Mardi 18 février 2014. Les étudiants de l’école Polytechnique se pressent dans l’amphi Arago pour venir écouter le major de la promo 1963 : Jacques Attali. Ce dernier a été invité par l’association Polit’X pour aborder la question de l’avenir du monde d’ici 2030. Il propose une réflexion à la problématique « Comment penser le monde en 2030″…
« C’est l’Histoire qui nous explique le futur »
Depuis la nuit des temps, les hommes cherchent à connaître leur avenir. Pour cela, ils se fient à diverses croyances. Le passé est l’une d’entre elles. « Pour imaginer ce qu’il va se passer plus tard, on se base sur les longues phases durables de notre Histoire. C’est cette dernière qui explique notre futur. » L’économie n’échappe pas à cette méthode. En effet, dès l’an 1000, les hommes ont cherché à s’organiser pour protéger leurs libertés individuelles respectives. C’est ainsi qu’est née l’économie de marché. Pour fonctionner, ce modèle économique est accompagné d’un modèle politique démocratique, qui vise à défendre l’intérêt privé. Depuis, l’Histoire a montré que ce système a bravé de nombreuses crises : la crise des années 1930, la crise post 39/45 etc. Marché et démocratie deviennent alors indissociables dans l’imaginaire des hommes, et la sociale démocratie se diffuse à travers le monde entier.
Quid du présent ?
Aujourd’hui; cette sociale démocratie est remise en question : » Le marché est par nature mondial alors que la démocratie est locale, ce qui implique la création de marchés souterrains qui peuvent nuire à l’équilibre du marché. » Désormais, la notion de « liberté individuelle » a évolué : » le marché est fondé sur la liberté individuelle et donc le droit de changer la vie. C’est une apologie de la déloyauté. » En effet, cette notion défend l’idée selon laquelle chacun est libre de choisir. Chacun devient alors libre de ne pas choisir, de renoncer et donc de ne pas respecter son contrat. « Les contrats entre les individus sont devenus précaires ! » Au mieux, cette théorie entraîne le monde vers une globalisation totale des échanges, et au pire les états se tournent vers un radicalisme (religion, politique, écologie etc) et tendraient vers l’état de non-droit. J Attali évoque les régimes politiques qui n’ont pas su contrôler l’extrémisme de la liberté individuelle : Mussolini en Italie, Lénine en Union Soviétique. Au vue de la situation économique actuelle, la question se pose : faut-il se tourner vers le protectionnisme ou faut-il conserver le modèle économique de marché ?
Prévisions à 15 ans
De nos jours, les défis que le monde doit dépasser sont multiples. Outre la question démographique, seule certitude actuelle, beaucoup de spécialistes s’interrogent sur la perspective d’un nouvel ordre mondial. « A ce jour, les USA ont une domination idéologique comparable à celle de l’empire Romain. Sans ennemi, ils ne peuvent être considérés comme le pays dominant. » Si les USA entrent dans une période de déclin, un nouvel ordre mondial peut alors surgir : soit dominé par le monde du marché (G20) ou alors être le fruit d’un 3ème conflit mondial. Les autres défis récurrents de ce début de ce XXIe siècle sont les questions de productivité. La crise actuelle inquiète : comment devenir toujours plus productif? Face à ce manque de productivité, nombreux sont les pays qui optent pour l’endettement « ils se donnent du temps en attendant le miracle. » Ces sociétés là sont passives et optimistes et attendent des miracles qui peuvent être variés : Messie, progrès techniques ou encore politique…
Cependant, il est peut-être temps de changer de paradigmes et se détourner du modèle individualiste.
L’altruisme devient alors la réponse rationnelle aux contradictions actuelles : « la recherche de mon succès passe par le succès commun ! »
Olympe Muller