En cohérence avec la stratégie 2023 – 2027 de l’Institut Mines-Télécom (IMT), le dernier Contrat d’Objectifs et de Performance (COP) de l’école souligne son engagement à former et diplômer davantage d’ingénieurs, à contribuer significativement à travers ses différents métiers, aux grands enjeux de l’économie et de la société sur le territoire national et au niveau européen. Odile Gauthier, directrice générale de l’IMT explique comment l’établissement compte relever le défi.
Quel est le premier atout de l’IMT face à ce challenge ?
L’Institut Mines-Télécom (IMT) est le premier groupe public de grandes écoles d’ingénieurs et de management de France. J’insiste sur la notion de groupe qui renvoie à un établissement public unique – composé de sept écoles d’ingénieurs, une école de management et deux filiales – et non pas à un réseau comme les Ecoles Centrale ou les INSA par exemple. Ce modèle fédératif offre à l’Institut et à ses écoles, de nombreux avantages. Par exemple, chaque école continue à nouer des partenariats au niveau de son territoire, au niveau national et international (à travers l’alliance universitaire EULiST dont l’IMT est membre notamment) mais dans lesquels elle peut aussi entrainer le groupe. Et inversement l’établissement porte, dans son ensemble, des projets qui apportent à chaque école, comme dans le cadre du Programme et équipement prioritaire de recherche (PEPR) 5G et Réseaux du futur que l’IMT copilote avec le CEA et le CNRS.
L’Institut Mines-Télécom vient d’annoncer l’augmentation de 300 euros de ses droits de scolarité à la rentrée prochaine : pourquoi ce choix ?
C’est une forme de maintien de l’équilibre et de contribution au plan de croissance.NotreCOP prévoit à la fois la poursuite de l’augmentation de la subvention de l’Etat (7 millions en 2024, ce n’est pas rien) et l’augmentation de nos ressources propres. Je veux donc être claire, on n’augmente pas nos frais de scolarité parce qu’il n’y a pas de moyens par ailleurs. Cette augmentation des droits de scolarité (qui devrait représenter 4 à 500 000 euros de budget supplémentaires) s’inscrit dans notre objectif de servir la société. Nous voulons augmenter de 20 % le nombre d’élèves ingénieurs d’ici 2027 (nombre que nous avons déjà augmenté de 30 % en 10 ans) : ça ne se fait pas comme ça ! Cela demande des investissements en termes d’équipements, des changements de pratiques pédagogiques, une réorganisation des programmes etc. Je tiens également à rappeler que nous accueillons 30 % de boursiers et qu’un tiers de nos élèves sont en apprentissage. Nous avons aussi développé des dispositifs d’aides financières à destination des étudiants non boursiers, comme le demi-tarif pour celles et ceux qui se trouvent juste au-dessus des seuils de bourse, ou des aides allouées par la Fondation par exemple. Par ailleurs, il ne faut pas oublier que ce qui coûte finalement le plus cher aux étudiants, ce n’est pas leur scolarité, mais le logement. C’est pour cela que nous essayons de maintenir un maximum de résidences étudiantes et des tarifs de restauration accessibles, que nous mettons en place des bourses spécialisées, des aides pour la mobilité internationale etc. Oui l’élément financier est présent pour nos étudiants mais nous mettons des dispositifs en place pour qu’il ne constitue pas une limite.
Revenons sur cet objectif de former 20 % d’ingénieurs supplémentaires à horizon 2027. Sur quels leviers pouvez-vous jouer pour y parvenir ?
Ils sont de deux ordres. Premièrement, notre organisation et les moyens qui lui sont alloués pour maintenir des formations de qualité bien encadrées. C’est une problématique quotidienne de nos écoles qui implique des questions aussi diverses que la réforme des maquettes ou la réallocation d’espaces par exemple. Deuxièmement, la question du vivier, dans un contexte où nous n’avons pas une démographie favorable et où les jeunes ne se tournent plus vers les sciences. Pour ce faire, nos écoles mettent en place des expérimentations, à l’image d’IMT Nord-Europe qui propose depuis 2022 une année passerelle Programme d’intégration ingénieur en apprentissage. Une formation d’un an en mathématiques / physique permettant aux détenteurs d’un bac +2/3 en sciences de se préparer pour intégrer l’IMT en alternance. Cette année, une cinquantaine d’élèves devraient être recrutés par ce biais. Autre exemple, le parcours postbac en ingénierie de la santé montée par l’Ecole des Mines de Saint-Etienne avec le CHU de Saint-Etienne devrait être assez attractive pour les jeunes femmes. Il s’agit d’un cycle de deux ans qui permettra à ses participants de rejoindre la première année d’un programme ingénieur ou d’intégrer des études de santé. La première rentrée devrait avoir lieu en septembre 2025 et nous pourrions déployer cette formation dans d’autres écoles avec les CHU locaux à partir de septembre 2026/2027.
Concernant le vivier des jeunes femmes justement, on vous a fixé l’objectif de passer de 22 % à 30 % d’étudiantes à la rentrée 2030. Un objectif (trop) ambitieux ?
C’est un objectif très ambitieux, mais il faut savoir se donner des objectifs ambitieux pour mettre en place des mesures efficaces ! C’est d’ailleurs dans cette dynamique que seront lancés de nouveaux dispositifs à Saint-Etienne, à Albi et à IMT Atlantique aux rentrées 2025/26/27. Les doubles diplômes peuvent aussi œuvrer en ce sens – à l’image du double diplôme entre l’Ecole des Mines de Saint-Etienne et emlyon business school – tout comme notre formation pharmacien-ingénieur proposée à Albi (35 % d’étudiantes). Mais se fixer des objectifs ambitieux nécessite aussi d’agir en amont pour inciter plus de collégiennes et de lycéennes à se tourner vers des études scientifiques et nos écoles d’ingénieurs, comme nous le faisons à travers notre programme d’ambassadrices notamment. J’en profite pour rappeler un point important : une jeune femme diplômée d’une école d’ingénieurs de l’IMT (ou d’une autre école d’ingénieurs d’ailleurs), peut choisir le métier et l’entreprise qu’elle veut. Energie, économie circulaire, génie civil, bâtiment, nucléaire, intelligence artificielle appliquée au luxe… aucune porte ne lui sera fermée !