Relation salariés / dirigeants, je t’aime moi non plus

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Les salariés français sont-ils schizophrènes ? Entre la réalité de leurs sentiments personnels vis-à-vis de leur entreprise et de leur patron ; et l’opinion publique qui continue à se méfier du dirigeant, c’est le grand écart.

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Totem de l’entreprise
La relation entre un dirigeant et ses salariés est avant tout fondée sur la légitimité. « Il est le représentant de l’effort collectif et du travail commun », résume Pierre-Yves Gomez professeur de stratégie et de gouvernance d’entreprise à EMLYON. Cette légitimité induit que le dirigeant est davantage protégé à l’intérieur de l’entreprise qu’à l’extérieur. « Face à la critique venue de l’extérieur, les salariés ont une sorte de réflexe identitaire de protection de leur dirigeant. Tant qu’il incarne l’entreprise, il est protégé en tant que totem. » Si le dirigeant n’est pas à la hauteur, n’est pas exemplaire, la situation peut se retourner rapidement. « Il est symboliquement enterré vivant, il disparait de la mémoire collective, il est comme effacé. »

 

Ce qui fait un bon (ou un mauvais) patron du point de vue des salariés
• Sa compétence, le sentiment que le patron connaît son sujet, « qu’il y a un capitaine à la barre. Les salariés doivent se sentir entre de bonnes mains. »
• Son exemplarité, il fait ce qu’il dit et dit ce qu’il fait. « S’il n’est pas exemplaire, il devient odieux aux yeux des salariés qui eux doivent composer avec les contraintes de l’entreprise. »
• Il inspire la confiance.
• Les qualités bonus : « La personnalité du dirigeant, sa capacité d’empathie, sa simplicité, sa générosité, son authenticité, sont un bonus qui fait qu’il est aimé ; sans, il est toléré et respecté pour ses compétences. Cela dit, il ne faut pas exagérer l’importance des qualités personnelles : du moment qu’il incarne et guide l’entreprise, cela fonctionne ; d’autant plus dans les grands groupes où les salariés le côtoient très peu. »
http://pierre-yves-gomez.blog.em-lyon.com/

Chef d’entreprise, présidente du réseau ETHIC (Entreprises de Taille Humaine Indépendantes et de Croissance) depuis 1995, Sophie de Menthon a créé l’opération « J’aime ma boite » en 2003. Elle est entrée au CESE (Conseil Economique Social et Environnemental) comme personnalité qualifiée en 2010.

 

70 % des Français aiment leur boite ! Comment vous est venue l’idée de créer « J’aime ma boîte » ?
Au cours d’un voyage aux Etats- Unis, j’ai vu des cartes de voeux qui disaient « I love my boss » ou « Boss day ». J’ai trouvé géniale l’idée, et la réalité, qu’un salarié puisse fêter son patron. J’ai adapté le concept à la culture française en élargissant à l’entreprise. « J’aime ma boite » était née.

 

Quel est le concept ?
Ce sont les salariés qui prennent l’initiative d’une journée « J’aime ma boite » ponctuée d’animations et de rencontres. 460 000 entreprises ont participé en 2014. Ce succès est très symbolique. Cela témoigne du fait que les salariés se sentent bien. Or, l’ambiance de travail est aussi liée au dirigeant, à son attention aux salariés. Donc indirectement, ils disent aussi à leur patron qu’ils l’aiment. Les profils d’entreprises sont très divers : de la société du CAC 40 à un jeune apprenti boucher qui nous a commandé un t-shirt pour l’offrir à son patron !

 

Les Français aiment-ils leur boîte ?
Dans notre enquête 2014 en amont de l’opération, 70 % des Français disent aimer leur entreprise. C’est l’image des dirigeants véhiculée par les médias et les politiques qui fausse la donne. Globalement, ils n’évoquent que les abus et dysfonctionnements. Or, la réalité du chef d’entreprise lambda n’a rien à voir, son entreprise et ses salariés sont sa seconde famille. Néanmoins, il y a une réelle évolution depuis la crise. On commence à évoquer publiquement le rôle essentiel des entreprises pour la création de richesses dont toute société a besoin.
http://jaimemaboite.com/
http://www.ethic.fr/

 

A. D-F

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