Après sa série « Salaud de patron », Julien Leclercq vous donne aujourd’hui « Rendez-vous avec la France qui bouge ». Une France qui se dessine sous les traits de personnalités (Thierry Marx, Frédérique Bedos, Emmanuelle Duez, Frédéric Mazella ou encore Alexandre Jardin), mais surtout d’une centaine d’anonymes qui ont eu un jour envie de changer les choses. Rencontre avec cet entrepreneur engagé.
Quel est le visage de cette France qui bouge ?
Elle a de multiples visages : la France qui bouge ressemble à la France ! Sans distinction d’ethnie, de religion, d’âge ou de sexe, elle rassemble des Français et des Françaises qui viennent de partout et qui ont des parcours extrêmement différents. Elle ne se vit pas dans les distinctions partisanes, elle est dans l’action. Ce sont des gens qui ne parlent pas mais qui font.
Quelle énergie pousse ces centaines d’anonymes à faire bouger les lignes ?
Qu’on les appelle des faiseux ou des héros de l’ombre, ils veulent tous résoudre une problématique de société. Une problématique qui les touche pour des raisons personnelles ou à cause d’une rencontre qui a changé leur vie. Ils ont la volonté de faire quelque chose pour les autres, d’œuvrer pour une cause qui dépasse leur personne. La révolte peut aussi être un élément déclencheur de leur engagement. Je pense par exemple au Grand Défi lancé par ce chauffeur livreur qui ne supportait plus de passer tous les jours avec son camion devant des migrants et des SDF qui dormaient par terre à Stalingrad. Un jour, alors qu’il rentrait dans sa cité à Sarcelles, il a décidé de mobiliser ses voisins pour distribuer des repas aux plus démunis. Mais il voulait que ça aille plus loin. Il a lancé le défi à sa cité, puis à la cité voisine sur Facebook. La boule de neige était lancée, le mouvement vit aujourd’hui dans d’autres villes de France et même à Londres et à Berlin.
Comment vont-ils au bout de leur projet ?
Une fois qu’on a donné vie à son projet, il faut très vite savoir s’entourer et accepter que d’autres s’en saisissent et le dupliquent. La France qui bouge c’est une histoire de citoyens. Ils sont convaincus qu’il faut faire, que leur problématique est essentielle et que s’ils se battent pour la défendre, ils peuvent changer quelque chose d’important pour eux et pour la cité. Même s’ils n’ont pas toujours conscience qu’ils sont peut-être en train de changer le monde.
Par exemple ?
Je pense notamment à Lucie et Vincent qui luttent contre l’illettrisme. Alors qu’il était au RMI au fin fond de l’Essonne, Vincent s’est dit qu’il pouvait lutter contre l’échec scolaire. Sa solution c’était d’offrir des livres aux jeunes. Il a démarché des éditeurs jeunesse qui l’ont accompagné quelques mois en lui donnant des livres. Il a ensuite lancé une maison d’édition avec un imprimeur qui a su lui faire confiance alors qu’il n’avait pas un rond en poche. Et ça a marché ! Aujourd’hui, il vend des millions de livres à moins de 2€.
Une rencontre qui a changé votre vie ?
Ce sont d’abord des rencontres avec des inconnus qui ont inventé une tente photovoltaïque pour apporter de l’électricité aux sans-abris ou encore une mallette pour traiter l’eau et la rendre potable. Ce sont aussi des personnes publiques. Alexandre Jardin m’a donné envie d’écrire ce livre. Cyril Dion, Mélanie Laurent et leur film Demain m’ont beaucoup inspiré. Je citerais aussi Frédérique Bedos une journaliste qui a commencé à fond dans le système médiatique et qui a tout lâché pour s’engager. Ou encore Thierry Marx et son école Cuisine Mode d’Emploi(s) qui forme aux métiers de la restauration des personnes éloignées du travail.
Donnez-nous envie de bouger nous aussi !
La France qui bouge, ce sont des gens qui créent des solutions pour répondre à des problèmes de société. Ils ne disent pas que tout va bien, mais ils ne disent pas non plus que tout va mal. C’est trop facile. Alors fais comme eux et prends ton destin en mains ! Crois en tes rêves : tu n’as qu’une vie et tu ne vas pas la passer à être malheureux. Car quoi qu’il arrive, on a le choix de sa vie.