Pour vous l’hiver sonne l’heure de la raclette, du chocolat chaud et du ski alpin dans la poudreuse ? Et bien pour d’autres, ça rime avec dépassement de soi. Nage en eau glacée, escalade sur glace, saut à l’élastique à ski, plongée sous la glace, parapente à ski, freeride : les sports extrêmes c’est LA tendance de l’hiver 2025 pour celles et ceux qui n’ont pas froid aux yeux… ni au corps. Attention, sensations fortes.
Non, les sports d’hiver extrêmes ne se cantonnent plus aux Winter X Games, ces rassemblements annuels où snowboardeurs et skieurs de l’extrême ont l’habitude de se retrouver. Ils sont même en pleine démocratisation, comme en atteste l’entrée de disciplines comme le slopestyle et le Half-pipe de faire leur entrée aux JO d’hiver depuis 2014.
Et les sports d’hiver extrêmes n’ont pas de limites : de nouvelles disciplines apparaissent tous les ans. Parmi elles, la nage en eau glacée. Le principe : une course de natation classique… mais dans une eau dont la température ne doit pas dépasser les 5 degrés, et sans combinaison bien sûr ! Un challenge aussi bien physique que mental relevé par Zoé Ducret, championne du monde du 100 mètres brasse en eau glacée en 2023 et diplômée de MBS. « Nager dans une eau si froide donne une sensation de de brûlure ou de piqure. Quand on entre dans l’eau, il faut réussir à se calmer, à ralentir son rythme cardiaque et à reprendre son souffle. C’est une sensation difficile à expliquer et très éprouvante. À chaque fin de course, je me dis que ce sera la dernière, mais l’adrénaline me fait y retourner à chaque fois. » Autre sport en pleine expansion : l’escalade sur glace. Le principe ? Grimper des parois entièrement gelées. Un sport bien plus compliqué que l’escalade classique, comme l’explique Juliette Bergman, membre de l’équipe de France et ancienne étudiante de Grenoble INP. « On utilise des piolets et des crampons, des outils tranchants. Il faut donc non seulement veiller à sa propre sécurité, mais aussi à celle des personnes en dessous de nous. »
Des disciplines découvertes au hasard
Deux disciplines que Juliette et Zoé ont découvert un peu par hasard. « Je faisais de la natation classique et Jacques Tuset, un spécialiste de la natation en eau glacée qui s’entrainait à côté de moi, m’a demandé si je voulais compléter son équipe à laquelle il manquait une personne. J’avais beaucoup d’appréhension, mais poussée par le goût du challenge, j’ai dit oui » raconte Zoé. Quant à Juliette, c’est poussée par ses amis, qu’elle s’est inscrite à une initiation. « Je pratiquais l’escalade et on m’a presque forcée à essayer lors d’un festival dans le Vercors. J’avais des préjugés, mais j’ai été encadrée par un membre de l’équipe de France. Je me suis prise au jeu, et de fil en aiguille, je me suis retrouvée en équipe nationale. »
Une préparation autant physique que mentale
Pour réussir dans ces disciplines, une préparation minutieuse est indispensable. « Aujourd’hui, je m’entraîne surtout sur des rochers et je réserve l’escalade en cascade pour le plaisir. L’entraînement consiste à recréer les conditions de la compétition. En début de saison, on travaille principalement sur la résistance et la rapidité des mouvements, c’est un vrai travail de précision » confie Juliette. Pour Zoé, la gestion du froid est encore plus cruciale. « Je m’entraîne toute l’année dans une piscine classique, et dès que l’hiver approche, je passe à la mer ou aux rivières pour m’habituer aux conditions de compétition. Il est important de poser son cerveau et d’oublier la température de l’eau, tout en évitant l’hydrocution. En compétition, on a seulement dix secondes pour entrer dans l’eau, il faut donc être prêt physiquement et mentalement. » Bien que ces sports semblent inaccessibles au commun des mortels, Zoé encourage tout le monde à les tester. « Cela demande un sacré goût du défi, mais il ne faut pas hésiter à se lancer. Même une simple immersion permet de prendre le contrôle de soi, et cette capacité est utile au quotidien et dans les études. » Et Juliette d’ajouter, « ce sport m’a apporté confiance et connaissance de moi-même, des atouts précieux dans la vie de tous les jours. »
Des étudiantes en équipe de France
En parallèle de leur carrière sportive, Juliette et Zoé poursuivent leurs études. Zoé vient tout juste de décrocher son diplôme de MBS, un véritable défi à concilier avec ses entraînements. « Entre mes cours, mon alternance et mes entraînements, je devais chaque année prendre un moment de réflexion à la rentrée pour voir comment tout organiser. Finalement, avec un peu de planification et beaucoup de volonté, j’ai réussi à tout faire. » Juliette, de son côté, a pu compter sur le soutien de la fondation de Grenoble INP. « Je pratique un sport confidentiel, il y a bien une fédération (la FFCAM) mais elle ne s’investit pas autant financièrement que dans d’autres sports et c’est aux athlètes d’organiser seuls leurs déplacements. Grâce à la fondation, j’ai pu financer plus facilement mes déplacements et mes compétitions. J’ai aussi bénéficié d’un statut de sportive de haut niveau, avec un emploi du temps aménagé. Sans cela, je n’aurais pas pu tout gérer. »