Lassés du mode « usine » des grands groupes, les Millennials plébiscitent de plus en plus les PME / TPE pour débuter leur carrière. La TPE ou le nouveau creuset de l’innovation managériale, la PME ou la clé du renouveau du leadership ?
Paradoxe. S’ils se disent avides de sens, les Millennials européens continuent de placer le salaire comme premier critère de choix d’un job. « Ensuite, ce qui fait pencher la balance, c’est l’autonomie. Ils veulent innover, être associés à de nouveaux projets, avoir l’impression qu’ils ont de l’autonomie de décision dans ce qu’ils font » introduit William Hurst, DG de l’EDC Business School. Un besoin d’autonomie exacerbé chez une génération biberonnée au digital. « Toujours connectés, ils sont orientés résultat, ils veulent acquérir et développer des compétences. Adeptes de la flexibilité, ils veulent allier travail à distance et travail en équipe dans une logique constante de bien-être au travail. Des attributs qu’ils retrouvent plus facilement dans les petites structures dont l’agilité leur permet, en plus, de toucher à tout et donc de développer une vision plus globale », ajoute Eliane Bacha, professeur de management associée à la Chaire Femmes & Entreprise de SKEMA BS.
[Analyse] Management de la performance ou des performances ?
Control freak ?
Parce qu’ils ont plus de chances de gérer des projets de A à Z dans une PME que dans un grand groupe, la petite structure satisfait à leur besoin de contrôle. Moins de matriciel, de hiérarchie… ils ont l’impression de contrôler leur vie. Un phénomène qui va de pair avec la proximité du leadership. « Par définition, le patron de PME ou de TPE est un leader car il a créé ou repris l’entreprise qu’il dirige. Il sait qui sont ses collaborateurs, on n’est pas un parmi d’autres, on est reconnu pour soi, au-delà de son poste. On travaille pour un homme ou pour une femme qui se situent moins sur le plan de la politique et le statut que sur celui d’une performance globale et incarnée », précise Isabelle Barth, DG de l’INSEEC School of Business & Economics.
Le leader de PME en 5 compétences
Pour être un bon dirigeant, il faut maitriser les vraies compétences d’un entrepreneur. Fervent défenseur du leadership entrepreneurial, William Hurst revient sur les compétences disruptives du leader de PME. A vos marques, prêts, inspirez-vous !
#1 La vision hélicoptère. Cette capacité à prendre de la hauteur puis à descendre dans le détail de manière latérale et de monter et de descendre. Dans une petite structure, on n’a pas d’autre choix que d’aller sans cesse de l’un à l’autre.
#2 La gestion de l’ambiguïté et de l’incertitude. Dans un monde aussi mouvant que le nôtre, le dirigeant n’a jamais toutes les informations en main avant de prendre ses décisions. Décider vite et être à l’aise avec cette idée d’incertitude : un incontournable quand on dirige une petite structure.
#3 La gestion de la diversité. Profils, genres, origines, niveaux d’étude … La PME n’est pas la structure des standards ! Rien de mieux pour enrichir la vision de ses dirigeants, souvent plus aptes à comprendre la place de leur entreprise dans la Cité. Inspirés par leur environnement, ils développent une vison plus holistique de la performance.
#4 La capacité d’entrainement. La vision, le story telling, le leadership visionnaire, tout ça il l’a ! Incarner au-delà des chiffres, raconter, s’impliquer à développer son talent, tel est son quotidien. Il dit ce qu’il fait et fait ce qu’il dit. Son mantra ? Walk the Talk !
#5 La résistance au stress. Les dirigeants les plus sujets au burnout ? Les dirigeants de PME ! Le rythme d’un dirigeant c’est de travailler beaucoup et encore plus lorsqu’on est à la barre d’une petite structure. Il est donc indispensable de prendre soin de son propre capital. La première clé pour y parvenir ? Accepter l’échec avec une bienveillance exigeante : on a le droit de se challenger et d’échouer mais pas deux fois au même endroit.
Et le charisme ? Attention danger ! Le leadership ce n’est pas le charisme. On peut être un grand leader incontesté et avoir le charisme d’une moule ! La clé c’est plutôt la connaissance de soi. Lorsqu’il se regarde dans la glace, un leader ne doit pas voir Brad Pitt s’il ressemble à Danny De Vito. Son plus grand atout : il est self aware.