crédits Rio Tinto

Rio Tinto mine les émissions de CO₂ – L’interview de Bertrand Allano

Extraire de l’aluminium sans produire de CO₂ : ça sera bientôt possible grâce au projet ELYSIS de Rio Tinto. Bertrand Allano (CentraleSupélec 94), Reduction Principal Advisor au sein de l’entreprise vous en dit plus sur les engagements durables de l’entreprise et les challenges passionnants qui l’animent au quotidien.

Quelles actions concrètes mettez-vous en place pour rendre l’industrie minière plus durable ?

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Nous agissons sur plusieurs fronts. D’abord, nos objectifs de réduction d’empreinte carbone : -15 % d’ici 2025, -50 % d’ici 2030, et neutralité carbone en 2050. Pour y parvenir, nous avons adopté des mesures comme l’utilisation d’énergies vertes dans la production de minerai et la réduction progressive de notre dépendance aux énergies fossiles. Pour donner un ordre d’idée, produire une tonne d’aluminium émet environ 16 tonnes de CO₂ avec de l’énergie fossile. Avec les énergies vertes, nous avons réduit ce chiffre à 4 tonnes. Ensuite, nous misons sur des technologies de rupture comme ELYSIS, un procédé innovant pour produire de l’aluminium sans émissions directes de carbone, grâce à des anodes inertes remplaçant les anodes traditionnelles en carbone. Enfin, nous intensifions nos efforts sur le recyclage des métaux, une solution qui permet de réduire les émissions de CO₂ par un facteur 10 par rapport à la production classique.

Des projets qui rythment vos missions de Reduction Principal Advisor dans votre organisation. Parlez-nous de vos missions.

Ma mission consiste à définir et soutenir l’exécution de notre portefeuille de projets. Je dois prioriser les objectifs de chaque projet en cohérence avec les ambitions stratégiques de Rio Tinto. À travers ce rôle, j’assure la productivité et la pérennité de nos installations. C’est un poste à 360 degrés : je suis impliqué en amont sur les technologies utilisées et la recherche fondamentale, en lien avec des universitaires pour la R&D, et en l’aval, avec la mise en œuvre des décisions en usine. Parallèlement, je m’assure que toutes les propriétés intellectuelles soient exploitables et je prends en charge la gestion de projet. C’est une fonction polyvalente, et c’est précisément cette diversité qui me passionne.

Vous êtes ambassadeur régional de l’ICSOBA. Qu’est-ce qui motive cet engagement, et en quoi cela influence-t-il votre rôle de Reduction Principal Advisor ?

Le monde de l’aluminium est un petit écosystème où l’on rencontre toujours les mêmes personnes. Le fait de participer à ces conférences permet d’alimenter son réseau mais surtout de voir où se situe la concurrence, quelles technologies sont développées et de nous conforter ou de nous inquiéter sur les différents sujets. C’est un facteur essentiel de veille concurrentielle.

Comment votre expérience internationale a-t-elle façonné votre approche du management ?

J’ai développé une adaptabilité à toute épreuve, ce qui m’a été très utile, notamment au Québec. Bien que nous partagions des points communs culturels, la manière d’y travailler est très anglo-saxonne. Les Québécois passent rapidement à l’action, alors qu’en France, nous avons tendance à davantage analyser. Et en Suisse, c’est l’efficacité qui m’a marqué. Ces expériences m’ont appris à ajuster mes attentes et ma façon de communiquer. Pour nous préparer à ces différences, Rio Tinto propose des formations interculturelles qui aident à comprendre et anticiper les divergences de point de vue. Ces outils m’ont beaucoup servi. Aujourd’hui, mon style de management est un mélange des influences tirées de ces diverses expériences, et cela enrichit ma manière de travailler au quotidien.

Que vous reste-t-il de vos années à CentraleSupélec ?

CentraleSupélec m’a transmis des valeurs fortes comme le service à la société et l’esprit de disruption, que je retrouve dans mon travail sur des projets innovants comme ELYSIS. L’école m’a aussi donné les clés pour naviguer dans la complexité, une aptitude que j’apprécie pleinement avec le recul et l’expérience. Si je devais donner un conseil au jeune étudiant que j’étais, je lui dirais de cultiver autant les compétences techniques que les soft skills, essentielles pour mobiliser les équipes et concrétiser les idées.

Chiffres-clés

50 000 collaborateurs
50 milliards $ de CA

Contact : bertrand.allano@riotinto.com