Grenoble Ecole de Management (GEM) a dévoilé son nouveau plan stratégique 2021/2025 en mars dernier. Parmi ses annonces les plus retentissantes : son choix d’être la première business school française à devenir société à mission. Mais pourquoi cette business school ayant évolué en « school for business for society » veut-elle toujours avoir un coup d’avance ? Eléments de réponse avec Loïck Roche, son directeur.
Avoir un coup d’avance : la marque de fabrique de GEM ?
C’est en tout cas sans doute, la meilleure des stratégies. Si on regarde ces sept ou huit dernières années, oui, nous pouvons dire que nous avons ouvert la voie à beaucoup de grandes écoles. Notamment sur le sujet du « For society » et des transitions nécessaires : écologiques, sociales mais aussi économiques. Il me semble que c’est d’abord et avant tout – même si cela peut sembler paradoxal – parce que nous sommes profondément à l’écoute, en connexion profonde avec les questions du temps présent, que l’on peut se projeter dans le futur, y travailler et donc, avoir un coup d’avance.
Pourquoi GEM s’est-elle si tôt emparée des questions sociales et sociétales ?
Au départ, une évidence : être une grande école doit se mériter, être une grande école c’est savoir se montrer grande. Pour cela, elle doit aller au-delà de sa mission (formation et recherche essentiellement) et, par son travail avec et pour les apprenantes et les apprenants, avec et pour les entreprises, réussir à contribuer à améliorer le bien-être de la société. D’où notre idée force à l’époque de réussir à évoluer d’une business school à une « school for business for society », ce qui voulait dire, déjà, travailler sur les transitions écologiques et sociales.
« Savoir faire des pas de côté, c’est LA condition si nous ne voulons pas qu’un jour, l’enseignement supérieur français soit mis de côté » – Loïck Roche, directeur de GEM
Devenir société à mission, ça change quoi ?
Cela pose un cadre. Ce que résume, désormais, notre raison d’être : « Apporter des réponses, par la formation et la recherche, aux grands défis de la transition écologique, sociétale et économique pour un monde plus résilient, plus juste, plus pacifique, plus responsable. »
Un engagement qui peut être vécu comme une forme de risque ?
Nous ajoutons en effet l’engagement à l’exigence. Un engagement public, mesurable, contrôlable et qui peut donc exposer à la critique. Mais s’engager c’est décisif, ça touche à la responsabilité et à l’éthique. Je veux donner cette compréhension à nos parties prenantes qu’un engagement ça vous expose. Bien sûr, cela peut s’avérer risqué si les résultats ne sont pas au rendez-vous. Mais il y a plus grand que le risque du risque. Ne pas être à la hauteur du véritable enjeu de notre métier : préparer les jeunes, leur donner la capacité, dès demain dans l’entreprise, à devenir auteur de leur vie professionnelle.
GEM a mis à disposition de tous les éléments techniques de son dispositif innovant GEMHyflex. Pourquoi les partager avec vos concurrents ?
Car l’éducation doit être un bien commun. Cela renvoie à ce que j’avais développé dans mon livre La Théorie du Lotissement. Cette idée que la valeur de ma maison, comme dans un lotissement, est étroitement corrélée à la valeur de la maison du voisin. Plus la maison du voisin est belle, plus ma maison aura de la valeur. La réussite de l’autre crée de la valeur pour l’ensemble et donc, pour moi. Ramené aux écoles, cela signifie que réussir seul n’a aucun intérêt. Si je crois à la compétition, c’est à la seule compétition internationale. Ce qui m’intéresse, c’est la compétitivité de l’enseignement supérieur de la France. La compétition au niveau national, hormis de petits effets positifs comme une éventuelle émulation, n’est pas du tout à la hauteur des enjeux. Elle est même dévastatrice, voire mortifère.
>>>> Pour aller plus loin : découvrez les nouvelles pépites de GEM annoncées par Loïck Roche lors de la présentation du nouveau plan stratégique de Grenoble Ecole de Management en mars 2021
Pourquoi GEM aura encore un coup d’avance dans 5 ans ?
Parce que comme nous avions anticipé l’évolution des business schools en « schools for business for society », nous nous projetons déjà, avec le GEM Digital Twin et les technologies responsables, sur ce que seront (au moins pour partie), les business schools en 2025