José Gulino Grand Maître du Grand Orient de France
José Gulino Grand Maître du Grand Orient de France

Sur les traces du Grand Orient de France

Spécial président(e)s

 

Comme disait notre frère Goethe, « On ne voyage pas pour arriver mais on voyage pour vivre sa route. »

José Gulino Grand Maître du  Grand Orient de France
José Gulino Grand Maître du Grand Orient de France

« Les affaires » qui secouent assez régulièrement la franc-maçonnerie ne portent-elles pas préjudice à son image ?
Les affaires portent toujours préjudice mais nous avons pris les mesures nécessaires ; désormais, tout membre du Grand Orient mis en examen est immédiatement suspendu puis exclu par notre chambre de justice maçonnique s’il se trouve condamné par la justice.

 

On vous compare quelquefois à une secte…
Dans une secte, on y entre facilement et on en sort très difficilement. Dans la maçonnerie, il est plus difficile d’y entrer que d’en sortir. Nous sommes donc à l’opposé des sectes car chez nous, la liberté constitue la valeur essentielle.

 

Le Grand Orient est-il de gauche ?
Dans la population du Grand Orient, on trouve sociologiquement une majorité de frères ayant une sensibilité de gauche mais nous ne demandons jamais leur appartenance politique à ceux qui veulent nous rejoindre, excepté concernant le Front National.

 

Le montant de la cotisation n’est-il pas dissuasif ? Constituant ainsi un frein
à l’entrée de certaines catégories socioprofessionnelles ?
La cotisation ou capitation est de 170 euros/an ce qui n’est pas excessif. Si un Frère a des difficultés, nous proposons des mécanismes de solidarité interne qui permettent de monter des dossiers d’aide. Nous poussons les loges à s’ouvrir à toutes les catégories socio-professionnelles pour éviter l’élitisme mais je reconnais que c’est une difficulté réelle car les personnes, peu diplômées, ont du mal à franchir le pas en raison de leur fragilité. Il est vrai que sur ce thème, nous n’avons pas bien réussi ces dernières années.

 

Le fait qu’un apprenti doive rester un an sans parler dans une société de communication comme la votre ne relève-t-il pas de l’exagération ?
Le temps maçonnique n’est pas le temps de la société ni des médias. J’estime, au contraire, que c’est une école formidable qui vous permet de mieux vous positionner par la suite dans la société. Se taire, développe un sens de l’écoute indispensable à la formation du franc-maçon. Cela nous permet d’être un laboratoire d’idées et de réfléchir sur plusieurs mois, voire plusieurs années.

 

Les symboles, tenues vestimentaires, titres et cérémonies, ne relèvent-ils pas du passé ?
Un symbole ne constitue pas une fin en soi ; c’est un outil et certainement pas une clé cabalistique. Du point de vue vestimentaire, une évolution existe ; si dans les loges, on n’arrive pas en bermudas et en tongs !… Les tenues sophistiquées avec nœud papillon ont quasiment disparu ; toutefois, il existe toujours une forme de correction. Au sein des 5 rites que nous proposons, les titres et les grades revêtent, il est vrai, des appellations très anciennes.

 

Un scoop !
La laïcité étant le principe essentiel du Grand Orient de France, nous avons obtenu de François Hollande la promesse de constitutionnalisation de la loi de 1905 concernant la laïcité.

 

La guerre au « veau d’or » ?
J’ai une approche personnelle d’une laïcité « financière ». Si les hommes ont obtenu la liberté politique puis la liberté religieuse, j’estime maintenant qu’il existe un pouvoir financier qui contraint les hommes. Quand un gouvernant invoque la finance pour justifier qu’il ne peut pas agir, c’est une forme de privation de liberté. La finance est anonyme, on ne peutmettre aucun visage dessus, c’est abstrait. L’Etat, la République doivent reprendre le pouvoir et ne pas se laisser imposer des décisions inacceptables.

 

« La franc-maçonnerie, c’est la connaissance de soi-même. »
Elle est difficile à acquérir pour un jeune. Nous nous construisons par le regard de l’autre. D’ailleurs, il est à signaler que le Parlement britannique a imité le placement des loges en face à face. Cette attitude structure l’esprit. Nous considérons que toute amélioration de soi-même entraîne sa projection dans la société. Notre constitution précise que nous sommes là pour améliorer l’homme et la société.

Patrick Simon