C’est en France, à Saclay, que les pionniers de chez Pasqal font entrer l’informatique quantique dans sa dimension applicative et industrielle. Une aventure unique et forcément passionnante pour laquelle ce leader mondial cherche du renfort. Le témoignage de Loïc Henriet (X 09), son Chief Technology Officer…
Pasqal crée des processeurs quantiques capables de solutionner des problèmes par ailleurs insolubles. Quel genre de problèmes et pour quels clients ?
Le grand intérêt de l’informatique quantique est qu’elle aura un impact sur tous les secteurs d’activité, de la banque à la chimie. Dans la résolution de certains problèmes complexes, les ordinateurs quantiques trouvent des meilleures solutions, plus rapidement et avec une empreinte énergétique plus faible qu’en utilisant des supercalculateurs classiques. Le calcul quantique peut s’appliquer à la modélisation météorologique pour BASF, à l’optimisation des risques financiers pour Crédit Agricole ou à la distribution d’électricité pour EDF.
Startup hyper-experte, Pasqal a tout juste 3 ans d’existence mais fait déjà beaucoup parler d’elle. Qu’est-ce qui, selon vous, rend cette entreprise unique et si attractive ?
Nous sommes leaders mondiaux sur une technologie née à deux pas d’ici, à l’Institut d’Optique de Saclay. Et nous sommes à présent parvenus à un point de maturité suffisant pour passer à la phase industrielle. D’ailleurs, nous avons déjà reçu nos deux premières commandes de processeurs quantiques !
Vous-même avez participé à la création de Pasqal. En quoi cela rend-il l’aventure plus passionnante et plus belle encore ?
Au-delà du challenge technique, il est passionnant de voir ce projet phare prendre forme. Tout va très vite. Nous travaillions sur des feuilles de papier il y a peu encore et à présent, la première usine, à Massy, lance sa production ! Nous étions une trentaine il y a un an et sommes à présent plus de 90 de toutes origines. C’est une belle et grande aventure collective.
Sur votre site, vous dédiez une rubrique à votre Ecosystème collaboratif. Une nécessité autant qu’un bonheur cette dimension collaborative ?
Nous sommes encore aux débuts de l’informatique quantique, secteur où tout reste à construire. En amont, nous avons besoin des écoles pour sensibiliser les jeunes talents et les emmener à une haute qualification. Et en aval, nous avons besoin de clients pour passer définitivement de l’académique à l’opérationnel. Par chance, la région parisienne est idéale pour les deux.
Vous embauchez actuellement un Chargé d’acquisition de talents. De quels types de talents va-t-il lui-même se mettre en quête ?
Nous recherchons beaucoup de profils techniques : ingénieurs en optique, mécanique, électronique, logiciels… mais également des ingénieurs généralistes car il est essentiel d’avoir une compréhension globale du fonctionnement de nos machines. Nous recherchons aussi de véritables experts, en physique atomique et en algorithmie quantique par exemple.
La leçon d’avance – Quand on sort de Polytechnique, les compétences sont là. Qu’est-ce qui fait, ensuite, la différence pour parvenir à trouver SA place et s’y épanouir ?
Il convient d’investir son énergie dans la recherche d’un domaine nous inspirant vraiment. De rechercher les collaborations qui vous font ressentir que vous avez un impact, que votre travail compte. Et il s’agit souvent pour cela de suivre les gens avec lesquels on travaille le mieux et que l’on admire.
Dix années durant, vous avez enchainé les diplômes (X, puis ENS, puis re-X). Fallait-il tout ce parcours pour atteindre votre objectif ?
Les choses seraient différentes aujourd’hui. Un jeune diplômé pourrait enchaîner directement dans une start-up. En ce qui me concerne, bien que j’aie toujours voulu travailler dans l’informatique quantique, il n’existait pas à l’époque d’entreprises dédiées, tout demeurait théorique. J’ai donc continué de me former et à travailler dans le monde académique, puis l’aventure Pasqal s’est proposée.
Chiffres clés : 90 collaborateurs (30 il y a un an, plus de 200 dans un an) / 350 qubits dans nos processeurs / 30 millions de dollars de financement en série A en 2021
Contact : loic@pasqal.com