Le "tipi" de Jussieu ©Sorbonne Université-P. Kitmacher
Le "tipi" de Jussieu ©Sorbonne Université-P. Kitmacher

« Avec Sorbonne Université nous entrons dans un nouvel univers scientifique et pédagogique ! »

Recherches interdisciplinaires, projets complexes et nouvelles opportunités de collaborations liées à la création de Sorbonne Université,  Pascal Frey, est un chercheur heureux. Le directeur de l’institut des sciences du calcul et des données de Sorbonne Université est très attaché à son institution, une « Maison » où se nouent des relations aussi conviviales qu’épanouissantes au plan intellectuel avec les collègues et les étudiants.

 

Avec Sorbonne Université, l’interdisciplinarité est à l’honneur, une évolution positive pour vous ?

La fusion est un levier pour renforcer nos collaborations interdisciplinaires en sciences dures et engager de nouvelles collaborations avec les sciences humaines. Les perspectives scientifiques, de recherche et pédagogiques sont extrêmement riches et enthousiasmantes.

L’institut des sciences du calcul et des données a été créé il y a quelques années dans cette optique d’interdisciplinarité. Je me félicite donc que nous allions encore plus loin dans cette démarche avec la création de Sorbonne Université. Faire le pont entre les disciplines, rompre les structures verticales de l’université, créer des passerelles, favorise les échanges. Cette ouverture nous permet de mettre nos expertises en modélisation, simulation, calculs numériques, d’analyse, au service de projets et recherches transversales.

Le laboratoire ICS avec toute l'équipe et son directeur Pascal Frey, Ses laboratoires, Portrait de chercheur
Pascal Frey, directeur de l’institut des sciences du calcul et des données © Sorbonne Université – Pierre Kitmacher

Il faut de la souplesse lors d’une fusion, laisser le temps à la culture commune de se forger et se diffuser. Cela passe beaucoup par la réalisation de projets en commun, se connaître et se côtoyer au quotidien ; ce que nous faisons désormais !

Le point sur la naissance de Sorbonne Université avec son président Jean Chambaz, c’est à lire ici

 

Avec quels spécialistes et disciplines travaillez-vous déjà de concert ?

L’irruption de la donnée intervient dans de nombreux champs d’activités : de la recherche à l’enseignement en passant par l’exploration. Elle est un trait d’union interdisciplinaire depuis 2010 environ. Nous avons déposé de nombreux programmes communs avec la biologie, la chimie, les mathématiques, la physique, l’informatique, notamment financés par l’Europe. Depuis deux ou trois ans, en outre, nous travaillons en coopération avec les SHS, l’archéologie, l’histoire, la médecine.

Comment fonctionnent ces collaborations ?

L’institut est tel un cadre qui propose des ressources, stimule des projets, soutient des demandes de financements, monte des équipes pluridisciplinaires de 20 à 30 personnes (chaque chercheur restant rattaché à son laboratoire) pour traiter de problèmes complexes.

Des exemples de projets de ce type ?

Dans le cadre d’une chaire thématique sur la reconstruction faciale, nous travaillons avec des archéologues, des médecins légistes, des anthropologues, des informaticiens, des spécialistes de l’information graphique. L’enjeu : reconstituer des visages à partir de crânes grâce à notre expertise du calcul et de la simulation.

Autre projet avec des équipes spécialistes des humanités numériques sur l’analyse de corpus de textes. Nous utilisons les méthodes informatiques pour fouiller les textes sur le volet « savanturiers ». Par exemple, en croisant des textes de Guillaume Apollinaire et Marie Curie qui parlent de couleurs et lieux, font référence aux sentiments, nous mettons en évidence graphiquement des localisations géographiques.

La démarche interdisciplinaire s’applique aussi à la médecine, dont nous avons la chance d’avoir une faculté au sein de Sorbonne Université. Nous travaillons sur des projets de modélisation, de calculs. Nous avons ainsi renforcé l’analyse de données en génomique grâce à la technique de la blockchain.

Dylan, étudiant en mathématiques, et passionné par sa discipline, partage sa vie de campus

« Je suis très heureux à Sorbonne Université ! »

Quel regard portez-vous sur vos étudiants ?

Nous avons la chance d’avoir un vivier d’étudiants remarquables et « rafraîchissants » !  J’aime beaucoup le voyage que nous organisons depuis 7 ans dans notre station biologique de Roscoff. C’est un séjour très prisé où nous ne pouvons emmener (et inviter) que 35 étudiants venus de toutes les disciplines et pays. C’est l’occasion de repérer des étudiants talentueux pour une thèse, mais surtout un moment à part de leurs cursus et pour les enseignants. J’aurais adoré avoir une telle opportunité lorsque j’étais étudiant !

Et côté enseignements ?

Nous offrons des cours communs depuis plusieurs années. Ainsi des masters sont issus de plusieurs départements comme ceux en archéologie et mathématiques ou sciences et histoire. Ces cours passerelles sont très appréciés des étudiants.

Et demain ?

L’usage de la donnée soulève de nombreuses questions éthiques et juridiques, sur la propriété intellectuelle. Au sein de Sorbonne Université nous allons développer nos collaborations avec des juristes, le département éthique, d’histoire de la médecine, mener des réflexions épistémologiques. La diversité des éclairages sur un sujet d’intérêt commun – la donnée – est un vecteur de progrès incomparable. Nous sommes au bon endroit pour engager des projets enthousiasmants ! Être au sein de la même Maison facilite les relations, la gestion administrative des projets ; nous plaçant de plein pied dans un nouvel univers. Gagnons en souplesse et en réactivité et nous irons encore plus loin !

Sympa le site de Jussieu où vous travaillez ?

Le campus de Jussieu a été entièrement rénové et est très agréable. Il y règne une vraie vie, il y a de nombreuses animations. Ce campus très minéral est enfin ouvert sur la ville, il y a aussi plus de végétaux qu’avant.

Tout y est conçu pour soutenir le travail interdisciplinaire : salles de séminaires, lieux pour héberger les doctorants, post-doc ou ingénieurs des projets, salle de visualisation scientifique et 3D. Les lieux de rencontres informelles sont aussi très importants pour permettre la sérendipité. C’est là, plus que seul derrière son ordinateur, que des projets émergent.