Le quasi plein emploi chez les ingénieurs, ce n’est pas une fake news. La preuve dans la dernière enquête menée par Ingénieurs et Scientifiques de France (IESF). Avec un taux de chômage exceptionnellement bas (3.3 %, un des plus faibles jamais enregistré), les ingénieurs sont les fers de lance de l’emploi en France.
Une communauté active… et nombreuse ! On comptait en 2018 plus de 1 085 000 ingénieurs (soit + 3 % / an en moyenne) dont 40 000 nouveaux diplômés. Parmi eux, beaucoup d’hommes mais malheureusement encore trop peu de femmes, même si les chiffres évoluent. En effet, alors qu’on compte aujourd’hui 21 % d’ingénieures en moyenne, elles sont 28.5 % dans la promotion 2018. Plus nombreuses… et plus jeunes. Avec un âge médian de 35 ans, elles devancent leurs homologues masculins de 6 ans.
Signe que le profil ingénieur a le vent en poupe : ils sont 126 000 à avoir été recrutés ou à avoir créé leur emploi en 2018 (soit 1 000 de plus qu’en 2017), avec une création nette de 25 000 emplois. Dans quels secteurs ? Si les sociétés de services ont poursuivi leur progression (+ 9 %), les embauches dans l’industrie se sont stabilisées au-dessus de 40 000, après une hausse déjà significative en 2017. Les autres activités tertiaires et autres secteurs industriels (BTP, électricité, eau, agriculture) continuent aussi à attirer les ingénieurs avec respectivement 39 000 et 17 000 recrutements en 2018.
Côté salaires ?
Là encore, record pour les ingénieurs. Débutant généralement à 23 /24 ans avec un salaire médian annuel s’élevant à 35 000 € bruts / an, ils atteignent généralement les 100 000 € à l’aube de la retraite. Soit un salaire brut médian de 18 % supérieur à celui des cadres et deux fois supérieur à celui de l’ensemble des salariés. Des rémunérations confortables qui vont de pair avec des statuts stables et challengeants. Ainsi, 97 % des ingénieurs sont cadres, en CDI ou fonctionnaires (pour 94% d’entre eux). Par ailleurs, 56 % exercent des responsabilités hiérarchiques dont ¼ des moins de 30 ans et 2/3 des plus de 50 ans. Girl power rime avec manager : 45 % des femmes ingénieures sont responsables d’équipes. 31 % des ingés exercent également des responsabilités à l’international.
Une situation au beau fixe qui ne doit pas pour autant faire oublier l’écart conséquent qui subsiste entre hommes et femmes. Alors que le salaire brut médian des ingénieures françaises s’élève à 49 700 €, celui des hommes frôle les 60 000 €.
Cherche ingés désespérément Sur un marché de l’emploi déjà en tension, certains profils sont particulièrement recherchés. Les ingénieurs d’études, les ingénieurs en systèmes d’information et, dans une moindre mesure, les chefs de projet restent ainsi les plus belles perles rares. Preuve du manque d’ingénieurs en France : 15 % des recruteurs ont déclaré avoir rencontré des difficultés sur l’ensemble des profils. Des difficultés plus particulièrement récurrentes pour les sociétés de services.
Vers l’ingénierie et au-delà
Qu’on se le dise, les ingénieurs ont la bougeotte. S’ils sont 32.5 % à exercer en Ile-De-France et 52 % à exercer en province (Auvergne-Rhône-Alpes, Nouvelle Aquitaine et Occitanie sont sur le podium), 15.5 % ont fait le choix de l’étranger. 136 000 ingénieurs évoluent donc aujourd’hui hors de nos frontières. Leurs destinations chouchous ? La Suisse, les Etats-Unis et l’Allemagne. Des fans de la mobilité, au sens large. Même s’ils ne partent pas parcourir le monde, 70% des ingénieurs ont connu un changement d’emploi ou de poste ces 5 dernières années et même 25 % en 2018.
D’autres ont une façon différente d’aller plus loin. En se dirigeant vers la recherche par exemple. Plus de 17 000 ingénieurs préparent une thèse dont 800 hors contrat doctoral ou en dehors d’un cadre professionnel. Si le doctorat mène généralement à des carrières liées à l’innovation, la recherche ou les études, il offre des parcours moins rémunérateurs mais plébiscité pour la satisfaction professionnelle qu’ils apportent à celles et ceux qui se lancent dans l’aventure. Parallèlement, ils sont 9 500 à poursuivre leurs études. Via un double cursus notamment. Près de 40 % des ingénieurs sont en effet titulaires d’un double diplôme de niveau supérieur ou égal à Bac +5. Leur Top 3 ? La gestion, le management et le marketing, trois disciplines associées à des carrières plus rémunératrices.
Quand technique rime avec éthique L’éthique individuelle et les valeurs des entreprises : ça compte pour les ingénieurs. 73 % des ingénieurs déclarent ainsi justifier le refus d’agir pour des convictions personnelles dans le cadre de l’entreprise, 17 % la divulgation de données confidentielles et 15 % la transgression d’un contrat de travail.