Outil révolutionnaire de lutte contre la pauvreté, Prix Nobel puis blâme ; que vaut vraiment le microcrédit ? Huit étudiants de l’ESCP Europe vont se pencher sur la question en effectuant une mission sur le terrain auprès de 60 femmes micro-entrepreneurs.
Un microcrédit est un prêt de faible montant attribué à des personnes qui étaient jusqu’ici considérées comme non solvables et donc exclues du système bancaire classique. Il ne s’agit pas de prêts à la consommation, mais de fonds injectés dans une entreprise ou dans un commerce artisanal. Le programme s’est tellement développé à travers le monde, y compris dans les pays du Nord, qu’il a réunit, en seulement trente ans, plus de 150 millions de micro-entrepreneurs. 85 % d’entre eux sont des femmes. En 2006, le fondateur du microcrédit Muhammad Yunus et la banque spécialisée qu’il a fondée, la Grameen Bank, recevaient le Prix Nobel de la Paix. Pourtant des failles ont fait irruption dans le système, comme l’a tragiquement révélé aux yeux du monde les suicides de plus de trente clients de la banque indienne SKS Microfinance. Ils avaient accumulé trop de prêts pour pouvoir assumer leurs dettes. Les détracteurs du microcrédit se sont mis à le fustiger.
C’est dans ce contexte que Women Take The Micro a été créée, considérant qu’il était primordial d’aller chercher des réponses auprès des bénéficiaires eux-mêmes pour ne pas renoncer à ce qui pourrait bien être une révolution sans égale dans la réduction de la pauvreté. Leurs objectifs répondent au besoin grandissant des micro-entrepreneurs en accompagnement professionnel et à la nécessité d’instaurer un dialogue abouti entre les micro-entrepreneurs et les Institutions de Microfinance.
En se rendant dans trois pays du « Sud », ils complèteront l’apport financier obtenu via le microcrédit par un apport en compétences. Dans chaque pays, vingt clientes d’institutions de microfinance ont ainsi accepté d’être suivies et aidées par l’association pendant six mois. L’apport en compétences est nécessaire pour que les femmes micro-entrepreneurs gèrent mieux et pérennisent leur entreprise. L’acquisition de savoir et de savoir-faire en gestion, en finance, en comptabilité et en management permet probablement aussi de parachever la logique d’empowerment des femmes formulée par les fondateurs de la microfinance.
En parallèle, Women Take The Micro veut échanger avec ces femmes, les écouter et prendre en compte leurs revendications, leurs idées et leurs opinions. En favorisant une démarche d’introspection, l’association entend faire évoluer à une échelle locale le fonctionnement de la microfinance vers plus de transparence. Le but est de déceler les pistes d’améliorations et de faire coopérer les Institutions de Microfinance dans l’instauration de nouveaux services, en donnant enfin la parole aux principales intéressées.
Cette initiative reflète la volonté de toute une nouvelle génération de jeunes étudiants en écoles de commerce qui veulent mettre à profit leurs compétences pour œuvrer en faveur d’un développement économique et social plus juste.
Pour en savoir plus sur le projet de Women Take The Micro, n’hésitez pas à les contacter directement ou à participer à leur prochain évènement, « La Journée de la Microfinance » qui se tiendra le 25 avril au sein de ESCP Europe. Vous pouvez aussi vous renseigner et les soutenir sur leur site : wwww.womentakethemicro.com
Chloé Schemoul
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wwww.womentakethemicro.com