Une célèbre citation Buddha stipule « Ce que tu imagines, tu le crées ». L’apprenant a besoin d’imaginer le monde de demain ou qu’il puisse le créer. Il faut donc lui montrer comment prévoir, concevoir, et agir pour impacter son destin et celui de sa génération et des générations futures.
On intègre l’école pour apprendre et on apprend pour agir, agir sur nos comportements, sur notre entourage, sur notre société. L’apprentissage n’est utile que lorsqu’il conduit à l’action, l’action qui mène au changement, à l’amélioration, à l’optimisation, à l’impact. Lorsque l’entreprise recrute, elle achète l’impact que le recruté est susceptible de créer pour son compte, et ce qui fait la différence entre candidats au travail, qu’ils soient jeunes diplômés ou expérimentés, c’est leur capacité à impacter leurs univers professionnel et sociétal.
Conscientes de cette mission, les écoles de commerces ont adapté depuis des années leurs formations afin de booster le potentiel impact de leurs étudiants. Cela s’est traduit par l’adoption de modalités pédagogiques favorisant la prise d’initiative, aidant l’étudiant à se représenter le monde réel et à assimiler son aspect multidimensionnel, et développant la curiosité et la culture de performance, telles que les serious games, les hackathons, les séminaires d’ouverture sociétale et de RSE, l’intelligence artificielle, les cercles d’économie solidaire et verte, les visites terrains, etc.
Mais quel est l’impact de ces formations à l’impact ?
Sur le volet de l’intégration professionnelle, l’impact semble être fort et significatif. Le baromètre CGE 2020 des métiers souhaités par les jeunes diplômés et Alumni des écoles de commerce et d’ingénieurs montre que 77% des étudiants ont un projet professionnel défini avant leur diplomation et affirment avoir une idée claire du métier qu’ils souhaitent faire. Le taux monte à 86% pour les étudiants au niveau Master.
Le choix des Alumni face à l’impact
C’est le cas aussi des formations à l’impact sociétal où les jeunes diplômés et Alumni expriment une réelle volonté d’engagement personnel et un attrait pour l’économie sociale et solidaire qu’il s’agisse de coopératives, d’associations, de mutuelles ou d’entreprises du secteur privé poursuivant un but social avant toute recherche de profit. Sept diplômés sur dix aimeraient travailler ou faire un stage dans l’ESS, une grande majorité des Alumni (69 %) aspirent à y travailler et 93 % des étudiants et 91 % des Alumni sont prêts à s’impliquer dans les plans d’actions sociales et environnementales mis en place par leur entreprise selon le baromètre CGE 2020.
Volonté forte
Cette forte volonté de s’impliquer dans des modèles économiques équitables et verts s’exprime également dans le nombre de startups à impact crées en 2022. Selon le mapping des startups à impact françaises 2023 (startups qui opèrent dans des secteurs en lien avec l’environnement, l’économie solidaire, le bien-être.) de France Digitale et BPI France, le nombre de startups à impact a bondi de 28% en une année avec 30.000 nouveaux emplois crées dans ce secteur.
Impact : entre l’envie et la réalité
Toutefois, l’impact souhaité n’est pas toujours réalisé. L’envie d’engagement sociétal s’affronte souvent à la contrainte de rémunération. Les salaires inférieurs aux entreprises classiques rebutent 22 % des étudiants et 31 % des Alumni d’intégrer les métiers de l’ESS et la RSE selon le baromètre CGE 2020, et le pourcentage de startups qui échouent au bout d’une année de création dépasse souvent les 70%. Malgré le progrès, la réussite professionnelle et financière reste un impact déterminant de la pertinence des autres impacts sociétaux et environnementaux. L’impact des formations sur les mentalités des jeunes diplômés et des Alumni est clair et significatif. Il existe une meilleure prise de conscience de ces enjeux et une véritable volonté de changer. Cependant, l’impact sur le terrain reste relativement marginal mais en progression. Il n’a pas encore atteint sa vitesse de croisière. Ce n’est qu’une question de temps. L’arrivée en masse de l’intelligence artificielle sur le marché de l’emploi et de la consommation accélèrera sans doute cet impact.
L’auteur est Yamen Koubaa est professeur associé en marketing et affaires internationales et directeur des programmes bachelor à l’EM Normandie.