Confiance nouvelles écoles
Crédits AdobeStock

Peut-on faire confiance à ces nouvelles écoles de gestion ?

Les créations d’écoles de gestion se multiplient. Mais ces nouvelles venues sont d’un niveau inégal. Avant de s’inscrire, la prudence s’impose.

Igefi à Nantes, IES à Arles, Elije (intelligence juridique) ou encore Ffollozz (marketing d’influence, groupe IGS) à Paris… Un peu partout, de nouvelles business schools voient le jour. Phénomène de mode ? Bulle spéculative ? Plusieurs facteurs expliquent cette frénésie. Les attentes des étudiants, d’abord : ceux qui ne peuvent viser les grandes écoles se sentent souvent perdus dans le monde du Sup’ et rêvent d’être accompagnés. Ces nouvelles écoles surfent ainsi sur les faiblesses de l’université : amphis bondés, taux d’échec élevé en licence, moyens limités.

Ce mouvement correspond aussi aux tendances récentes – souci de l’environnement, RSE, vogue des « influenceurs » – qui génèrent des besoins inédits en compétences. « Nous nous adaptons aux évolutions de la société et aux demandes des recruteurs » indiqueAlain Kruger, directeur du pôle business de Galileo, qui, après Elije en 2021, lance ESG Act, « l’école de commerce du développement durable ». « A la différence des grandes écoles, nous ne faisons pas la course aux classements et à la taille » plaide Boris Mazurier, PDG d’IES Business School (Rouen, les Sables d’Olonne, Perpignan et maintenant, Arles), qui mise sur une approche « artisanale » : petites classes, formation pratique, suivi individualisé. IES vise une vingtaine d’écoles à moyen terme.

Des diplômes qui font rêver

« Notre école est encore peu connue du grand public, mais est appréciée du secteur financier. Nos diplômés n’ont pas de mal à se placer » assure Anne Mereyde, directrice marque de l’Igefi (Ecole des métiers de la finance et de l’expertise comptable), qui ouvre à Nantes un 4è site. Là encore, on table sur une formation concrète (en alternance), qui débouche sur un certificat professionnel. L’Igefi fait partie du réseau « Compétences & développement », fort de 14 enseignes (Idrac, Sup de Com, Ifag…) et 15 000 étudiants. Bref, on trouve de tout parmi ces nouveaux venus. Des cursus créés par des groupes solides comme l’IGS ou Galileo, leader mondial de l’enseignement supérieur privé (43 écoles en tout) – des « poids lourds » à but lucratif, certes, mais disposant d’une réelle expertise. Mais aussi de petites structures, montées parfois de bric et de broc : quelques vacataires, aucune sélection des candidats, des diplômes aux noms alléchants (« bachelor », « MBA ») mais sans valeur – le tout assorti de frais de scolarité conséquents (ou couverts via l’alternance). Du côté des grandes écoles, forcément, on ne voit pas d’un bon œil cette déferlante. « Avec près de 480 millions d’étudiants dans le monde, l’enseignement supérieur est un « marché » en croissance, qui fait figure d’Eldorado pour des investisseurs… et des spéculateurs » assène Alice Guilhon, présidente de la CDEFM et DG de SKEMA BS.

Avant tout, s’informer

Pour autant, tout n’est pas à jeter dans ces néo-écoles. « Si elles respectent les règles académiques (notamment pour le taux d’encadrement et la recherche), si elles apportent des connaissances et des compétences sérieuses et délivrent de vrais diplômes, elles peuvent être un complément des acteurs historiques » admet Alice Guilhon.Mais comment se retrouver dans une offre devenue pléthorique ? Avant tout, il faut s’informer : regarder si l’école dispose d’un visa ou d’un grade (licence, master), contacter si possible des diplômés ou, mieux, des professionnels : connaissent-ils l’école ? Y recrutent-ils ? Et enfin, vérifier la e-réputation de l’établissement. Et s’il ne délivre qu’un titre RNCP, prudence. Si l’enseignement supérieur devient un marché, mieux vaut se comporter en consommateur averti.