LES FEMMES SONT 55 000 DANS LES ÉTUDES SCIENTIFIQUES ET TECHNIQUES CONTRE 78 000 HOMMES. LEUR NOMBRE A PROGRESSÉ D’UN PETIT 2,5 % EN 3 ANS. QUELS SONT MESSAGES ET LES ACTIONS QUI PERMETTRAIENT D’AUGMENTER LA MIXITÉ DANS LES MÉTIERS TECHNIQUES ?
SUSCITER L’INTÉRÊT
L’association Elles Bougent a été créée il y a 9 ans pour susciter des vocations scientifiques et techniques chez les jeunes filles, pour l’égalité dans la formation, l’orientation et le travail. Le principal levier à actionner est pour sa présidente Marie-Sophie Pawlak « de donner envie ! » Lors de ses JPO, l’UCP fait venir les recruteurs de ses diplômés pour ouvrir les perspectives des lycéens. « La clé est de les intéresser, car l’intérêt génère la motivation », confirme Marie- France Breton, directrice des enseignements de l’UFR Sciences et Techniques. L’UCP porte aussi ce message auprès de collégiennes et lycéennes, afin de déclencher l’envie en amont du processus d’orientation.
LEVER L’AUTOCENSURE
La parité est respectée jusqu’en Terminale S. C’est après que le déséquilibre se creuse. Les filles sont 4 fois moins nombreuses que les garçons à s’orienter vers une école d’ingénieurs, et plus une école est haut dans le classement, moins elles s’y présentent. « Elles s’autocensurent, se dévalorisent et se découragent », résume M-S. Pawlak. Un des problèmes réside dans une forme d’autocensure des filles. « Elles se disent : ce métier n’est pas pour moi et je ne me reconnais pas dans ce métier », analyse Claire Munier, professeur en sciences de l’ingénieur. Cette posture souligne un manque d’information. « Les lycéennes nous confirment qu’elles ne connaissaient pas les métiers et pensaient qu’ils étaient masculins. » A l’UCP, l’orientation genrée est traditionnelle comme le constate M-F. Breton. « Les filles optent pour la biologie ou la chimie, et les garçons les maths ou la physique. Il est donc important de faire tomber les stéréotypes auprès des deux populations pour favoriser la mixité. »
LA FORCE DU TÉMOIGNAGE
En 2013, l’UPSTI a lancé conjointement avec Elles Bougent un nouvel évènement : Les sciences de l’ingénieur au féminin. L’objectif : faire témoigner des femmes ingénieurs, techniciennes et des étudiantes en filières scientifiques et techniques, devant des jeunes filles. « 28 lycées ont participé et 200 femmes sont venues témoigner devant 2 000 jeunes filles. Nous renouvelons et étendons l’opération le 20 novembre 2014. Il est parlant pour les jeunes filles quand une femme ingénieur leur dit : je m’épanouis et ne passe pas mes journées les mains dans le cambouis ! » Elles Bougent privilégie la venue des jeunes filles dans l’entreprise. « Nous avons 1 200 marraines ingénieurs. Il est important d’incarner la diversité des métiers et surtout d’arrêter dès lors que l’on veut représenter une femme ingénieur, de lui coller un casque sur la tête et un chalumeau dans la main ! Il faut jouer sur l’identification, leur présenter des femmes en qui elles peuvent se reconnaître et se projeter ; leur montrer qu’elles sont des femmes “ normales “. »
CASSER LES IMAGES STÉRÉOTYPÉES
M-F. Breton insiste sur l’importance de passer des messages concrets, faisant le lien entre les aspects techniques et les métiers. « Ce qui rebute les filles est plus le mot technique que le mot scientifique. Pour elles exercer un métier technique c’est être debout derrière une machine. Elles sont attirées par la biologie, or le geste technique en laboratoire est très répétitif, tout autant qu’en usine. Elles choisissent médecine pour la relation humaine, or travailler à la mise au point de nouveaux matériaux est un travail collaboratif. Pour déconstruire ces stéréotypes, il faut communiquer sur le contenu, le vécu des métiers techniques, dire que la conception est indissociable de la construction. Or, on met trop souvent en avant uniquement cette seconde phase qui attire moins les filles.»
http://www.lessiaufeminin.fr/
http://www.ellesbougent.com/
http://www.u-cergy.fr/fr/ufrsciences-et-techniques.html
A. D-F