Rapprocher les personnes à travers un réseau dense de transports et des solutions de mobilité innovantes, tel est le credo de la SNCF. A la tête de la Direction Financière de SNCF Infra, une des cinq Branches du Groupe, Rémi Peltier (Centrale Lille 87, MBA HEC 90), met son esprit d’ingénieur, sa dextérité de financier et sa passion du ferroviaire au service de la performance d’une structure en pleine réforme. Rencontre.
Quel est votre rôle au sein de la stratégie de SNCF Infra ?
Arrivé dans un contexte économique compliqué, j’ai eu pour mission première de déployer une culture financière différente, en lien avec la responsabilisation des branches en la matière, initiée par la Direction Financière Groupe… Un des premiers chantiers auquel je me suis consacré, fut la qualité de l’information comptable. Le groupe avait connu en quelques mois un changement majeur d’ERP, de modèle de gestion, de points de repère, et SNCF Infra en particulier, des pertes importantes. Puis j’ai travaillé sur la fiabilité de nos prévisions et la montée en « game » du contrôle de gestion, un challenge de taille dans une structure qui regroupe plus de 50 000 collaborateurs et réalise 5,7 milliards de CA, au sein d’une même société. Au-delà de ces deux premiers chantiers majeurs, dans un contexte de relations SNCF Infra – RFF différent de celui qui s’annonce pour 2015, SNCF Infra s’est trouvé dans une situation de recherche de relais de croissance, de baisse du point mort mais également de recomposition de l’actionnariat dans l’Ingéniérie. j’ai pu apporter mon expérience en fusion acquisition et en opération export comme par exemple lors de la recomposition du capital de Systra, la reprise de 50 % d’une société hollandaise spécialiste de la mesure embarquée sur réseaux, dans la création ex nihilo d’une filiale ou dans la prise de participation dans un projet en Chine. Mon expérience de DAF Groupe acquise auprès d’entreprises industrielles cotées en Bourse et à l’international, était donc indispensable pour jouer pleinement mon rôle de challenger de l’opérationnel, de tour de contrôle et de partenaire de confiance de la Direction Générale de la Branche comme de la Direction Financière Groupe…
» Pour un Centralien une formation en gestion est un plus
mais un passage par
les métiers de la production est essentiel pour se confronter
au terrain et connaitre la réalité des opérationnels. «
Un ingénieur dans la finance, un pari osé ?
Tout juste diplômé de Centrale, j’ai passé 3 ans comme conducteur de travaux chez Eiffage à monter des grues et à couler du béton. Avec la volonté de gagner en responsabilités, je me suis tourné vers la gestion. Après 16 mois passionnants de formation continue sur le campus d’HEC à suivre le MBA HEC, l’ingénieur s’était mué en trésorier. Après quelques années très formatrices dans l’audit et le conseil, chez KPMG, je suis revenu dans l’industrie au sein du groupe De Dietrich pour faire ce qui m’anime depuis toujours et qui fait de moi un profil atypique au sein du Groupe, allier technique et finance. C’est au cours de cette période que j’ai découvert l’infrastructure ferroviaire. J’ai parcouru le monde à accompagner les opérationnels. J’ai acheté des entreprises dans des pays très différents, comme l’Inde, la Serbie, la Suède et la France bien sûr. J’ai pu dans cette période participer au LBO sur De Dietrich auprès du Président. Même si basculer dans des fonctions finance constitue une prise de risque, cette double-formation est un vrai plus quand on se projette dans la finance pour l’industrie. Mais il ne faut pas la réaliser trop tôt. Un passage par les métiers de la production est essentiel pour se confronter au terrain et connaitre la réalité des opérationnels.
Vous êtes aussi un manager : sur quels piliers repose votre leadership ?
Déléguer et s’entourer des meilleurs collaborateurs. Aller à leur rencontre le plus souvent possible, les motiver et les accompagner dans leur évolution. Savoir apporter sa touche. La mienne, au-delà de 20 ans de pratique déjà, c’est l’international et la connaissance du métier de l’entreprise.
Un conseil aux jeunes Centraliens qui souhaiteraient suivre votre exemple ?
Déterminez le métier vers lequel vous souhaitez vous orienter. La finance est un écosystème si vaste qu’on peut y faire sa vie mais il ne faut pas s’y perdre. On ne nait pas DAF, on le devient : c’est une fonction qui nécessite de l’expérience et des réflexes. Enfin, n’oubliez pas l’international. Sociétés privées ou établissements publics, on ne raisonne plus national. Voyagez, cela vous offrira le recul nécessaire à votre réussite dans les affaires.
Et demain ?
J’ai toujours pensé que vers 50 ans, je me tournerai vers une fonction de Direction Générale opérationnelle pour capitaliser sur mes expériences. Mais j’ai la chance d’être aujourd’hui au coeur de la réforme ferroviaire qui m’ouvre à des challenges passionnants. On ne voit ça qu’une fois dans sa vie. C’est un projet très complexe. Je suis très impliqué et passionné par ce nouveau challenge de préparation, notamment, de la future direction financière de SNCF Réseau.
Fan de la finance, SNCF Infra est fait pour vous si …
Vous êtes passionné par le ferroviaire, la construction et le développement des réseaux. Si vous savez fouiller dans les chiffres et comprendre l’opérationnel. Si vous voulez vous confronter à des enjeux financiers de haut niveau entre contrôle de gestion pointu, pression de de l’environnement et aléas quotidiens.
CW
Contact : remi.peltier@sncf.fr