Mardi 27 novembre 2018, le Journal des Grandes Ecoles et Universités a organisé sa deuxième table ronde en partenariat avec la business school Audencia sur son campus parisien. Le thème ? « Startup ou CAC 40, les tips pour devenir une femme d’influence dans l’entreprise ». Révélations, partage d’expériences, coaching, les clichés ont été balayés par nos six speakers de choix : Françoise Gri (femme d’entrepriseS et membre du CA d’Audencia), Cynthia Mérope (Finance & IS Director – membre du Board de Metro France), Anne Billaz Le Leap (CEO de Lagardère Active Enterprises), André Sobczak (Directeur académique & de la recherche d’Audencia et co-initiateur du programme #Negotraining), Clara Dikita (ancienne vice-présidente de la CNJE et étudiante à l’ISEP) et Mathilde Le Roy (fondatrice de KAZoART). Plus d’excuses pour ne pas pulvériser ce plafond de verre !
Montez dans le pipe du leadership
Conseil d’Administration, CoDir, réseaux … Influence ou pouvoir, impossible de faire l’impasse sur ces places stratégiques pour faire bouger les lignes dans l’entreprise. Oui, mais comment les atteindre ? Pour Françoise Gri, citée parmi les 50 femmes d’affaires les plus influentes du monde par le classement du magazine américain Fortune, les barrières sont dans nos têtes. « Pas de gap, pas de handicap. Ne vous posez pas de questions et dites-vous que votre différence est votre force », conseille-t-elle. Cynthia Mérope, 1ère femme du Board de METRO France, confirme. « Reconnaissez ce que vous êtes et laissez vos compétences parler pour vous. » Tandis qu’Anne Billaz Le Leap, à la tête de la stratégie monde pour les activités de licences ELLE hors média depuis 2017, recommande avant tout la patience. Tout vient à point à qui sait se vendre.
« Devant les remarques sexistes, j’utilise l’humour et j’en ai même créé un « jeu d’indélicatesses » pour les mettre en lumière aux yeux de mes collègues » – Cynthia Mérope, Finance & IS Director – membre du Board de Metro France
Jonglez entre savoir-faire et faire savoir
Le personal branding est donc un atout de taille pour percer le cercle fermé du leadership, mais les femmes semblent encore trop hésiter à le pratiquer. « Les femmes savent négocier mais elles ont peur de le faire pour booster leur carrière ou demander une rémunération », a pu constater André Sobczak, avec les participantes de son programme gratuit #Negotraining qui a déjà formé plus de 1 000 femmes. Tous les intervenants s’accordent : l’auto-promo n’a rien de négatif. « Ne vous positionnez pas comme des victimes ! », prescrit Françoise Gri. Savoir communiquer sur soi-même fait partie du job. Le do ultime pour s’imposer.
« Quand j’étais chez Manpower, le CEO m’a avoué que depuis qu’il y avait des femmes au COMEX international, on bossait plus ! » – Françoise Gri, femme d’entrepriseS et membre du CA d’Audencia
Plongez dans le grand bain
Oser assumer ses ambitions. Facile à dire … mais pas facile à faire ! Du changement de cap à la révolution professionnelle, comment oser plonger dans le grand bain sans avoir peur de se noyer ? Clara Dikita, la caution étudiante de la table ronde, est bien placée pour en parler, elle qui a pitché devant Emmanuel Macron lors du salon VivaTech lorsqu’elle était vice-présidente de la Confédération Nationale des Juniors Entreprises.« C’était un grand challenge alors que j’avais à peine 20 ans. J’ai vite compris que le secret est de bien s’entraîner et de s’estimer légitime pour se lancer sans se pétrifier. » « Tout est une question de confiance en soi, ça se travaille », ajoute Mathilde Le Roy, qui a créée KAZoArt, une sorte de market place en ligne pour acheter des oeuvres d’art, en auto-entrepreneure 4 ans auparavant. Devenez des gladiateurs en tailleur !
« Il n’y a pas un seul profil de femme qui réussit, nous sommes toutes capables de nous réaliser » – Mathilde Le Roy, fondatrice de KAZoART
Marre de vous faire avoir ?
Aujourd’hui encore, en Europe, il faut 60 jours supplémentaires de travail par an à une femme pour atteindre la rémunération d’un homme. Un constat qui fait froid dans le dos et pousse à la révolte. Salaire, avantages, missions, postes … Les femmes ont parfois de quoi se sentir arnaquées. Pour transformer l’essai, André Sobczak donne un conseil simple mais efficace : « Pour obtenir ce que vous voulez, formez des réseaux de femmes. Entraidez-vous et osez-vous battre ensemble ». Le ownership peut aussi se construire à plusieurs. D’après Anne Billaz Le Leap, qui a réussi à obtenir une promotion après ses congés maternité, « il faut se rendre indispensable pour être en mesure de pouvoir négocier nos conditions de travail ». A méditer.
« Ne soyez plus timides, exprimez haut et fort votre potentiel » – André Sobczak, Directeur académique & de la recherche d’Audencia et co-initiateur du programme #Negotraining
Biberon ou CoDir
Choix posé ou imposé, les femmes craignent souvent que leur maternité soit un frein à leur carrière. Pourtant, les deux ne sont pas incompatibles assurent les intervenants. Vie professionnelle et vie de famille peuvent très bien s’équilibrer. « Au fond, ce n’est pas la quantité de temps passé avec ses enfants qui compte, c’est la qualité des moments passés ensemble » , tient à souligner Mathilde Le Roy. Cynthia Mérope et Françoise Gri privilégient par exemple le petit-déjeuner avec leurs enfants. A chacune sa façon d’être « une bonne mère ». Hors de question de se laisser culpabiliser par sa belle-mère ou sa copine !
« Les femmes françaises sont un vrai modèle à l’international concernant l’équilibre entre vie pro et vie privée » – Anne Billaz Le Leap, CEO de Lagardère Active Enterprises
Game over pour le syndrome de la bonne élève
Les femmes continuent cependant à s’autocensurer, atteintes du syndrome de la bonne élève. En effet, certaines se brident elles-mêmes et refusent des postes à responsabilités par peur de ne pas réussir à concilier vie professionnelle et vie familiale. « Ce n’est pas une mauvaise chose d’être une bonne élève en soi. Être organisée et bosser dur m’a par exemple permis de lever 1,5 millions de fonds d’investissement pour ma startup », illustre Mathilde Le Roy. Clara Dikita préfère prendre des risques. « Si on a les compétences, rien ne sert de se limiter. » Mieux être qui fera la différence que celle qui obtiendra la bonne note. Surtout pour briser le plafond de verre semble-t-il.
« Tout vous est permis, vous pouvez tout faire alors foncez ! » – Clara Dikita, ancienne vice-présidente de la CNJE et étudiante à l’ISEP
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