Sina Sobooti lors de son discours d'ouverture à la projection du film La Danse Domestiquée sur le campus de Sciences Po Paris. ©Lucas Vidal

Sina Sobooti : de la danse à la politique, il n’y a qu’un pas

Ancien petit rat de l’Opéra de Paris, Sina Sobooti n’a pas abandonné pour autant sa passion de la danse pendant ses études à Sciences Po Paris. Etudiant en Master 1 de Politiques publiques, il a monté un projet unique sur son campus : La Danse Domestiquée. Portrait.

 

Du ballet !

Sina Sobooti

Sina Sobooti entre à l’Ecole du Ballet de l’Opéra de Paris à l’âge de 9 ans. « Une expérience enrichissante. Je me sentais privilégié de pouvoir suivre les cours de l’école de danse classique la plus prestigieuse au monde, fondée par Louis XIV », se remémore-t-il avec émotion. Mais gravement blessé aux pieds au début de ses années lycée, il laisse de côté les pas chassés. Aujourd’hui, à 21 ans, la danse continue de lui coller à la peau. Dès son entrée à l’Institut d’études politiques de Paris en 2016, l’étudiant est inspiré. Ou plutôt surpris. « Je me suis rendu compte que les arts vivants étaient sous-représentés sur le campus. Je voulais remédier à cette barrière invisible qui semble rendre difficile d’accès l’art et la danse. »

L’art en action

Déterminé, il se rapproche du service audiovisuel de son école. « Le médium audiovisuel est le meilleur moyen d’attiser la curiosité », estime-t-il. Son pari ? Réaliser un documentaire sur la danse… et la politique ! Deux disciplines qui le passionnent, a priori aux antipodes, mais plus proches qu’il n’y paraît selon lui. « La danse et la politique se rejoignent dans l’importance qu’elles accordent au langage non verbal. Les politiciens et les danseurs réalisent des performances corporelles, vivantes et scéniques, face à un public, pour susciter l’adhésion par l’émotion. »

Pour mettre en lumière cette approche comparative, le jeune homme a interviewé 33 personnalités. Des politiques mais aussi des danseurs et des artistes : Aurélie Filippetti, Elisabeth Platel, Pascal Perrineau, Dominique Reynié, Christian Gonon… Il intègre des archives de discours historiques et de ballets célèbres. « Certains hommes politiques ont eu recours à des troupes de théâtre pour se mettre en scène et travailler leur éloquence », nous apprend-t-il. Et filme des scènes dansées dans des espaces publics, à connotation politique, comme la place de la République. Un jeu de regard entre arts oratoires et arts vivants pour ouvrir la discussion.

Cœur à corps

Le nom de ce documentaire ? La Danse Domestiquée. « Chacun cultive son corps, sa manière personnelle de se tenir et de s’exprimer par ses gestes, même inconsciemment. De la même manière que chacun écrit différemment. Même sur scène, quand tous les danseurs suivent la même chorégraphie, chacun a sa spécificité », explique-t-il. Les cours de coaching en école de commerce et en entreprise prouvent aussi l’importance du langage corporel. « Je dis souvent que la discipline corporelle octroie un pouvoir symbolique, la manière dont on se tient dit quelque chose de nous. »

Hauts les corps !

En 1ère année, le projet de documentaire de Sina obtient le statut d’initiative étudiante. Il monte donc une équipe : danseuses, communicants, compositeurs, monteurs… « En 2ème année, j’ai tout repris seul. J’avais toujours accès au bureau audiovisuel de Sciences Po et aux salles de montage afin d’améliorer le film sur les aspects techniques », remercie-t-il son école. Vient alors le Jour J. Le jour de la projection du documentaire sur le campus dans le cadre de la Semaine des arts en 2017. Puis de nouveau en 2018, après le succès rencontré lors de la première. « Les étudiants m’ont dit qu’ils avaient appris plein de choses sur les liens entre danse et éloquence grâce à La Danse Domestiquée. » Pari réussi !

©Noemi Biet

En attendant sa diffusion en ligne, Sina donne un nouvel élan à son documentaire en travaillant avec des acteurs de l’éducation des Hauts-de-Seine. « Je veux mettre en pratique mon documentaire dans les lycées pour faire prendre conscience aux élèves de leurs corps et de leurs postures en cours, en entretien d’embauche et même pendant leurs oraux du bac. Il s’agira de mettre en place des ateliers d’éloquence animés par des artistes de la scène (danseurs, comédiens, chanteurs…) sur des thématiques comme capter un auditoire, maîtriser sa voix, se positionner dans l’espace… » Une initiative pédagogique innovante qui avance pour l’instant sur la pointe des pieds. A suivre !

 

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