Coordinatrice de la normalisation en France, AFNOR est un des membres les plus influents des organisations non gouvernementales de normalisation européennes (CEN et CENELEC) et internationales (ISO et IEC), tant sur le plan stratégique que technique. Franck Lebeugle (Télécom Paris 99), directeur des activités de normalisation de l’association, vous en dit plus.
Quelles sont les missions de l’AFNOR en matière de normalisation (standardisation en anglais) ?
Nous sensibilisons et accompagnons les entreprises françaises (des Grandes Entreprises aux startups…) dans l’élaboration, la promotion de normes volontaires au niveau français, européen et international afin qu’un projet, une activité ou une filière puisse développer son marché dans les meilleures conditions, en France et à l’export. Nous défendons ainsi leur voix, dans le respect de notre mission d’intérêt général, dans la plupart des instances de normalisation (CEN-CENELEC, ISO, IEC). Il est important de noter qu’en termes de produits et d’innovations, nous couvrons tous les domaines d’activité (à l’exception des normes techniques des réseaux télécom).
Comment faîtes-vous naître des marchés innovants en France et, par extension, à l’international ?
Sans un accompagnement d’AFNOR dans l’élaboration de projets de normes appelées à faire consensus au niveau international, les « parties prenantes » concernées par la normalisation (pouvoirs publics, entreprises, associations de consommateurs, organisations non gouvernementales) resteraient cantonnées au marché français. En effet, se présenter sur un marché à l’export sans se revendiquer conforme à des minima de qualité, de sécurité ou d’interopérabilité dans un cadre international, c’est partir avec un handicap indéniable ! La normalisation réduit le risque inhérent à l’innovation technologique.
Comment l’AFNOR éveille-t-elle les jeunes talents à un autre monde de « soft power » économique ?
Nous ne pouvons pas arriver « après la bataille » lorsque d’autres ont déjà pris la main pour définir les standards. Nous intervenons donc au niveau des études supérieures et du monde de la recherche pour montrer aux jeunes diplômés qu’ils peuvent, comme je l’ai fait sur la 3G, débuter leur carrière par une étape en normalisation internationale. Par ce biais, ils découvriront des innovations et des produits concurrents, développeront un contact privilégié avec les acteurs économiques et participeront, avec les autorités publiques et les entreprises, à des stratégies nationales et internationales sur les marchés à fort enjeux.
Dites-nous en plus sur votre fonction de directeur des activités de normalisation.
Ma première vocation est de faire connaître le système de normalisation internationale en France. Rappelons que 93 % des normes volontaires ont un périmètre d’action européen ou international ! C’est un vrai rôle de VRP, à plein temps, tant la méconnaissance sur la normalisation volontaire est grande en France. Mon deuxième rôle consiste à identifier et mobiliser toutes les catégories de « parties prenantes » à siéger dans nos presque 1000 commissions de normalisation pour élaborer les normes volontaires de demain, et défendre leur voix lorsque ces normes sont portées à l’international, que ce soit dans des domaines économiques très variés, mais aussi sur des problématiques RSE telles que l’initiative que nous portons au niveau international sur l’égalité femmes-hommes.
Quelles sont les opportunités dans les activités de normalisation pour de jeunes talents ?
Nous recherchons des stagiaires dans tous les domaines et des alternants dans la sphère des affaires internationales. Par ailleurs, nous recrutons massivement des jeunes diplômés : 15 % de nos plus de 200 collaborateurs ont en effet moins de 30 ans ! Dans la foulée, nous proposons en interne un parcours d’intégration aussi formateur que soutenu. Enfin, nous n’hésitons pas à évoquer avec les candidats un accès à plusieurs postes stratégiques : chef de projet en normalisation, responsable développement, analyste affaires internationales, les perspectives sont multiples !
Télécom Paris, un cursus déjà au fait des normes
S’il y a bien une écolequi maîtrise l’écosystème des normes volontaires et des standards, c’est Télécom Paris. Cela en fait un prérequis intéressant pour intégrer l’AFNOR, une fois diplômé. Toutefois, ces jeunes ingénieurs n’ont pas encore le réflexe de se projeter comme acteurs de cette standardisation. D’où nos interventions croissantes auprès des écoles pour éveiller cette vocation.
CHIFFRES-CLÉS
21 000 professionnels engagés en normalisation
Note de 97/100 à l’Index égalité femmes-hommes
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