont nous avons besoin pour trouver les solutions aux grandes transitions. »