« Former des ingénieurs avec une tête bien faite ». Tel était le souhait du fondateur de l’Université de Technologie de Compiègne (UTC) en 1972. 50 ans après, l’ambition est toujours la même au quotidien. La recette ? Combiner sciences de l’ingénieur et sciences humaines et sociales sans jamais oublier d’innover. De quoi permettre à l’établissement d’avoir toujours un coup d’avance, comme nous le prouve Claire Rossi, directrice adjointe de l’UTC et enseignante-chercheuse en biologie. Interview réalisée en mars 2022
Une actualité marquante pour la rentrée de septembre 2022 ?
L’ouverture d’un nouveau cursus en septembre avec l’EDHEC Business School. Un bachelor en ingénierie digitale et management qui mêle nos compétences d’école d’ingénieurs avec celles d’une grande business school.
Pourquoi ce nouveau cursus ?
A l’UTC, nous développons une approche basée sur l’hybridation des savoirs pour que les étudiants acquièrent des compétences qui leur serviront pour les métiers de demain. Nous souhaitons ensuite casser les codes de contenus dans nos cursus d’ingénieur en développant, avec des partenaires d’excellence, la mixité des approches, comme ici le management de haut niveau avec l’ingénierie digitale. Ce sont des métiers recherchés par les entreprises et nous sommes les premiers à former à cela.
Une fierté à nous partager ?
Le nouveau classement de L’Obs qui nous désigne meilleure école d’ingénieurs post-bac en 2022. Un classement qui met en avant notre innovation avec la formation Hutech (Cursus Humanités et technologie) qui nous différencie vraiment des autres.
L’innovation a justement une place importante à l’UTC, avec sa mission de « Transformer des connaissances et des savoirs en innovations de tous ordres ». Comment cela se traduit-il concrètement ?
Cela se décline en plusieurs aspects. La culture de l’innovation est assez ancrée parmi le personnel et les étudiants. Cela transparait notamment dans les activités de recherche, de conseil et dans les activités partenariales avec les entreprises qui viennent chercher notre expertise. Nous avons ensuite un dispositif d’accompagnement à l’entrepreneuriat tout au long du cursus. Les étudiants travaillent énormément par projets : ils arrivent avec un concept, le développent tout au long du cursus et cela aboutit parfois à la création d’une société ou à la participation à des concours. Nous avons en moyenne 15 à 20 projets concours par an.
Qu’en est-il de la question de développement durable ?
Nous sommes en train d’enclencher un tournant à l’UTC sur les questions d’environnement, de développement durable et de responsabilité sociétale. Une approche très transverse et communautaire pour mettre en avant l’UTC comme démonstrateur à l’échelle de l’université et de la ville. Nous souhaitons que nos innovations scientifiques soient utilisables par les usagers.
Parlez-nous de la stratégie DD&RS que vous menez actuellement.
Nous voulons que notre stratégie soit créée avec l’ensemble de la communauté UTC, soit plus de 4 000 personnes et opinions, ce qui n’est pas simple ! Nous nous sommes donnés une année pour la mettre en place. Depuis octobre 2021, des groupes de recherche (personnels, chercheurs, étudiants) travaillent à faire émerger un plan d’action. Nous sommes aujourd’hui à mi-parcours. L’objectif est de faire une consultation générale en juin avec les propositions des groupes de travail et de proposer un plan d’action voté au conseil d’administration en octobre 2022 afin d’être prêts pour nos 50 ans en 2023. Son thème : le développement durable et la responsabilité sociétale.
L’UTC compte 52 % de jeunes filles en post-bac et 41 % au total. Le résultat d’une politique volontariste menée par l’école ?
Nous n’avons pas de politique affichée avec des actions spécifiques de recrutement de filles. Nous sommes beaucoup dans l’exemple. Sur nos réseaux sociaux ou dans notre magazine Interactions par exemple,nous développons beaucoup les portraits de femmes ingénieures exemplaires avec de beaux parcours. En interne, nous avons de nombreuses femmes scientifiques avec un cursus affirmé qui sont autant de « locomotives » et d’exemples pour les jeunes femmes qui intègrent l’UTC. Nous soutenons ensuite les étudiantes dans leurs projets pour qu’elles se sentent libres d’entreprendre.
La pépite de l’UTC ?
Je pense à un projet scientifique mené par Cécile Legallais, chercheuse du CNRS au laboratoire Biomécanique et Bioingénierie (CNRS/UTC) sur « la dialyse verte ». Avec son équipe, elle cherche à améliorer la procédure de l’hémodyalise dont le bilan écologique est lourd, en recyclant au mieux l’énorme quantité d’eau perdue au cours de l’opération.