Le 16 mars dernier, le NOISE (Nouvel Observatoire de l’Innovation Sociale et Environnementale) et la Red de Emprendedores Sociales (Réseau d’Entrepreneurs Sociaux Espagnoles) co-organisaient pour la première fois à Madrid une Rencontre Etudiante Européenne pour l’Innovation Sociale. Réunissant entrepreneurs locaux et étudiants européens, l’événement avait vocation à élargir à la dimension européenne la réflexion sur l’entrepreneuriat social…
A l’ICADE business School de Madrid, un samedi après-midi, une salle de classe réorganisée pour l’occasion se remplit peu à peu d’étudiants venus d’Espagne, de France et de Navarre. Beaucoup de Parisiens et de Madrilènes, mais aussi un Barcelonais, quelques Allemands, un ou deux Russes et une poignée d’Indiens complètent bientôt l’auditoire. Leur point commun ? Un intérêt pour l’entrepreneuriat et l’innovation sociale, le désir d’en apprendre davantage et l’envie d’être soi-même acteur des changements de demain… Avec, dans le cas des Espagnols, le souci particulier de mettre ces principes en application pour initier une sortie de crise.
Vers une approche multiculturelle
Quelques entrepreneurs locaux présentent leur projet et échangent avec les étudiants sur la viabilité de leur business model. Les Français présentent à leur tour les principaux acteurs nationaux, tels que MakeSense, La Ruche, Groupe SOS, dans l’optique de permettre à l’auditoire de comparer les avancées des deux voisins européens en la matière. «En Espagne, on n’encourage pas vraiment l’esprit d’entrepreneuriat, confie Braulio Pareja, fondateur de la Red de Emprendedores Sociales. En effet, la culture bureaucratique de certains pays méditerranéens incite peu à la création d’entreprise : «La norme est plutôt de devenir fonctionnaire ou de rejoindre un grand groupe, sauf qu’il n’y a plus de travail. Nous avons tellement de problèmes de chômage que le fait de créer sa propre entreprise est déjà considéré comme quelque chose de social en soi !» Finalement, les étudiants se répartissent en groupe pour plancher sur une problématique d’actualité : le chômage chez les jeunes. Les idées se succèdent ; certains proposent de développer une plateforme permettant d’orienter les jeunes chômeurs vers les zones rurales en déficit de travailleurs, pour acquérir une première expérience. D’autres suggèrent des formations stimulant la confiance en soi… Bilan de l’après-midi : beaucoup de dynamisme et de bonne humeur, un échange, des rencontres et des idées. Un beau succès pour le NOISE et la Red de Emprendedores Sociales, scellant pour la première fois une coopération étudiante trans-nationale dans ce domaine, et dont la spontanéité reflète l’esprit d’initiative d’une jeunesse en pleine ébullition…
L’entrepreneuriat social, un remède pour l’Europe ?
«La culture du réseau est prédominante dans le milieu de l’entrepreneuriat social : les jeunes générations, plus familiarisées à cette esprit communautaire, ont un rôle clef à jouer», confie Olivier Delbard, professeur de sciences sociales à ESCP Europe et spécialiste en développement durable et entrepreneuriat social. Selon lui, l’innovation sociale pourrait bel et bien être une réponse à la crise de l’Europe : « Avec les conséquences de la crise sur l’argent publique et toutes les restrictions budgétaires que cela implique, l’entrepreneuriat social pourrait être une manière de palier au déficit d’Etat Providence. Il existe clairement une volonté politique européenne pour encourager ce mouvement. L’une des priorités de la Commission Européenne est bel et bien l’entreprenariat social, notamment dans la directive en cours de préparation sur le marché unique : la création d’un fond européen pour financer ces projets est un enjeu central.»
Le NOISE passe au décibel supérieur Peut-être aviez-vous déjà entendu parler du NOISE, cette jeune association promouvant l’innovation sociale au sein du milieu étudiant parisien. Il y a quelques mois, nous évoquions déjà les débuts prometteurs de cette nouvelle communauté étudiante : co-fondée il y a deux ans par Maëva Tordo, la directrice actuelle de l’incubateur de ESCP EUROPE, le NOISE doit en effet son succès aux liens étroits qu’il a su tisser avec d’autres acteurs clés de l’entrepreneuriat social français, tels que OuiShare, La Ruche, MakeSense, mais aussi au dynamisme de ses membres, restant souvent fidèle à l’association une fois rentrés dans la vie active ou établis à l’étranger. En rencontrant à Madrid son homologue espagnol, La Red de Emprendedores Sociales, l’ambition du NOISE – de développer un réseau européen favorisant la coopération et la réflexion en matière d’innovation sociale – semble prendre de l’ampleur. Ayant déjà organisé une rencontre avec des entrepreneurs berlinois en novembre dernier, l’association se développe activement sur les autres campus de ESCP Europe (Londres, Berlin, Madrid), et projette d’élargir son recrutement à d’autres écoles et universités parisiennes pour la rentrée prochaine…
Alizée GAU