L’industrie spatiale est en profonde transformation. Yohann Leroy (X97), CEO de MaiaSpace, partage les ambitions de cette entreprise qui développe le premier mini-lanceur européen réutilisable. Animé par un défi de souveraineté, le projet Maia envisage de doter l’Europe des technologies essentielles à la conquête du New Space. Le défi ? Associer technologie de pointe et diminution de l’impact environnemental d’une industrie prometteuse. Rencontre.
Quels sont les enjeux portés par MaiaSpace ?
Nous évoluons dans un secteur aux confluents de trois grandes problématiques : technologique, de souveraineté et environnementale. L’industrie spatiale vit une révolution technologique, dont le développement des micro-lanceurs et de la réutilisation sont des marqueurs. Nous pouvons nous appuyer sur l’expertise d’ArianeGroup (dont nous sommes une filiale à 100 %) tout en conservant les caractéristiques et la flexibilité d’une startup. Un élément essentiel pour relever notre défi qui vise à développer en moins de quatre ans un produit de rupture ! Parallèlement, nous contribuons par nos activités à maintenir un accès durable à l’espace pour l’ensemble des pays européens.
Quels sont les défis du spatial responsable ?
Pour plusieurs raisons, l’industrie spatiale n’a spontanément pas placé la problématique environnementale au cœur de ses enjeux ! Notre premier objectif a donc été d’investir dans la recherche pour mieux caractériser et standardiser la mesure de l’impact de l’ensemble du cycle de vie d’une fusée. Nous savons désormais que les matériaux et le type de carburant utilisés sont par exemple des variables essentielles à prendre en compte dans le design de notre produit. Nous travaillons également à un service d’enlèvement de débris en orbite (en synergie avec notre activité de service de lancement) pour la préservation de l’environnement spatial qui est un autre enjeu pour lequel nous sommes pleinement mobilisé.
Parlez-nous des projets sur lesquels vous travaillez justement ?
Développer un mini-lanceur c’est Rocket science (c’est-à-dire extrêmement complexe) alors,concevoir un mini-lanceur réutilisable c’est Rocket science… au carré ! C’est un marché en pleine expansion et MaiaSpace a pour ambition de faire ce qui n’a jamais été fait ! À court terme, nous visons un vol inaugural pour fin 2025, et une première démonstration de réutilisation en 2026. À moyen terme, nous allons monter en cadence et en performance, et devenir un opérateur de mobilité spatiale au sens large.
Vous allez avoir besoin d’aide ! Quels profils pour rejoindre votre équipe ?
MaiaSpace recherche avant tout la qualité et la complémentarité. Nous sommes passés de 0 à 100 collaborateurs en seulement 15 mois ! Un nombre voué à doubler rapidement. D’une dizaine de nationalités différentes, notre équipe n’est pas une addition d’individualités mais bien un collectif riche de sa diversité, d’âge, d’expérience et de culture. J’aime bien prendre l’exemple du rugby : une équipe peut être composée des meilleurs joueurs mais elle ne sera excellente que s’ils savent jouer ensemble en utilisant les points forts de chacun ! Nous avons besoin d’ingénieurs à la tête bien faite qui aiment travailler à plusieurs, des spécialistes très forts dans leur domaine mais toujours curieux d’apprendre.
Votre conseil aux X ?
Il ne faut pas viser tout de suite la Lune car on va toujours plus loin si on accepte de ne pas sauter les étapes. Les meilleurs managers que j’ai rencontrés sont ceux qui ont gravi les échelons un à un. C’est en mettant les mains dans le cambouis qu’on devient légitime.
Une passion ?
Je me suis récemment découvert une passion pour la course à pied et les ultra-trails. Humilité et abnégation dans l’effort imprègnent ce sport qui nécessite de parcourir des distances longues voire très longues ! Des valeurs et des qualités essentielles pour réussir aussi dans le monde professionnel.
Chiffres clés
Premier vol orbital prévu en 2025
100 % filiale d’ArianeGroup
100 salariés de 10 nationalités différentes
Contact : yohann.leroy@maia-space.com