Actuel directeur délégué d’EM Normandie, Elian Pilvin prendra officiellement la succession de Jean-Guy Bernard à la tête de la business school normande le 1er février prochain. Quels sont les dossiers qui l’attendent sur son bureau pour sa première année de mandat de DG ? Rencontre.
Un pur produit made in Normandie. Havrais pur souche, diplômé de l’EM Normandie (alors Sup de Co Le Havre) en 96, initiateur d’une association d’alumni ressuscitée par l’institutionnalisation de la cotisation à vie, serial entrepreneur dans la région, ancien directeur marketing et relations entreprises, puis directeur du développement des opérations et membre du Comex de l’école : Elian PIlvin a l’EM Normandie dans le sang ! Aujourd’hui futur directeur général de l’école, il est passé de l’autre côté du miroir de l’enseignement supérieur… et ça lui plait.
Elian Pilvin prendra la tête de l’EM Normandie le 1e février 2020 – Crédit A L’Image Près
D’abord « surpris par l’intensité concurrentielle du secteur et la puissance de feu des écoles », il apprécie particulièrement « cette capacité à se projeter et à développer des modèles innovants. L’enseignement supérieur revêt aussi une forte dimension politique, il y a un vrai jeu institutionnel à comprendre mais il n’y a pas pour autant de frein à l’imagination. Preuve en est avec notre campus d’Oxford : une opportunité s’est présentée, on l’a lancée et on a transformé l’essai ! »
Parmi les autres essais en passe d’être transformés cette année :
#1 Les campus
Du nouveau du côté du campus historique ! A la rentrée 2020, les élèves de l’EM Normandie arpenteront un tout nouveau campus avec vue sur la mer. « Un bâtiment extraordinaire avec un look d’enfer ! Un lieu digitalisé, propice aux rencontres et aux nouveaux usages pédagogiques » prévoit Elian Pilvin.
Du côté de Paris, les indicateurs sont aussi au vert. « Ouvert en 2015 pour s’aligner sur le positionnement de nos deux principales concurrentes (l’IESEG et l’ESSCA) déjà présentes dans la capitale, il s’est bien développé depuis. A l’origine focus alternance, il propose depuis 2017 l’ensemble de notre offre de formation. ». Une même dynamique appliquée à Oxford, permettant aujourd’hui aux étudiants de naviguer entre les campus dans le cadre de mobilités annuelles.
A l’EM Normandie et nulle part ailleurs
« Je n’aurais pas été le directeur d’une autre école ! Quand Jean-Guy Bernard a annoncé son départ, j’ai postulé car je savais qu’il y avait encore de belles pages à écrire dans l’histoire de l’école. Et ça me plaisait de participer à cette grande aventure collective avec mes idées et mon envie, dans la continuité du travail formidable réalisé par Jean-Guy.15 ans après son arrivée, l’école présente deux accréditations internationales et un portefeuille de programmes parmi les meilleurs en France et à l’étranger. Fier, j’ai aussi pleinement conscience des responsabilités et des défis qui sont devant moi. Je suis serein, déterminé et conscient des enjeux. »
#2 Réfléchir à la proposition de valeur de l’école
Un objectif moyen terme particulièrement challengeant. « Les grandes écoles sont dans une sorte d’injonction paradoxale : on leur demande toujours plus… avec toujours plus de contraintes. Mais le marché n’est pas extensible et la logique concurrentielle devient agressive alors que ce qui nous pilote c’est la responsabilité morale et éthique de ce qu’on vend aux élèves et à leurs parents. Dans un système parfois nébuleux où on ne fait plus la différence entre des combinaisons de formations complexes, il nous appartient d’être clair. C’est pour cela que nous avons choisi de ne pas multiplier les programmes mais plutôt d’enrichir ce qui fait notre force : notre PGE » affirme Elian Pilvin.
#3 Poursuivre le développement de l’alternance
Et pour assoir son image de marque sur ce marché concurrentiel, l’EM Normandie compte sur une autre carte maitresse : l’alternance. « Avec 921 contrats signés cette année (soit 54 % d’étudiants alterants), nous faisons partie des écoles les plus performantes en la matière. Une fierté bien sûr, doublée de véritables avantages pour les élèves concernés : lutte contre la paupérisation des étudiants (grâce au versement d’un salaire et au règlement des frais de scolarité par l’entreprise accueillante) et construction d’un bagage très solide de savoir-faire, de savoir-être et de savoir-vivre. »
Des chiffres qui encouragent l’école à voir l’alternance dépasser les frontières. « Notre ambition : monter le Tinder de l’alternance à l’international », annonce Elian Pilvin pointant l’implication des entreprises auprès des alternants de l’école. « Quand elles les emploient sur leurs sites internationaux, elles n’hésitent pas à leur payer des allers-retours réguliers pour venir suivre les cours à l’école une semaine sur 4. Même quand ils sont très loin, comme pour cet élève qui travaille actuellement à Dubaï ! ».
#4 Penser philo
A plus long terme, le futur DG souhaite approfondir une réflexion philosophique sur les grandes écoles. « Si rien ne change, le modèle actuel des business schools mènera à leur perte d’ici 10 ans, car ses enseignements ne sont pas assez larges par rapport aux enjeux des années à venir. » Triste constat avant de prendre ses fonctions ? « Super challenge au contraire ! « Bouleverser la formation, approfondir cette dimension utilité sociale, apporter un bagage aux étudiants pour qu’ils soient capables de prendre des décisions qui impacteront positivement le monde : quoi de plus motivant ? » interroge Elian Pilvin.
Une dimension sociale indissociable d’une dimension techno et digitale. « Si les managers de demain ne sont pas capables de comprendre les technologies qui sous-tendent leur business model, ils ne seront que des faiseurs au service de ceux qui ont la maîtrise technique ». La guerre des clans entre business schools et écoles d’ingénieurs est donc déclarée ? « Non bien sûr, mais les business schools doivent impérativement réfléchir à intégrer de la technique fondamentale dans leur contenu de formation », conclut Elian Pilvin.
Happy new year !
Une bonne résolution pour 2020 ? « Fan de la première heure de la mouvance électro et marié à une harpiste professionnelle, j’aime travailler en musique. Je vais essayer d’insuffler ça à l’école ».
Un souhait pour cette nouvelle année ? « Faire un bel emménagement au Havre… et pour ça, j’ai déjà le casque de chantier sur la tête ! »