Entre excellence scientifique et maîtrise des ressources, le métier de l’ingénieur du futur reste à définir. Delphine Riu, directrice de Grenoble INP-Ense3, partage sa vision (?) pour y parvenir.
Comment répondez-vous aux défis du monde actuel ?
L’école Grenoble INP-Ense3 est au cœur des enjeux sociétaux et environnementaux actuels. Il est donc aujourd’hui essentiel d’interroger le rôle et la place de l’ingénieur·e dans les années à venir et de repEnser notre modèle de formation en conséquence. Dans quel secteur peut-il être le plus utile ? Comment minimiser son impact sur l’environnement et répondre aux vrais besoins de la société et du monde socio-économique ? Dans ce contexte, notre mission est de répondre à la fois aux besoins des entreprises en termes d’excellence scientifique et d’innovation, et aux attentes des élèves vis-à-vis d’une ingénierie plus sobre.
Sous quelles formes s’exprime cette réflexion ?
Nous avons défini trois axes de progrès. Le premier repose sur la transformation de la maquette pédagogique pour intégrer les enjeux socio-écologiques dans la formation des ingénieurs. Nous avons ouvert un semestre de dernière année, PISTE, à tous les élèves de Grenoble INP pour les former à d’autres approches en ingénierie. Nous allons également nous attacher à développer, par le biais d’Enseignements transversaux, une vision systémique dès la 1ère année, indispensable à la complexité des problématiques environnementales et sociétales. Un ingénieur doit savoir appréhender un système complexe à travers une vraie démarche scientifique et identifier tous les liens de corrélation et d’interactions entre toutes ses composantes.
Et vis-à-vis du tissu économique local ?
C’est notre second axe de travail : développer nos partenariats avec les acteurs publics, les collectivités et les PME locales. Avoir un impact à quelques kilomètres de l’école donne un vrai sens à ce que nous faisons. Nous essayons de définir des engagements conjoints autour du développement durable et de la responsabilité sociétale, à l’image de notre tiers-lieu qui sera ouvert au grand public pour mieux comprendre les attentes et travailler sur des projets de conception, de prototypage, d’exposition, de débats, d’initiation aux sciences… Notre tout nouveau Club des Partenaires constituera aussi un espace de dialogue et d’échange pour toutes les personnes qui ont envie de travailler avec nous. Nous entendons ainsi avoir un véritable impact sociétal et travailler plus étroitement avec toute personne préoccupée par les enjeux autour de l’eau et de l’énergie.
Les Journées Ingénieurs Acteurs des Transitions (JIATs)
Les Journées Ingénieurs Acteurs des Transitions (ou JIATs) ont vocation à placer les enjeux de société au cœur des débats entre étudiants et entreprises. « Nous sommes dans un monde socio-économique qu’il faut accompagner dans sa transition. L’idée est de créer une bulle dans laquelle chacun peut travailler Ensemble et débattre. Cela implique pour tous les acteurs de transformer leur posture afin de répondre aux attentes des uns et des autres. »
Et à l’international ?
Les partenariats internationaux constituent notre troisième axe de développement à la condition qu’ils soient pertinents et durables. Nous avons défini une cartographie de critères pour engager un partenariat ou non. Autre plan de développement : celui de nos relations avec les écoles de Grenoble INP, l’IAE notamment, via des dispositifs transversaux. Objectif : développer l’interculturalité et la multidisciplinarité entre les métiers de manager et d’ingénieur.
Finalement, étudier à Grenoble INP-Ense3, c’est… ?
Trouver une formation de haut niveau scientifique, adaptée aux enjeux actuels, une vraie camaraderie, de la solidarité, de l’écoute et la possibilité de construire son projet : nous nous engageons à ce qu’un élève puisse mener un projet personnel jusqu’à son terme et ainsi donner du sens à ses études.
Le message de Delphine Riu
« À celles et ceux qui nous rejoignent à la rentrée 2023, je leur dirais : Engagez-vous ! C’est le meilleur moyen de vous sentir utile, de lutter contre l’éco-anxiété, d’agir et de faire ce dont vous avez envie. Et à nos jeunes dip’, n’oubliez pas que vous avez un rôle central en entreprise mais aussi dans la société. Alors revenez de temps en temps pour rencontrer nos élèves et construire le monde de demain avec nous. »
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« Rejoindre Grenoble INP-Ense³, c’est faire un vrai choix engagé ! » – L’interview de Delphine Riu
Dans le cadre de la consultation étudiante sur le plan d’investissement France 2030, les étudiants de Grenoble INP-Ense³ont pu prouver une fois de plus cet engagement pour le collectif qui les caractérise. Delphine Riu, directrice de l’école d’ingénieurs, nous en dit plus. Interview réalisée en juillet 2022 par Clarisse Watine
Grenoble INP-Ense³ : l’école parfaite pour relever les défis de demain ?
Nous formons nos ingénieurs à résoudre les problématiques liées à la transition énergétique, à la prévention des risques environnementaux, mais aussi à la ville durable dans laquelle l’énergie, l’eau ou la mobilité sont des questions centrales. Nous développons aussi des formations autour des enjeux de compétitivité et de cohésion des territoires avec, entre autres, un parcours Innovation et entrepreneuriat en trois ans. Deux thématiques sui nous sont chères, comme en atteste la success story de Phoenix Mobility une startup créée par de tous jeunes diplômés qui conçoit et produit des kits de conversion permettant de transformer des véhicules essence ou diesel en véhicules 100% électrique. Je pense aussi à l’association Tri’Haut pour l’Everest, initiée par quatre de nos étudiants et qui permet de se débarrasser des déchets plastiques en zone montagneuse grâce à une solution de pyrolyse.
L’engagement : une marque de fabrique des étudiants de Grenoble INP-Ense³ ?
Ils sont très engagés car lorsqu’ils nous rejoignent, ils font un vrai choix. Celui d’une école elle-même très engagée pour l’énergie, l’eau et l’environnement, qui leur permettra d’apporter des solutions en France et à l’international au changement climatique, à la lutte contre la précarité énergétique, à l’accès à l’eau etc. avec une grande créativité et beaucoup d’initiatives. A Grenoble INP-Ense³, ils trouvent un terrain pour s’exprimer : ce n’est pas pour rien que nous nous revendiquons comme une « école bac à sable » !
De quoi favoriser l’émergence de pépites !
Effectivement ! A ce titre, je citerais le projet co-porté par Jérôme Delamare, enseignant et serial-entrepreneur et nos étudiants, amenée à révolutionner la mobilité en ville via le transport de biens et de personnes en ballon dirigeable. Cette solution qui va donner naissance à une entreprise et à une chaire de recherche. Un projet auquel nos étudiants ont participé avec enthousiasme et engagement à la construction du business model, au travail sur les solutions techniques autour de la motorisation, au bilan environnemental et économique du projet… De grandes entreprises comme RTE sont déjà très intéressées par le projet !
« N’ayez pas peur d’être ambitieuses » ! A Grenoble INP-Ense³,nous comptons près de 27 % d’étudiantes. Cela reste insuffisant bien sûr, mais pour une école technique comme la nôtre, nous sommes plutôt bien placés sur nos disciplines. Mon message à celles qui voudraient nous rejoindre ? N’ayez pas peur d’être ambitieuses ! Ambitieuses dans votre choix d’études, de métiers et de carrières. Votre diplôme va vous permettre d’engager le changement : alors engagez-vous !
« J’ai toujours voulu être ingénieure ! »
Etudiante dans la filière Énergie Nucléaire, Raphaëlle Lanoy est aussi présidente de l’association Junior Ense³. Rencontre avec une étudiante engagée.
« J’ai choisi Grenoble INP-Ense³ car c’est une école qui traite de l’énergie, un secteur à fort enjeu pour l’avenir, dans sa globalité. Je voulais faire du nucléaire et l’école était parfaite pour ça : elle m’a permis de mieux comprendre son rôle dans le mix et la transition énergétiques mais aussi ses enjeux par rapport à la dimension environnementale. J’aime qu’Ense3 soit dans un réseau : ça permet de développer des compétences transverses et des liens avec toutes les assos de l’école et de Grenoble INP. Car la vie associative est très importante pour moi qui suis présidente de la Junior-Entreprise de l’école. En plus de la technique, j’ai appris beaucoup sur le management, la gestion d’équipe, la communication, la façon d’investir des gens dans un projet et de travailler avec des compétences différentes au service d’un projet commun). C’est une expérience qui me permet de parler avec des industriels, de rencontrer des profils issus d’autres filières, de tester des choses nouvelles, bref : de me découvrir ! »