Se former par et pour la recherche 

recherche

Solveig Fernagu et Bélahcène Mazari, respectivement Directeur de Recherche, Responsable du thème Apprendre et Innover, et Directeur de Recherche et Innovation au sein de CESI, nous font part de l’importance de la recherche au sein de l’enseignement supérieur. Former par et pour la recherche, c’est encourager l’ouverture d’esprit, l’acquisition de connaissances et l’employabilité des étudiants.

Former de futurs chercheurs : une nécessité pour assurer l’avenir académique et industriel

L’article L123-2 du code de l’éducation précise que le service public de l’enseignement supérieur contribue au développement de la recherche, support nécessaire des formations dispensées, à la diffusion des connaissances dans leur diversité et à l’élévation du niveau scientifique, culturel et professionnel de la nation et des individus qui la composent. Pour remplir cette mission, l’enseignement supérieur, qu’il soit public ou privé, doit disposer d’un corps d’enseignants chercheurs et d’ingénieurs de recherche formés pour cette discipline. Cette formation s’effectue dans le cadre de masters orientés vers la recherche, de doctorats, ou d’habilitations à diriger des recherches (HDR). Certaines écoles d’ingénieurs proposent également des parcours spécifiques dans le but de former des ingénieurs de recherche pour les laboratoires académiques ou les entreprises. Dans le même sens, une partie des doctorants formés pour la recherche rejoignent les entreprises au sein d’un département recherche dédié.

Placer la recherche au cœur de l’apprentissage des élèves : propositions de dispositifs

La formation par la recherche vise un autre objectif : celui d’enrichir les profils des diplômés, qu’ils soient ingénieurs ou managers. La CTI, au travers de ses recommandations (R&O, 2022), encourage grandement les écoles d’ingénieurs à exposer leurs élèves à la recherche fondamentale ou appliquée. Ces recommandations concernent également le lien fort qui doit exister entre les formations d’ingénieurs dispensées par un établissement et l’activité de recherche de ses enseignants chercheurs. Les élèves doivent être en contact avec l’activité de recherche, et les enseignants chercheurs doivent pratiquer la recherche dans des unités de recherche reconnues, et ainsi aborder les thèmes de recherches en lien avec leurs enseignements.

Plusieurs solutions peuvent permettre aux élèves d’être exposés à la recherche.

Par exemple, la réalisation de conférences animées par des enseignants chercheurs de l’établissement ou par des spécialistes extérieurs reconnus leur permettent de découvrir et d’acquérir des notions sur les enjeux des thématiques de recherche. Dans ce même but, les établissements peuvent mettre en place des pédagogiques spécifiques (par projet, par problèmes, réflexives, inversées, etc.) qui font appel à des activités proches de celles de la recherche : poser un problème, documenter une question, engager une veille scientifique, élaborer des hypothèses, synthétiser des résultats, les argumenter etc.

En outre, les étudiants peuvent s’exercer à formaliser des démarches intellectuelles, à structurer et à restituer des résultats sous forme de communications scientifiques (articles, exposés, blog, etc.) ou pédagogiques (soutenances, dossiers, rapports, mémoires professionnels, etc.) et à développer une distance critique au travers de différentes activités pédagogiques les éveillant au milieu de la recherche. Ces activités peuvent s’opérer par une organisation en équipe, favorisant ainsi la résolution collective de problèmes.

Enfin, les projets pédagogiques comportant une partie expérimentale peuvent tout à fait être intégrés à des plateformes mixtes afin de faire le lien entre la pédagogie et la recherche.

À ces dispositifs peuvent s’ajouter les pédagogies en fil rouge, par exemple des cours réalisés par des spécialistes du domaine et faisant état aux élèves ingénieurs des dernières avancées scientifiques dans les domaines enseignés. Les élèves ont également la possibilité de fréquenter des tiers lieux de l’école (fab lab, learning lab, plateformes technologiques, jumeaux numériques, etc.) issus de la recherche.

Les enjeux de l’exposition des élèves à la recherche

L’ensemble de ces dispositifs relèvent d’une « démarche intégrative » (Kenner et Kern, La formation par la recherche : quels modèles pour la pédagogie universitaire en France ? Spirale 69 ) ou d’une approche dite de « didactique curriculaire » (Élaborer, transmettre et construire des contenus. Perspective didactique des dispositifs d’éducation et de formation en sciences et technologie. Zaïd, 2017), faisant le lien entre recherche et formation, loin d’être inutile pour faire face aux enjeux d’adaptation et d’insertion des élèves.

Bien entendu, les compétences mobilisées par l’ensemble de ces modalités (ou qui leur sont conséquentes) se doivent d’être étayées et évaluées pour une meilleure prise de conscience, formalisation et promotion de ces dernières par les élèves eux-mêmes.

Se former par et pour la recherche constitue un enjeu de taille, et nécessite un état d’esprit proche de l’apprenance (Carré, 2020), à la fois du point de vue des institutions qui font vivre la recherche telle une « démarche intégrée » (Healey, 2005 ; Tremp et Hildebrand, 2012 ), et du point de vue des apprenants qui s’engagent dans des conduites agentiques. En effet, ces derniers se dotent ainsi de soft skills essentielles pour répondre aux besoins critiques des entreprises (R&D, bureaux d’études, démarches de résolution de problèmes) et à leurs propres besoins en matière de développement professionnel (Fernagu et al., 2022).

>>> retrouvez ici la tribune d’Elodie Pillon, enseignant chercheur en management de l’innovation à CESI Ecole d’Ingénieurs

Imprimer

Articles qui pourraient vous intéresser également

Inscrivez-vous à notre newsletter !

Vous pouvez vous inscrire à notre newsletter en cliquant sur le lien suivant :

inscription à la newsletter