Le thème de l’engagement sociétal des entrepreneurs est souvent occulté par celui de la RSE. Or dans une entreprise, le niveau d’engagement social et environnemental est bien souvent le reflet de l’engagement de son dirigeant. Un enjeu devenu stratégique à l’heure de la moralisation de la société.
Selon un sondage TNS-Sofres cité par le MEDEF, 61 % des Français estiment que le rôle de l’entreprise ne se limite pas à l’aspect économique, mais qu’elle doit être citoyenne et intervenir dans le champ de la solidarité. Cette tendance de fond à l’engagement des organisations en matière de RSE est d’ailleurs aujourd’hui devenue une obligation règlementaire pour les plus grandes d’entre elles. Ainsi, la publication chaque année d’un « rapport de développement durable » est imposée à toutes les entreprises de plus de 500 salariés.
Incarner la RSE
Cette réglementation s’est révélée très efficace pour mobiliser les consciences. « Néanmoins, elle a aussi eu une contrepartie négative : la professionnalisation du management de la RSE, dont on mesure aujourd’hui les conséquences » explique Franck Aggeri, professeur de management à MINES ParisTech. Pour répondre à leurs obligations et publier chaque année des indicateurs de performance satisfaisants, les dirigeants se sont effacés au profit de ces professionnels de la RSE. « Or, il ne faut pas négliger le rôle d’exemplarité que doivent jouer les dirigeants en la matière. Pour qu’un collectif se sente pleinement engagé dans un projet d’entreprise, il a besoin d’un leader qui soit lui-même exemplaire sur tous les plans ». Et d’ajouter : « Il convient de réintroduire ces dimensions dans l’évaluation des politiques de RSE des entreprises. On ne doit plus se contenter de critères formels de façade sur la gouvernance, mais compléter ceux-ci par des évaluations qualitatives de l’action des dirigeants et de l’exercice effectif de leur responsabilité. Ils doivent montrer l’exemple ! » insiste Franck Aggeri.
Faire d’une contrainte un atout
La démarche RSE, intégrée au cœur du projet d’entreprise, devient aujourd’hui un enjeu hautement stratégique, à l’heure de la moralisation de la société, qui s’incarne tant dans une exigence accrue de transparence et d’exemplarité de nos leaders, que dans les attentes fortes des clients en matière de responsabilité et d’éthique. Devenue obligatoire, c’est avant tout au dirigeant qu’il appartient d’en faire un atout et non un poids : à lui d’appréhender la responsabilité sociale comme une mission et non comme un fardeau. Car la question de la place de l’entreprise dans son écosystème est absolument centrale. En consolidant les valeurs de l’entreprise et son influence, les prises de position sociétales du dirigeant impactent sur le long terme son activité et améliorent son image de marque auprès des consommateurs… Quant aux salariés, l’engagement de leur dirigeant créé chez eux un sentiment de fierté (voir page suivante, ndlr), qui ne demande qu’à être nourrit et entretenu. Le chef d’entreprise a donc tout à gagner à mettre en place une vraie politique de RSE et à ne pas se contenter de simple « greenwashing », afin que les actions menées ne soient pas superficielles mais utiles, et ainsi modifient durablement les comportements.
Le chiffre : Chaque année, toutes les entreprises de plus de 500 salariés doivent publier un rapport de développement durable
Un peu d’histoire : Le terme de RSE (Responsabilité Sociétale de l’Entreprise) est apparu dans les années 50 dans des ouvrages qui constituent les fondements du champ académique du « Business and Society ». Mais des travaux historiques ont montré que l’idée de responsabilité sociale a commencé à se diffuser dans la Société et les milieux d’affaires dès la fin du 19ème siècle.
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