Jeudi 24 novembre 2011 – C’est dans l’une des grandes salles de projection de MK2 Bibliothèque (Paris 13ème) que Passeport Avenir a accueilli ses invités (pouvoirs publics, entreprises, bénévoles et étudiants) pour faire le bilan des 5 ans d’existence de l’association et présenter ses perspectives 2011/2012. Retour sur une matinée riche en rencontres et en débats.
« Une belle rencontre au service d’une cause importante à notre pays » témoigne Stéphane Richard, président de Passeport Avenir (P.A) en ouverture de cérémonie.
Benjamin Blavier, délégué général de P.A, le rejoint rapidement pour présenter les résultats de l’étude « Profils d’excellence » menés auprès de 15 DRH et d’un panel représentatifs d’étudiants. Au-delà des compétences académiques, il en ressort que les entreprises comme les étudiants s’accordent à penser que l’adaptabilité, la créativité, et la vision stratégique en entreprise sont les 3 compétences clés pour se démarquer au sein d’une entreprise. « L’utilité de Passeport Avenir découle de ces résultats puisque ces compétences ne sont pas enseignées à l’école. Le diplôme n’est pas suffisant. » ajoute B. Blavier avant de laisser place à la table ronde Et si Passeport Avenir n’existait pas… Evaluation de l’impact social, humain et économique d’un programme d’égalité des chances public/privé.
4 intervenants nous livrent leur point de vue.
Guy Carcassonne – professeur de droit public à l’université Paris Ouest Nanterre La Défense – habitué à faire cours devant un public étudiant issu de la « bonne bourgeoisie » jusqu’aux années 90 assiste à une rupture avec l’arrivée d’étudiants issus des quartiers populaires de la banlieue environnante. « Ces étudiants n’ont pas de code, pas de réseau. J’ai même eu des élèves analphabètes! C’est sans rappeler que 43% des jeunes de la banlieue sont au chômage contre 5% des jeunes venant de Neuilly » déclare t-il.
Jean François Bourdon – proviseur de l’internat d’excellence de Sourdun – souligne la difficulté de l’Education Nationale à « accompagner » les élèves dans leur orientation professionnelle. « Nous sommes face à un système de sélection plutôt que de formation performante » même si cela tend à s’améliorer finit il par nuancer. « P.A est capital dans la mesure où il s’appuie sur l’humain, la relation avec les autres ».
Patrick Scharnitzky – maître de conférence en psychologie sociale – explique quant à lui le « poids de l’évaluation traditionnelle à la française« . « La diversité est encore évaluée comme une contrainte, mais elle doit être synonyme de performance″ précise t-il. « Tous les exemples de réussite sociale montre également le rôle majeur de la rencontre dans la réussite. Et c’est en ça que P.A a une vraie valeur ajoutée.″
Ben Verwaayen – directeur général d’Alcatel-Lucent – recentre le débat du point de vue de l’Entreprise. « La nécessité de progrès social est réelle pour l’entreprise. Ce débat « à la française » me paraît très abstrait. Nous avons besoin de tous les talents dans un monde global″.
« Passeport Avenir aide les tutorés dans leurs études et dans leur vie professionnelle tout court. La réussite scolaire n’est pas une fin en soi, elle n’est que le début ! » conclut Stéphane Richard, directeur de P.A.
« Et arrêtons de parler d’ »ascenseur social″, il s’agit plutôt d’un escalier très escarpé ! » lance Guy Carcassonne un brin provocateur en conclusion de ces échanges.
Gilles Kepel – professeur des universités à Sciences Po et directeur de l’enquête « Banlieue de la République » (publiée par l’Institut Montaigne) confirme les propos de ses confrères : « Le 1er problème est celui de l’orientation : l’enquête portait sur l’habitat, l’éducation, la politique, la religion et l’emploi; nous avons vu les gens sortir de leurs gonds dès que l’on abordait le thème de l’orientation de leurs enfants. Il y a un réel manque d’accompagnement dans ces quartiers″.
Bilan 2010/2011 de Passeport Avenir
– 688 tuteurs
– 711 bénéficiaires (vs 125 en 2005/2006) et 3 240 en tutorat collectif (vs 770 en 2005/2006)
– 74% de boursiers
– 330 ateliers nationaux
– 88% de réussite aux concours des grandes écoles et 9% de redoublement volontaire
1/ Projet « Amont »
30 interventions dans des lycées de milieux modestes, voie technologique
5 villes pilotes (Bordeaux, Créteil, Marseille, Paris et Versailles)
« Par ces interventions dans les lycées, il a été établi que 40% des jeunes n’avait pas connaissance de l’existence de classe préparatoire avant les ateliers de P.A, et le premier frein d’une orientation en classe préparatoire est FINANCIER avant le niveau des études. C’est une mauvaise nouvelle, le travail de Passeport Avenir ne doit pas s’arrêter là » déclare Benjamin Blavier.
2/ 62 classes prépa dont 4 nouvelles (60 prépa techno)
3/Renforcement du réseau grandes écoles : 55 avec l’ouverture aux universités de Lille et Lyon
4/Evolution de la visibilité des actions de P.A (découverte des métiers, accompagnement dans le parcours d’études, dimension internationale, élargir son réseau, aide à la recherche d’emploi/de stage, aide au financement)
Perspectives 2011/2012 de Passeport Avenir
– 3 nouvelles académies pour le projet Amont : Lyon, Amiens et La Martinique
– Développement dans les universités
– Enjeu de la diversité H/F dans les écoles d’ingénieurs
Directeur d’Accenture et trésorier de P.A, Christian Nibourel ajoute : « Nous devons changer le regard des entreprises sur des actions comme Passeport Avenir. Nous ne sommes pas dans une logique de générosité ou de réparation ; il s’agit d’une vision stratégique de croissance à long terme. Ce n’est pas une logique de responsabilité sociale mais d’empreinte sociale″.
Et Christel Heydemann, DRH d’Acatel-Lucent et secrétaire du bureau de P.A de préciser : « La maitrise des réseaux sociaux – via notre partenariat avec Viadeo – et l’ouverture à l’international – grâce à l’opération « We Made It 2012″, aux VIE (Ubifrance) ou aux workshops – viennent s’ajouter aux compétences de cette nouvelle génération de jeunes 2.0! »
AF