Qui a dit que la formation au leadership devait forcément passer par des heures de théorie devant un Power Point ? Aujourd’hui de nouvelles méthodes pour développer ces compétences émergent dont l’equicoaching, une approche novatrice qui fait du cheval un vecteur de développement personnel et professionnel. C’est ce que proposent L’Académie equicoaching et son fondateur Arnaud Camus depuis 13 ans. Plongée pour une matinée de formation unique en son genre avec des managers du cabinet de conseil Roland Berger. Reportage.
Ce ne sont pas dans leurs bureaux parisiens que se sont retrouvés ce vendredi matin de juillet les collaborateurs du cabinet de conseil Roland Berger, mais au vert, au haras de Bory à Boissière L’Ecole (Yvelines). Au programme pour la dizaine de managers : journée equicoaching. Pas d’équitation pour le groupe du jour mais une immersion dans une méthode de coaching originale, avec, en partenaire médiateur, le cheval. « L’equicoaching est un terme né de la fusion entre equi et coaching. En s’appuyant sur l’interaction entre un coach et un cheval, l’objectif est de permettre au coaché de prendre conscience de son mode de fonctionnement et de son savoir-être, en exploitant les réactions et les comportements du cheval, en miroir de son propre fonctionnement » explique Arnaud Camus, fondateur de l’Académie equicoaching.
Travailler la connaissance de soi et la cohésion d’équipe
Ce jour-là, il accueille le groupe avec la directrice associée, Laurence Flichy, psychologue de profession, cavalière et exploitante agricole, ainsi que Jean-Luc Force, cavalier professionnel pendant 30 ans, professeur à l’École nationale d’équitation et directeur technique national pour les sports équestres en France. L’objectif pour ces consultants managers confirmés ou nouvellement promus : travailler sur la connaissance de soi et la cohésion d’équipe. « Nous proposons cette formation depuis sept ans à nos consultants seniors qui managent des équipes » explique Pauline Bracq, People Development Manager chez Roland Berger, qui a elle-même suivi la formation il y a quelques années. Si le cabinet forme par ailleurs ses managers aux techniques de management de manière plus classique, l’equicoaching va plus loin. « Il permet de se découvrir soi-même, c’est une formation qui pousse à un lâcher prise forcé puisqu’on ne peut ni contrôler ni maîtriser le comportement du cheval et ce qu’il va ressentir face à nous. Cela aide aussi à développer son charisme – et donc son leadership – à prendre une posture dans le groupe et à prendre conscience du rôle que l’on a au sein d’une équipe. »
« Le cheval est le miroir de nos émotions »
Avant de passer à la pratique, la formation débute par une présentation des objectifs, un rappel des consignes de sécurité et un rapide tour de table des attentes de chacun. Tous se disent impatients de suivre cette formation très prisée et reconnue au sein de l’entreprise. Une fois les bases posées, les coachés se dirigent vers l’un des trois manèges qui composent le Haras de Bory. La séance débute avec deux exercices sur les quarante que propose l’Académie : le miroir en compagnie d’Arnaud et Laurence pour une partie du groupe, et des exercices sur la cohésion d’équipe coachés par Jean-Luc pour l’autre partie. C’est Mathieu, Principal chez Roland Berger qui se lance en premier sur l’exercice du miroir. Le but : seul face au cheval, le manager doit amener l’animal à le suivre pendant quatre minutes sans le toucher et sans indication des coachs. Un exercice attentivement observé par Laurence et Arnaud qui analysent le comportement du cheval et en déduisent la personnalité de Mathieu, son type de leadership, ses forces et ses axes d’amélioration. « Le comportement du cheval est un miroir de nos émotions qui permet une meilleure connaissance de soi. Il ne porte pas de jugement et va réagir fortement aux messages non verbaux, explique Laurence. Le but est surtout de pointer les qualités car on ne construit pas sur les défauts. Ce qui est formidable avec l’equicoaching c’est son objectif de résultat rapide, très satisfaisant. » Pour Mathieu, qui a pratiqué l’équitation plus jeune, l’exercice se passe plutôt bien. « Tu es beaucoup dans l’analyse, attentif, précis, rigoureux avec une très bonne lecture de l’autre et du moment où tu peux capter son attention. Tu es efficace et ne perds pas de temps, tu es reconnu comme un leader sécurisant, analyse Laurence de son observation. Ton exigence peut en revanche mettre la pression sur les équipes. Pense à déléguer un peu plus ». Un portrait dans lequel Mathieu s’est plutôt bien reconnu. « Je ne savais pas du tout à quoi m’attendre, mais il se passe vraiment quelque chose avec le cheval, j’ai bien ressenti comment le mettre en confiance, réagit-il à chaud. Chez Roland Berger nous avons beaucoup de feedbacks de nos pairs, mais c’est intéressant d’avoir le point de vue d’inconnus ». Pour Fadoua, également Principal, qui s’est dit « impressionnée par le cheval », ce premier exercice est également positif. « J’aime la dimension authentique et le profil psychologique qui est dressé ».
Des pistes de progression
De l’autre côté du manège, Jean-Luc s’attelle au travail de groupe. Après une première interaction en tête-à-tête avec le cheval, les managers sont regroupés au centre du manège. L’objectif donné par le coach : faire trotter le cheval autour d’eux à l’aide d’une longe, puis se la passer chacun leur tour sans que le cheval ne s’arrête. « Le but est de travailler la cohésion d’équipe et la transmission par la communication, apprendre à déléguer, alors que l’exercice du miroir est une manière de se confronter à soi-même de manière authentique, explique Arnaud Camus. J’aime dire que les chevaux rendent matériel l’immatériel. » Amélie, tout juste promue consultante senior, se prête à l’exercice. « J’ai eu du mal avec le premier exercice qui consistait à diriger le cheval à distance : cela demande d’impulser le mouvement grâce à sa posture notamment, débriefe-t-elle. J’étais plus à l’aise sur l’exercice en groupe. Des atouts et faiblesses que je retrouve dans mon travail. La formation donne de vraies pistes de progression, dans la gestuelle, la voix, la posture. » Pauline Bracq est également satisfaite de cette première matinée de team-building. « Dans le feedback que leur ont fait les coachs, on retrouve des choses qu’on leur avait dit en entreprise mais qui avaient été plus ou moins conscientisées. Passer dans un autre cadre leur permettra, je l’espère, d’en prendre vraiment conscience et d’avancer sur l’image qu’ils renvoient et leur capacité à améliorer leur leadership, conclut Pauline Bracq. Ce qu’ils vont ensuite en faire ? Ça c’est vraiment personnel à chacun. »
La matinée déjà riche en enseignements se termine par un premier debriefing sur les ressentis et apprentissages de chacun. Meilleure connaissance de soi, conseils en leadership, cohésion d’équipe, lâcher prise… Chacun repartira avec de la matière pour réfléchir à son propre leadership.