Paris, mai 2019, salon Viva Tech : focus sur l’ambition de la France de porter haut et fort les couleurs de la « start-up Nation ». Les premiers résultats montrent des records de levées de fonds par les jeunes pousses françaises. Mais quels sont les leviers d’innovation dans l’enseignement pour casser les codes et adopter un « life style entrepreneurial » ?
Nicolas Barré, directeur de la rédaction des Echos, soulignait lors du salon « la montée des levées de fonds de jeunes pousses françaises qui à fin avril ont levé 1,43 mrd €, soit 72 % de plus que [l’an dernier sur] la même période » : une statistique prometteuse qui prouve que la création d’entreprise devient aujourd’hui plus facile en France et surtout mieux perçue. Oui, mais… il reste encore du chemin à parcourir pour lever toutes les barrières ! Le challenge des grandes écoles (mais aussi des collèges et des lycées) est d’insuffler l’esprit d’entreprise auprès des jeunes, de développer leur culture entrepreneuriale par le biais de projets innovants, disruptifs… dont les professionnels pourraient être un maillon essentiel !
Entreprendre : une question de savoir-faire ET de savoir-être
Bien qu’au cœur des sciences de gestion, l’entrepreneuriat est une discipline spécifique. Son enseignement doit répondre aux profils à multiples facettes (étudiants, seniors, créateurs, repreneurs…) et à la diversité des projets lancés (économie sociale et collaborative, écologie, tech et deeptech, etc.). Le développement des échanges entre acteurs de l’écosystème entrepreneurial et enseignement contribue à construire des programmes inspirants basés sur la créativité, l’analyse, le leadership… Outre l’introduction de la pédagogie inversée, des innovations pédagogiques telles que les mini entreprises dans les collèges posent les premières briques. Il ne s’agit alors plus d’apprendre à entreprendre mais « d’entreprendre pour apprendre » (EPA).
Innover pour susciter des vocations
L’EM Normandie dispose de plusieurs dispositifs contribuant à susciter les vocations entrepreneuriales. Son incubateur InsIDE[1] accompagne les jeunes pousses de l’idée à la création d’entreprise et a su prouver sa performance depuis son lancement en 2014 ; l’école propose également plusieurs cursus entrepreneuriaux dans le cadre de son Programme Grande Ecole (PGE) et de ses Mastères Spécialisés.
A titre d’exemple, la spécialisation de M2 du PGE Start-up et Développement Numérique forme les futurs entrepreneurs du numérique et ceux désirant intégrer ou accompagner une start-up orientée dans le digital. Ce programme illustre parfaitement le crédo Entreprendre en apprenant à travers notamment son dispositif Orange Innovation Academy (OIA), mis en place avec Orange et ENSICAEN. De la recherche d’une idée innovante à sa conceptualisation, les étudiants de l’EM Normandie travaillent en collaboration avec des élèves-ingénieurs de l’ENSICAEN et des ingénieurs expérimentés d’Orange Labs, des coachs en business, développement d’affaires, informatique, innovation ou encore en design d’expérience. Un dispositif unique en France qui leur permet de développer un double langage et d’acquérir le goût d’entreprendre en se testant sur le terrain.
A la conquête des millennials : mission séduction
Cette année, l’expérience est renforcée par une dotation financière et d’accompagnement grâce au soutien de l’incubateur InsIDE et de la Fondation EM Normandie. La mission, outre les séances de coaching, est également appuyée par des cours professionnalisants et innovants tel que le créathon. Accueillis pendant deux jours hors du lieu d’enseignement traditionnel, les étudiants échangent et étudient des tendances de fond autour d’une problématique imposée. À eux de soumettre alors solutions et plans d’actions concrets. Encadrés par deux experts, chaque équipe expérimente le Design Thinking puis défend sa solution devant la promotion, déployant implication, imagination et innovation.
Voir grand et oser innover
Coopérer est la clé. Ensemble, chefs d’entreprises, accompagnateurs, étudiants, enseignants-chercheurs, ingénieurs, nous devons participer à créer un écosystème favorable pour qu’entreprendre et innover s’inscrivent dans notre ADN et se conjuguent sur notre territoire. L’effervescence ainsi créée nous emmène vers d’autres projets : pourquoi pas celui de faire germer la graine entrepreneuriale encore plus tôt en constituant des équipes « écoliers – étudiants » autour d’un hackathon ?
Marie-Hélène Duchemin PhD, Directrice Académique M2 Start-up et Développement Numérique, EM Normandie
[1] Institut de l’Innovation et du Développement de l’Entrepreneuriat (InsIDE)