Plateformes logistiques : optimiser, l’atout-maître

Deux facteurs-clés conditionnent la compétitivité d’une plateforme logistique : la rigueur de sa conception et la maîtrise de ses flux internes. Comment doper leur performance ? Ces échos d’une recherche récente alimentent à point nommé les démarches de création ou d’amélioration continue des process…

© fotolia
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« La compétitivité d’une plateforme est directement liée à l’implantation, le lay out, et aux flux internes », analyse David Damand. Et cela n’a rien d’un long fleuve tranquille : aussi pertinente que soit la conception initiale, l’organisation des plateformes logistiques évolue de façon récurrente, au gré des clients, des produits, des volumes stockés. Tout en intégrant des opérations ponctuelles que les prestataires assurent toujours davantage, comme la personnalisation de produits ou la pose de stickers promotionnels. Ponctuelles, ou encore complexes, certains produits ne pouvant cohabiter.
« Une vraie pelote de laine. »
Voilà en conséquence comment le chercheur décrit les flux internes d’un entrepôt logistique, s’il s’agissait de les modéliser. Le mouvement en plus. Autant d’activités,autant de déplacements : réception de marchandises, contrôle, mise en stock – plus ou moins longtemps –, conditionnement, préparation de commandes, inventaire, expédition. Les logiciels dédiés existent évidemment, qui se concentrent généralement sur les distances de manutention. De fait, explique David Damand, ce sont l’expérience et l’expertise des concepteurs et prestataires qui enrichissent les pratiques. Au risque toutefois de demeurer parcellaires.

 

Recenser l’expertise , puis la « customiser »
Dans le cadre d’une chaire d’entreprise, l’équipe constituée de chercheurs et d’une doctorante en supply chain management a élaboré une méthodologie originale de gestion des flux, qui consolide précisément l’état de l’expertise en la matière et prétend à l’exhaustivité. Un outil d’aide à la décision, une solution managériale destinée aux concepteurs de plateformes logistiques ainsi qu’aux collaborateurs des groupes solution internes des prestataires.
« Nous apportons une plus-value au prestataire logistique qui nous a sollicités, avec une méthodologie originale qui répond à sa question ‘comment faire, comment améliorer la conception et l’organisation de la plateforme ? », explique Elvia Lepori, doctorante du laboratoire de recherches Humanis encadrée par Marc Bollecker, Marc Bar th et David Damand. Les chercheurs ont préalablement exploré l’état des connaissances en la matière dans la littérature scientifique. « Les approches sont partielles, se concentrent sur une activité pour y appliquer une méthode particulière. » Elvia Lepori s’est ensuite entretenue avec les managers de l’entreprise, afin de recueillir et retranscrire leurs méthodes, leurs propositions et, plus globalement, leur expertise.
« Puis nous avons élaboré un modèle de référence, basé sur un modèle problème-solution, pour représenter les connaissances capitalisées », poursuit David Damand. La représentation est soutenue par un logiciel dédié à la résolution de problèmes, STEPS, développé par le laboratoire LGéCO de l’INSA de Strasbourg*. Le modèle de référence est destiné à devenir modèle particulier, adapté aux besoins spécifiques d’une plateforme logistique donnée, et bien sûr évolutif.

 

* Laboratoire de Génie et de la Conception de l’INSA Strasbourg
© Carnets du management de juin 2014. Un magazine de l’EM Strasbourg

 

Les vertus de la co-construction
« Les concepts, la réflexion que nous avons pu livrer sont clairement alimentés par le travail mené conjointement par les chercheurs et les managers », souligne la doctorante Elvia Lepori. Au final, quels bénéfices pour les partenaires de la chaire d’entreprise ? « Pour un doctorant, productions scientifiques et expérience de terrain », dit-elle. « Pour les enseignantschercheurs, ce sont publications scientifiques et diffusion auprès des étudiants, nous irriguons la pédagogie avec un tel projet ! », précise David Damand. L’entreprise, quant à elle, bénéficie d’un livrable, donc un retour sur investissement très concret. « La méthode a été évaluée in situ, avec un manager et autour d’un besoin précis dans un entrepôt », souligne Elvia Lepori. Cette méthode est appréciée pour le gain en qualité et en exhaustivité des solutions. Aujourd’hui, la méthode est en cours d’implémentation dans les procédures de l’entreprise.

 

Par David Damand, enseignant chercheur, responsable de la Chaire Supply Chain Management, EM Strasbourg
Elvia Lepori, doctorante en sciences de gestion au laboratoire Humanis, EM Strasbourg
Marc Bollecker, professeur des universités, Université de Haute Alsace
Marc Barth, Maître de conférences, Habilité à diriger des recherches, INSA Strasbourg