Vous voyez grand !
Réputé pour ses bons mots, l’écrivain anglais Oscar Wilde écrivait que « la sagesse, c’est d’avoir des rêves suffisamment grands pour ne pas les perdre de vue lorsqu’on les poursuit ». Alors quel est donc ce rêve suffisamment grand que vous avez-vous, futurs jeunes professionnels ? L’étude annuelle de TNS Sofres auprès des grandes écoles révélait dans son édition 2014, que les étudiants commerciaux rêvent spontanément de pouvoir intégrer de grosses entreprises telles que Google, LVMH ou des boîtes de consulting telles qu’E&Y ou PricewaterhouseCoopers. Les étudiants ingénieurs préfèrent être recrutés par de grosses entreprises, telles Airbus, EDF, Safran, Total ou Thales, qui ont une belle image. Avec plusieurs milliers de collaborateurs et plusieurs millions d’euros de chiffre d’affaires, vos rêves d’étudiants semblent en effet bien grands. Mais on peut légitimement se demander, si trop rêver ou rêver trop grand n’augmente pas le risque de déception une fois que vous êtes confrontés ensuite à la réalité du terrain.
L’entreprise où il fait bon travailler
Pourtant, très récemment l’institut « Great Place to work » a publié son classement annuel des 62 entreprises dont les salariés révèlent une véritable satisfaction au travail. Ces entreprises sont réparties en 22 entreprises de plus de 500 salariés (telles Davidson consulting, Decathlon, Kronenbourg, Kiabi…) et 40 entreprises de moins de 500 salariés (telles Accuracy, Octo Technology, Blablacar, Colombus Consulting…). Chose étonnante, dans le classement des plus de 500 salariés, on n’y retrouve aucune de vos grandes entreprises préférées que nous avons citées plus haut. Que faudrait-il en déduire, car bien souvent ces entreprises travaillent à l’amélioration de leurs conditions de travail ? Google, première de vos entreprises préférées, est en effet réputée pour son style de management atypique.
Les caractéristiques du job idéal
En tant qu’enseignant, lorsque j’interroge mes étudiants sur les caractéristiques selon eux du « job de rêve », les réponses affluent sans différer d’un groupe à l’autre : une bonne équipe, un travail avec de l’autonomie et des activités variées, un travail qui a du sens, une mobilité à l’international, une bonne rémunération, une certaine liberté avec des horaires souples, de la reconnaissance, de la créativité… Toutes ces réponses pertinentes relèvent moins du job idéal que des conditions nécessaires au bien-être et à la motivation d’un collaborateur dans son travail que le professeur-chercheur Hertzberg, théoricien des motifs de satisfaction au travail, ne démentirait pas.
Alors ?
Voilà donc de réels paradoxes qui nous interrogent sur ce à quoi vous rêvez en tant qu’étudiants. Vous répondez presque de manière contradictoire selon que l’on vous interroge sur l’entreprise dans laquelle vous souhaiteriez être embauchés ou que l’on vous interroge sur le job de rêve. Qu’en penser : êtes-vous trompés sur les conditions de travail dans les très grandes entreprises ? Ou bien sacrifiez-vous vos rêves sur l’autel du conformisme social ? Ou bien encore, êtes-vous persuadés que les deux sont irréconciliables ? Ces questions que je vous pose sont volontairement provocantes pour que vous puissiez tout simplement vous ouvrir le « champ des possibles » : et si vous candidatiez au job de vos rêves ?
Par Maxime Jore,
enseignant-chercheur à Novancia Business School Paris