PROJET EGERA : l’Europe veut lutter contre le « GENDER BLINDNESS »

HÉLÈNE PÉRIVIER, ÉCONOMISTE À L’OBSERVATOIRE FRANÇAIS DES CONJONCTURES ECONOMIQUES DE SCIENCES PO, TRAVAILLE SUR LE PROGRAMME SUR LE GENRE PRESAGE ET COORDONNE LE PROJET EUROPÉEN EGERA SUR L’ÉGALITÉ FEMMES/HOMMES DANS LE SUPÉRIEUR.

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COMMENT ABORDEZ-VOUS LE PROJET EGERA ?
EGERA veut dire Effective Gender Equality in Research and the Academia. Sur 4 ans, 8 établissements d’enseignement supérieur européens vont travailler sur les changements structurels nécessaires dans le supérieur en faveur de l’égalité femmes/hommes. Ces actions sont financées par l’UE et développées dans le cadre du volet « Sciences et Société » du 7e Programme Cadre de Recherche et de Développement Technologique. L’UE entend faire évoluer la manière dont est menée la recherche, car une recherche aveugle du point de vue du genre ou gender blindness, engendre une production inadaptée à nos sociétés. Ainsi, les tests pour les médicaments sont menés sur des rats mâles. La recherche est donc aveugle quant aux différences biologiques entre hommes et femmes.

 

POURQUOI SCIENCES PO A-T-ELLE ÉTÉ CHOISIE POUR COORDONNER CE TRAVAIL ?
Au travers du programme sur le genre PRESAGE (Programme de Recherche et d’Enseignement des SAvoirs sur le GEnre piloté depuis l’OFCE), Sciences Po s’est positionnée en leader en matière de recherche et de production de savoirs dans ce domaine. Cela dit, Sciences Po en tant qu’institution a des efforts à faire : une seule femme enseigne en Grand Cours de 1e année alors qu’il y a 60 % d’étudiantes !

 

QUELS SONT VOS AXES DE TRAVAIL ?
Nous avons défini trois étapes afin de renouveler la façon de mener la recherche :
• Observer s’il existe des inégalités entre les sexes dans les carrières académiques, et mettre en place les procédures pour les contrer,
• Déterminer si les savoirs produits tiennent compte d’une perspective sexuée chaque fois que cela est pertinent,
• Transmettre une « culture de l’égalité » dans nos institutions et construire une « communauté de pratiques » européenne.

 

QUELS SONT LES OBJECTIFS DE LA DYNAMISATION DE LA RECHERCHE SUR LE GENRE ?
Cela va au-delà de l’égalité dans les carrières académiques. Elle est une réflexion conceptuelle autour de l’idée qu’il y aurait une performance à tirer de la complémentarité entre les sexes. La complémentarité ancre l’idée de différence. Or, vouloir faire de la différence un instrument de performance, c’est perdre de vue le fait que les actions en faveur de la promotion des femmes aux postes à responsabilité par exemple, est avant tout lié à un principe fondamental de justice. Si on a besoin d’un argument économique pour être entendu des entreprises, il serait plus opportun de dire que restreindre ses recrutements pour les postes à responsabilité à un vivier d’hommes blancs, interdit de recruter dans un capital humain plus vaste.

 

IL EN VA DONC DE LA JUSTICE ?
De nombreuses études pointent la conciliation des temps de vie comme un frein à la carrière… pour les femmes mais pas pour les hommes. C’est la vraie question et non de savoir si la recherche serait plus productive si menée par des équipes mixtes. Cela interroge nos organisations économiques et sociales et rejoint des problématiques très structurantes pour nos sociétés. Enfin, l’égalité c’est aussi le partage à égalité du pouvoir. Ceux qui le tiennent ne sont pas toujours prêts à le partager !

 

Les universités partenaires DU PROJET EGERA
Sciences Po Paris, France
Université Autonome de Barcelone (UAB), Espagne
Université d’Anvers (UA), Belgique
Université Radboud de Nimègue (SKU), Pays Bas
Université de Vechta (Vechta), Allemagne
Université Technique du Moyen-Orient, Ankara (METU), Turquie
Centre de recherche sur le changement global, (Czech Globe), Rep. Tchèque
Centre de recherche sociologique et d’intervention sociale (CESIS), Portugal

 

ADF

 

Contact :
http://www.programme-presage.com/egera.html