Bientôt les vacances ? Que vous hésitiez encore entre plage et montagne ou entre France et Europe, les professionnels du tourisme vous attendent ! Des professionnels du tourisme qui gardent la crise Covid et ses impacts dans leurs pensées, malgré un certain optimisme pour la saison 2021. Alors tourisme et crise Covid : back to basics ou 100 % disruption, quelles sont les grandes tendances qui se démarquent pour cet été… et les suivants ? L’analyse des enseignants-chercheurs d’Excelia.
Car le tourisme est loin d’être un sujet anecdotique en France, le pays le plus visité au monde, avec plus de 89 millions d’arrivées de touristes internationaux en 2018. Au 3e rang mondial en termes de recettes, l’Hexagone se place ainsi juste derrière l’Espagne et les Etats-Unis (55,5 milliards € en 2018). La consommation touristique intérieure atteignait même 7.4 % du PIB français en 2018. Mais ça… c’était avant. Selon le Bilan touristique 2020 de l’INSEE, au cours de l’année 2020, les nuitées hôtelières ont baissé de 50 %. La fréquentation a toutefois repris durant la période estivale dans les hôtels, les campings et autres hébergements, atteignant les trois quarts de son niveau de l’été 2019. La fréquentation des campings a même atteint 84 % de son niveau de l’été 2019. Quant aux chiffres 2021, l’incertitude demeure.
Quand le tourisme traverse la crise Covid
Car même si le tourisme a déjà traversé bien des crises depuis 1950 (crises économiques, crises de sécurité, « effet 11 septembre »…) le secteur a su les compenser rapidement. Mais une crise sanitaire mondiale de cette ampleur est un phénomène nouveau qui pousse les experts d’Excelia à envisager plusieurs scenarii de sortie de crise, dépendant de sa durée et de son intensité, mais aussi du comportement individualiste ou communautariste des consommateurs.
De fait, en cas de crise superficielle et rapide, le business as usual et le tourisme de masse devraient vite reprendre leurs droits. En revanche, en cas de crise longue et profonde la concentration des acteurs et le manque de main d’œuvre engendrés devraient transformer les modèles. Des transformations d’autant plus profondes si les consommateurs venaient à s’inscrire durablement dans une démarche plus « communautariste » (RSE, respect de l’environnement, consommation de voyages locale, plus réfléchie, volonté de voyager utile, de compensation de son empreinte carbone…), les transformant en « consommacteurs » et en « touristacteurs ».
Tourisme et crise Covid : les tendances à suivre
Si l’incertitude est donc de mise, quelques tendances et indicateurs se distinguent et s’avèrent indispensables à suivre.
#1 Le recrutement des clients
En matière de tourisme, la guerre entre les plateformes et les acteurs traditionnels est totale, voire même fratricide entre plateformes. Mais la crise Covid a-t-elle pour autant redistribué les armes ? En matière de distribution hôtelières en tout cas, les plateformes sont devenues un réflexe pour beaucoup de consommateurs. « Ces spécialistes du design experience ont l’expérience client dans leur ADN. Avant même l’attractivité des prix, leur principal atout réside dans leur facilité d’utilisation. Pour un touriste lambda utiliser une plateforme c’est avoir la promesse du meilleur prix et d’une hyper praticité d’utilisation. Bien sûr, il existe des plateformes durables et alternatives mais un touriste non militant n’a clairement pas le réflexe d’y aller, car généralement aiguillé par Google » indiquent les experts d’Excelia.
#2 La sur fréquentation
Si la réouverture des terrasses, des restaurants et la possibilité de retourner vers de nombreuses destinations étaient plus qu’attendues, l’appel d’air ainsi créé pose le risque de leur surfréquentation, et donc de retours négatifs. Mais aussi d’une certaine réassurance, les touristes chinois plébiscitant des destinations très fréquentées (et donc rassurantes) par exemple. La vraie question qui se pose alors aujourd’hui est celle de l’organisation des flux et de la régulation de la fréquentation pour toucher les touristes tout en conservant la qualité de vie des habitants de ces zones plébiscitées.
#3 Les territoires secrets
« S’il fallait retenir un point positif de cette crise, ça serait la prise de conscience collective que le tourisme, c’est du sérieux ! Il représente de l’emploi, une part non négligeable du PIB et donc une opportunité pour les territoires méconnus ou jugés non attractifs. De fait, certains ont tendance à sortir l’artillerie lourde à grands coups de promotion… même si cela ne fonctionne pas toujours. » Ainsi les « chèques vacances tourisme » distribués aux Français à l’été 2020 par certains territoires ruraux n’ont pas tous trouvé preneurs. Car « quelles que soient les offres promotionnelles, le touriste reste souverain, on ne peut jamais lui imposer une destination. Explorer des territoires secrets, pourquoi pas, mais il faut avant tout que la destination réponde à une réelle attente » insistent les experts d’Excelia.
#4 Les robots et technologies intelligentes type IA
Si les réseaux sociaux ont pris une grande ampleur dans le secteur touristique, ce n’est pas le cas de toutes les technologies. Car il faut « une valeur perçue de la technologie. Le consommateur ne veut pas d’un robot s’il ne voit pas tout de suite ce qu’il apporte. Ce qui explique par exemple qu’ils ne soient pas très usités dans l’hôtellerie, où on attend du rapport humain et de l’empathie ». Les robots sembleraient en revanche avoir plus d’avenir dans la restauration où existent davantage de tâches programmables. Mais attention, l’objectif de leur utilisation ne doit jamais être oublié : ils doivent enrichir ou supplémenter l’activité des salariés, pas la remplacer.
Le phénomène qui monte : l’empowerment des backpackeuse.
Une étude menée actuellement par des enseignants-chercheurs d’Excelia et de SCBS s’intéresse à l’expérience du tourisme en solitaire et du renforcement du pouvoir, de l’autonomie et de la capacité d’agir des femmes adeptes du backpacking. Alors même que le tourisme en sac à dos se développe chez le public féminin, comment cette expérience peut-elle renforcer l’empowerment ? Cela se jouerait d’abord en amont, via la recherche d’informations sur les réseaux sociaux. Les femmes y chercheraient d’abord des informations en lien avec la recherche d’autonomie, de soutien et de sécurisation du voyage puis, sur la construction spatiotemporelle de leur voyage (quoi voir, comment maîtriser son budget…). Car selon ces travaux, les femmes expriment un besoin d’informations très précises qu’elles ne trouvent pas ailleurs. Et même si elles arrivent à les trouver ailleurs, elles ont tendance à plutôt croire leurs pairs. De même, alors que les backpackeuses utilisent moins les réseaux sociaux pour raconter leur expérience en direct, elles y sont plus actives au retour, pour partager les freins et les blocages arrivés qu’elles ont pu rencontrer et faire preuve de mentorat. »
>>>> Pour aller plus loin : Tourisme et crise Covid : en 2020 les professionnels étaient déjà sur le pont !