La transformation digitale du secteur de la santé promet de révolutionner notre système de soins. En même temps, elle soulève des interrogations importantes : renforcera-t-elle les liens avec les patients ou annoncera-t-elle le début de la déshumanisation des soins ? La santé numérique s’impose comme un défi majeur du 21è siècle, repoussant les limites de la médecine traditionnelle. Mais, derrière l’effervescence des innovations technologiques, se cache une controverse complexe.
Un bilan en demi-teinte
Les promesses sont immenses : accès facilité aux soins, suivi personnalisé, meilleure coordination entre les acteurs, réduction des coûts. L’intelligence artificielle, la robotique chirurgicale, la télémédecine… les innovations se multiplient, avec un potentiel considérable pour améliorer la qualité des soins. Mais les risques et les défis ne manquent pas : fracture numérique, cybersécurité, perte d’emplois, déshumanisation des soins. La question de l’éthique est également présente, en particulier lorsqu’il s’agit d’utiliser des données de santé.
Alors, mirage ou réalité ?
Le numérique est un formidable outil au service de l’humain, nous en sommes convaincus. C’est pourquoi dans notre laboratoire CESI LINEACT, nos activités de recherche en e-santé et télémédecine explorent par exemple des solutions innovantes pour la rééducation physique à distance ou encore la détection des émotions chez les patients souffrant de maladies neurodégénératives.
Le numérique au service du patient
Pouvoir suivre sa rééducation directement depuis son domicile, grâce à des capteurs connectés et un suivi personnalisé par un kinésithérapeute, ou encore, bénéficier d’un diagnostic précoce de la maladie de Parkinson via une application analysant vos expressions faciales : ce ne sont là que quelques exemples des potentialités du numérique pour améliorer la qualité de vie des patients.
Un atout pour les établissements de santé
Le numérique peut aussi aider à mieux gérer les ressources et à fluidifier les parcours de soins. La télémédecine peut ainsi apporter une expertise médicale là où des patients sont isolés et ainsi « réduire les distances ». L’analyse massive de données (Big Data) peut identifier des populations à risque, et des mesures de prévention ciblées peuvent être mises en œuvre.
Le numérique, outil ou maître ?
La clé réside dans la maîtrise de ces technologies. Le numérique ne doit pas être une fin en soi mais un moyen au service des humains. Mettre le patient au centre et garantir une utilisation éthique et responsable des outils numériques sont essentiels.
« Le numérique ne remplace pas l’humain, il le complète et le renforce. »
Il ne remplacera pas la relation soignant-soigné, mais l’enrichira. Imaginez un soin avec un accès immédiat à l’historique médical d’un patient, des plateformes de communication qui rendent le suivi plus simple. L’enjeu : Il faut trouver le juste équilibre. La technologie ne peut jamais éclipser l’expertise et la chaleur humaine. S’il est bien utilisé, le numérique peut écrire les plus belles pages de l’histoire de la médecine.
En conclusion, le numérique n’est pas une finalité en soi, mais un puissant instrument qui peut contribuer à renforcer la santé de tous, partout et à tout moment. A condition d’en faire bon usage et de ne jamais oublier que la technologie ne remplace pas l’humain. C’est le sens de nos travaux de recherche et développement que nous poursuivons au sein de CESI LINEACT autour de l’e-santé et de la télémédecine, pour que le numérique soit toujours celui de l’humain et du patient.
L’auteur est Youssef Mourchid – Enseignant-Chercheur au CESI
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