Nommé en 2021 dans le classement Forbes Europe des 30 leaders de moins de 30 ans et il y a quelques semaines dans le classement Choiseul des entrepreneurs qui comptent, Alexandre Guenoun, PDG et fondateur de la startup Kiro n’a pourtant pas eu un parcours linéaire pour en arriver là. Alors qu’il vient de remporter le concours ESSEC Founders Day, l’évènement entrepreneurial le plus attendu de l’année à l’ESSEC Business School, il nous livre un témoignage inspirant pour tous les futurs entrepreneurs.
Marseillais d’origine, Alexandre Guenoun déménage à Paris après son baccalauréat pour entamer ses études supérieures, d’abord en prépa avant de passer les concours des grandes écoles en 2012 et de débuter ses études à l’ESSEC où il étudie la finance d’entreprise, la stratégie, les data sciences, etc. Après un passage à Londres et Singapour puis un échange à l’Université de la Bocconi sur la partie innovation, il postule à l’université de Berkeley et l’intègre dans un parcours droit et entrepreneuriat. C’est là qu’il commence à toucher aux sujets d’intelligence artificielle et de santé. « J’ai bossé avec quelqu’un qui travaillait sur le machine learning et la prédiction de la forme des caillot sanguins pour certaines pathologies à partir d’échographies », explique-t-il. Le sujet m’a passionné et à l’issue de mes études à Berkeley, j’ai été en relation avec des anciens du programme qui avaient monté des boîtes dans la santé. Ça m’a ouvert la voie. »
Toujours aux Etats-Unis, il se nourrit de l’émulation américaine et d’un état d’esprit Let’s do it. « Mon grand-père était entrepreneur, je suis issu d’une famille de médecins où on me disait matin, midi et soir qu’entreprendre c’est d’abord apprendre chez les autres, se remémore-t-il. Je suivais de loin des copains de l’ESSEC qui avaient monté leur boîte et je trouvais ce qu’ils faisaient incroyable. »
Une levée de fonds à 13,8 millions d’euros
En 2017, Alexandre décide de rentrer en France, chez lui à Marseille, sa ville natale qu’il avait quitté 10 ans avant. « Les Français sont très bons en mathématiques et en IA et monter son entreprise en France coûte beaucoup moins cher qu’aux Etats-Unis, explique-t-il. Je trouvais aussi cela important pour des questions de souveraineté. » Pendant quelques mois, Alexandre traverse des moments de doute. « Je me suis retrouvé dans ma chambre d’enfant, sans argent (et pourtant c’est le nerf de la guerre pour débuter une entreprise !), avec mes parents qui se demandaient ce que je faisais et moi je ne savais pas par où commencer. » Coup de chance ou coup du destin, l’entrepreneur est alors contacté par ESSEC Alumni Marseille qui le convie à un dîner avec des personnes de l’écosystème marseillais. « A partir de là, j’ai commencé à constituer mon réseau et j’ai mis un an à défricher le monde de l’entreprenariat, comprendre l’écosystème, mettre la machine en marche. » C’est son incubation à Agoranov, un incubateur parisien, qui met un coup d’accélérateur à son projet.
Il monte alors sa startup Kiro avec laquelle il a levé, en mars 2023, 13,8 millions d’euros. « Notre mission est d’améliorer les interactions entre les laboratoires, les professionnels de santé et les patients, pour leur permettre d’aller plus loin dans leur prise en charge grâce aux nouvelles technologies et à l’Intelligence Artificielle, explique-t-il. Concrètement, nous analysons les informations fournies par les résultats des analyses de sang pour aider aux patients à suivre l’évolution de leur santé, mieux la comprendre et permettre aux médecins de prendre les meilleures décisions. » Aujourd’hui, l’entreprise suit plus de 150 000 patients uniques tous les mois et a communiqué en tout plus de 27 millions de comptes-rendus pour 5 millions de patients au total. « Cela nous place comme l’une des premières plateformes de biologique médicale en Europe, assure Alexandre. Nous redonnons leur lettre de noblesse aux laboratoires médicales qui sont au centre du parcours de soin, en leur permettant de fournir les meilleurs services possibles. »
« Je n’ai qu’un conseil à donner : persévérez »
Si Alexandre Guenoun ne devait donner qu’un conseil aux jeunes qui souhaitent entreprendre, ce serait : « Persévère ». « J’ai été très inspiré par le discours de Marc Zuckerberg aux diplômés d’Harvard. Il dit deux choses : d’abord que s’il avait démarré Facebook en découvrant tous les problèmes qu’il allait avoir, il n’aurait jamais commencé. Je suis tout à fait d’accord : ce qui est le plus difficile c’est de se lancer. La deuxième chose c’est le sens du purpose. En tant que jeunes, nous vivons de plus en plus dans un monde qui n’est pas évident et on a le droit de vouloir avoir un impact. Cela m’amène à la seconde partie du discours de Marc Zuckerberg qui raconte l’histoire d’un employé qui balaie tard le soir dans les locaux de la NASA et qui répond : « J’aide à envoyer un homme sur la Lune » lorsqu’on lui demande ce qu’il fait si tard dans l’entreprise. C’est vraiment le sens même de la mission pour moi. Enfin j’aimerais partager une dernière leçon. Mon grand-père disait : « la plus grosse fierté dans l’entrepreneuriat c’est de permettre aux enfants le soir de Noël de recevoir des cadeaux grâce au salaire des parents généré par la valeur que la société crée. Et c’est ce qui me rend très fier moi-même dans mon entreprise à quelque semaines de Noël. »