« Open Up ! » Le leitmotiv de l’ESCP pour sa rentrée 2020 placée sous le signe de l’optimisme alors que la business school annonce avoir déjà dépassé les objectifs de son plan stratégique 2018 / 2022. Son Dean Frank Bournois et son DGA en charge des affaires académiques et internationales Léon Laulusa, sont revenus sur les objectifs de cette nouvelle année si particulière le 22 septembre 2020.
« Open Up » ou l’inverse du lockdown. « S’ouvrir, prendre de la hauteur pour prendre une accélération stratégique », tel est l’objectif de l’ESCP cette année. Malgré la crise de la Covid, l’école parisienne qui a fêté son bicentenaire en 2019 compte bien en effet imprimer encore plus fort sa signature Brand & Size. Alors qu’elle a déjà dépassé ses objectifs stratégiques pour 2022, elle fait de l’expérience étudiant sa colonne vertébrale pour les prochaines années. « Notre raison d’être c’est de former au management et au management international des jeunes et des individus tout au long de la vie. Et notre valeur ajoutée c’est de leur faire vivre, en plus, une expérience étudiant marquée par la multiculturalité » insiste Frank Bournois.
« Nous avons le devoir d’être au service des étudiants » – Frank Bournois, Dean de l’ESCP
Agilité et adaptabilité
Une valeur ajoutée qui passe par de l’ambition tout d’abord, celle de rassembler toujours plus d’étudiants. Une réussite pour l’ESCP qui est passée de 4 000 élèves il y a 3 ans, à plus de 7000 aujourd’hui. La Covid n’aura même pas eu raison de cet engouement, avec + 17 % de candidats (y compris des ressortissants chinois) et + 13 % d’entrants, portant ainsi à 121 le nombre de nationalités représentées dans ses rangs.
« Notre ambition : attirer les meilleurs talents du monde entier » – Léon Laulusa, DGA en charge des affaires académiques et internationales de l’ESCP
L’anticipation ensuite, autour d’un nouveau triptyque Contenu, Conception et Culture du livrable. « Il faut changer la manière d’enseigner et de délivrer les services aux étudiants » insiste le Dean. Une dynamique allant de pair avec l’agilité, comme celle dont a du faire preuve l’école pour basculer l’intégralité de ses cours en ligne en 48h après l’annonce du confinement. « 3070 cours en ligne ont été donnés sur nos campus, tous les examens ont été réalisés à distance et les services, comme ceux de notre service carrière, (coaching, forums entreprises…) ont aussi été digitalisés. »
Non à l’on-line pur
Si l’ESCP a « investi un million € pour équiper certaines salles d’équipements de captation audio et vidéo dernier cri et ainsi proposer une expérience augmentée haut de gamme », elle tient à assurer 100 % de la continuité pédagogique en présentiel et en distanciel (notamment pour des étudiants extra-européens qui ne peuvent pas encore se déplacer). Mais pas question pour autant de passer au 100 % on line. « Cette période nous amène à des transformations incroyables, nous allons vivre en 5 ans ce que nous n’avons vu en 50 ans. Mais pas question pour l’ESCP de faire du numérique un gros rouleau compresseur » insiste Frank Bournois.
Hybridés !
Pour être en phase avec les grands enjeux actuels, l’ESCP a par ailleurs fait de l’hybridation son maitre-mot. Hybridation des cultures bien sûr (rien d’étonnant pour la plus internationale des business schools françaises), mais aussi hybridation des connaissances et des compétences. Une démarche incarnée par la réforme du MiM (Master in Management) qui propose désormais 58 spécialisations, dont 27 créées pendant le confinement. Pendant deux ans, chaque élève de master aura ainsi la possibilité de choisir jusqu’à trois spécialisations afin de tester différents choix de carrière potentiels.
La triple couronne, c’est pour le monde d’avant
Cette rentrée 2020 est aussi l’occasion pour l’ESCP de prendre une grande décision : ne plus solliciter l’accréditation AMBA, pourtant indispensable pour entrer dans le club très select des 1 % de business schools triple couronnés dans le monde. « Comme beaucoup de grands classements, celui du Financial Time ne prend désormais en compte que les accréditations AACSB et EMFD, pas AMBA. Il faut donc s’interroger sur la véritable valeur ajoutée de cette accréditation et pour nous, il n’y en a pas. Il y a des codes qu’il faut savoir remettre en cause et pour moi, la notion de triple crown = ancien monde » déclare Frank Bournois.
Les trois leçons à tirer de la crise ?
#1 Le numérique. « Nous avons clarifié notre pensée et nos convictions pour le futur autour de la règle du 20/40. Dans la mesure du possible, les professeurs devront enseigner avec au minimum 20 % de numérique et 40 % de présentiel. Une occasion de repenser le subtil rapport entre recherche et pédagogie et ainsi de redonner ses lettres de noblesse à l’expérience pédagogique. »
#2 L’immobilier. Propriétaire de son campus de Londres, l’ESCP le sera aussi de son campus de Berlin en 2023. Les 6 000 m2 en cœur de ville du campus de Turin vont être quant à eux financés par son propre développement et son modèle économique, tout comme son futur campus de Madrid. A Paris, la modernisation du campus République sera au cœur d’un concours de projets architecturaux lancé en novembre 2020. Elle devrait prendre au minimum 4 ans pour un investissement de 150 millions €.
#3 De nouveaux acteurs en vue. « Arrêtons d’être obsédé par les classements. Nous sommes aujourd’hui dans un monde où les Gafam pourront être sur notre secteur d’ici 5 ans. Acheter une business school, ce n’est rien à l’échelle des capitalisations de ces entreprises. C’est une réalité qui nous pousse à accélérer notre mouvement vers une forme nouvelle de pensée » conclut le Dean.