Camille et Ambre, 23 ans et toutes deux étudiantes à HEC Paris, sont rentrées cet été d’un tour de France… Sur le Champ ! Pendant 9 mois, elles ont partagé le quotidien de 11 agriculteurs, propriétaires de fermes particulièrement innovantes. Une expérience qu’elles partagent sous forme de reportages vidéo, mis en ligne sur la plateforme d’Edouard Bergeon et Guillaume Canet, Cultivons-Nous.tv. Elles nous racontent.
Comment est né votre projet dans les fermes, Sur le Champ ?
Camille. Nous avions déjà une sensibilité pour le monde agricole. Ambre a créé un potager participatif sur le campus de HEC, par exemple. Nous nous sommes aussi rendues compte par nos lectures que le milieu agricole n’était pas assez valorisé, que beaucoup de paysans n’arrivaient pas à vivre de leur métier et que parfois, la filière agricole au lycée est choisie par défaut alors que c’est un métier très noble. Nous avons voulu apporter notre pierre à l’édifice en tendant notre micro et notre caméra à ces héros du quotidien qui nous nourrissent.
De quelle manière les avez-vous rencontrés ?
Ambre. Nous sommes parties de l’idée que le meilleur moyen de les comprendre était de s’immerger chez eux, dans leur métier. Dans chaque ferme, nous avons alors travaillé aux côtés des agriculteurs, que ce soit des éleveurs de vaches laitières, des boulangers, maraichers, arboriculteurs… Cela nous a permis de comprendre leur métier et à quel point celui-ci était technique et subtil.
Vous avez choisi des fermes innovantes. Racontez-nous.
Camille. C’est très vaste comme sujet et nous avions envie de voir toute sorte d’innovations. Nous les avons donc catégorisées : innovations environnementales, techniques, technologiques, sociales, humaines…
Des exemples ?
Dans les modes de culture d’abord. Nous avons rencontré un éleveur qui s’est mis à l’agriculture de conservation des sols (une troisième voie à l’agriculture biologique et conventionnelle). Cela repose sur plusieurs piliers : non labour des sols, permanence d’un couvert végétal, rotation très poussée des cultures…
Au niveau humain ensuite. Nous avons visité un ESAT, qui n’emploie que des travailleurs en situation de handicap psychique. L’idée est de les faire travailler sur plusieurs ateliers (conserve, cuisine, ferme, maraichage biologique…). C’est une autre vision de l’agriculture qui sert de tremplin d’occupation et donne un sens, une valorisation de leur travail.
Au niveau innovation technique enfin, nous avons découvert le modèle de l’aquaponie. Un mode de culture en symbiose entre élevage de poissons et maraichage hors sol. Tout est sous contrôle, le matériel est très technique, c’est un peu la ferme du futur.
Parlez-nous de votre quotidien dans les fermes.
Camille. Nous avions des journées très remplies, avec des réveils matinaux. Nous avons par exemple géré seules toutes les traites dans un élevage de chèvres. Nous aidions à la fromagerie et nous partions en livraison en total autonomie.
Ambre. Vivre leur quotidien, sans filtre a donné une vraie teinte au projet. Nous étions logées à la même enseigne qu’eux. Le but était aussi de mériter notre gite et notre couvert. C’était important de leur être utiles dans leur quotidien, de leur rendre quelque chose. Nous étions dans l’action, le reportage venait finalement dans un second temps.
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Justement, parlez-nous de la partie reportage.
Camille. Ambre s’occupait de la partie recherches et derushage et on filmait toutes les deux. On a appris sur le terrain !
Ambre. J’avais la fibre vidéo mais à un niveau super amateur. Nous avons été accompagnées par Edouard et les monteurs professionnels qui nous ont fait énormément progresser. Le rendu est super, et on n’aurait jamais pu arriver à ce résultat-là sans eux. Toutes les vidéos sont à voir sur CultivonsNous.tv.
Quel bilan tirez-vous de cette expérience ?
Ambre. Elle m’a confortée dans l’idée que je voulais aider à la transition agricole. Mais maintenant, il faut trouver sa place, voir à quel maillon de la chaine s’impliquer. C’est un vrai projet de vie, un métier épanouissant et un mode de vie de qualité, mais aussi très astreignant qui sédentarise beaucoup. C’est compliqué d’affirmer maintenant que je serai agricultrice, mais il y a aussi de la place à créer dans des projets d’entreprises, dans des associations qui mettent en musique ces initiatives sur le terrain et essayent de valoriser ces métiers, créer de nouvelles filières, améliorer les modes de vente, faire venir les produits fermiers aux citadins, etc. Il y a beaucoup à faire entre le monde du bureau et le monde paysan.
Camille. Au départ, on pensait qu’on allait surtout filmer des innovations mais, finalement, c’est l’humain qui a pris le dessus. Nous avons noué des liens à vie avec eux, beaucoup de couples d’agriculteurs pleuraient quand on partait. Nous avons été adoptées dans chaque famille et chaque départ a été difficile. Personnellement, je me suis beaucoup épanouie à travailler en extérieur, être au contact de la terre, produire quelque chose de mes mains pour manger. C’est très valorisant et je m’imagine bien avoir une ferme. On ne se lance pas à 23 ans mais c’est un objectif.
La suite ?
Camille. En parallèle des reportages et des podcasts que nous avons réalisés avec le média Business of Bouffe, nous préparons un livre. Une sorte de journal de bord pour partager la manière dont nous avons vécu cette expérience de l’intérieur.
Pour suivre l’immersion d’Ambre et Camille dans les fermes et Sur le Champ :
Tous les épisodes sont visibles sur la chaine CultivonsNous.tv.
Retrouvez l’expérience d’Ambre et Camille sur Instagram & LinkedIn
Podcast sur Business of Bouffe