Ingénieures au féminin
Les femmes sont encore trop peu nombreuses à s’engager dans les formations ingénieures surtout dans le domaine des transports. Pourtant, elles ont leur rôle à jouer au sein des entreprises. Les industriels souhaitent en recruter davantage : meilleur équilibre au sein des équipes et plus grande efficacité sont en jeu. Les femmes ont aussi un rôle à jouer dans la construction des solutions aux enjeux actuels de la mobilité : davantage de femmes à des postes clefs du secteur contribuerait à l’émergence de solutions innovantes pour répondre aux défis sociaux, économiques et environnementaux que nous avons à relever.
Le monde des transports a une image très masculine pour diverses raisons à la fois symboliques et culturelles : attrait pour la puissance des voitures, symboles de virilité, goût de la mécanique attribué aux garçons, passion de la vitesse, etc. Mais ce monde change : il est passé d’un modèle dominé par la production d’objets industriels (les voitures, les trains, les avions…) à un modèle de services où l’enjeu est de répondre, avec de plus en plus de contraintes à la demande de mobilité, qu’elle concerne des personnes ou des marchandises. Les métiers d’ingénieur ont donc évolué, ils se sont diversifiés, ils intègrent aujourd’hui autant l’appréhension de solutions technologiques que des enjeux de compréhension des besoins de la société.
Les femmes représentent 50 % de la population, elles jouent un rôle majeur dans l’expression des besoins de mobilité. De part leur mode de vie actuel, elles sont même parfois davantage confrontées que les hommes à l’aspect multiforme de ces besoins. Leur présence en plus grand nombre dans les équipes des bureaux d’études, des comités de direction et des conseils d’administration, permettra d’accélérer l’évolution culturelle de la filière industrielle. Cela favorisera l’émergence de solutions innovantes dont notre société et notre industrie ont besoin. C’est ainsi que les entreprises du secteur des transports cherchent aujourd’hui à recruter davantage de femmes ingénieures. Cette tendance répond aussi à une constatation : la mixité favorise un meilleur équilibre au sein des équipes. Sans entrer dans des stéréotypes, on peut dire que les femmes ont souvent une approche plus concrète et complète des problèmes posés, elles n’ont pas la même relation au pouvoir, elles facilitent souvent le travail en équipe. Le développement de la présence des femmes dans les équipes, de même que la multicuturalité, dans les groupes projets conduit indéniablement à une plus grande efficacité de travail et davantage de créativité. Il est donc essentiel de vaincre certains stéréotypes pour susciter de nouvelles vocations pour les métiers de l’ingénierie chez les jeunes filles. Dans une école d’ingénieurs comme l’ESTACA, spécialisée en aéronautique, automobile, ferroviaire et spatial, les étudiantes sont encore minoritaires. Pourtant elles réussissent très bien, elles sont très impliquées dans la vie de l’Ecole, avec leurs camarades masculin, et semblent s’épanouir dans leurs études. Les entreprises les recrutent en priorité après l’obtention du diplôme. Il faut qu’elles soient plus nombreuses à franchir le cap…
Laure de Grave, étudiante en 4e année à l’ESTACA
Pourquoi avez-vous choisi des études pour devenir ingénieure en aéronautique ?
Les avions me font rêver depuis longtemps, j’ai toujours eu envie de comprendre comment ces appareils pouvaient voler ! Aujourd’hui je vois aussi que c’est un secteur en pleine mutation, il faut trouver de nouvelles technologies pour répondre aux problèmes de pollution, de réduction de la consommation énergétique. J’ai donc l’impression que mon métier sera utile à la société dans laquelle vivront les générations futures. C’est très stimulant et motivant.
Est-ce difficile d’être une fille dans un milieu plutôt masculin ?
Je pense que c’est un atout plus qu’une difficulté ! On est repéré plus vite mais du coup cela nous ouvre des portes. Par exemple lors de mon stage de 1ère année chez un équipementier aéronautique, nous n’étions que deux filles au milieu de 150 garçons, et tout le monde venait nous chercher pour nous montrer les nouveautés, les choses intéressantes qui se passaient dans l’entreprise. Je suis sûre que c’est plus facile pour une femme que pour un garçon de se construire un réseau. Après, il faut parfois savoir faire ses preuves car sur le plan technique, certains pensent qu’on ne sera pas à la hauteur mais avec une bonne formation, on a les même compétences.
Et à l’ESTACA c’est facile d’être une fille ?
J’avais quelques appréhensions avant d’intégrer l’école, j’arrivais de province, je me retrouvais seule à Paris dansune école avec une majorité de garçons. Mais dès la première semaine, j’ai été complètement rassurée. Le Bureau des Elèves avait tout mis en oeuvre pour que chacun trouve sa place et que jamais personne ne se sente différent ou isolé. Il y a un esprit de solidarité entre les élèves et filles ou garçons finalement on ne fait plus trop la différence.
Pascale Ribon,
Directrice Générale de l’ESTACA